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TOULON : RSMed – François de CANSON : « La force de l…

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TOULON : RSMed – François de CANSON : « La force de la Méditerranée vient de ses territoires »

Forte de la réussite de la première édition des Rencontres Stratégiques de la Méditerranée (avec plus de 1500 visiteurs), la FMES renouvelle l’expérience les 9 et 10 novembre à Toulon au Palais Neptune avec le soutien de la Fondation pour la Recherche Stratégique.

En 2023, les RSMed ce sont 13 tables rondes, 14 Chefs d’Etat-major français et étrangers, 14 pays représentés, près de 60 intervenants (des militaires, des industriels, des chercheurs, des diplomates, des étudiants…).

4 focales orientent les débats :
Les tables rondes des Chefs d’Etat-major
Les recompositions géopolitiques
Les ruptures technologiques
Les défis sécuritaires transverses

L’objectif reste inchangé : identifier les game changers qui contribuent à la recomposition du monde.

Intervention RSMed de François de Canson
9 novembre 2023
Rencontres stratégiques de la Méditerranée
Palais Neptune à Toulon

Il est important aujourd’hui de saluer l’existence au cœur de notre territoire de l’institut FMES, véritable think tank dédié à la Méditerranée, au Moyen-Orient et également à l’Afrique ;

Souligner qu’il s’agit d’une structure d’excellence par la qualité des études produites mais aussi une structure stratégique et désormais indispensable à l’écosystème politique, économique, académique, de Défense et de sécurité de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur ;

La Région et le président Muselier sont à vos côtés depuis 2017, soyez assurés de la considération qui la nôtre à votre endroit.

Ces rencontres Stratégiques tombent dans une période charnière de notre histoire…

Une période où le mot Guerre revient dans nos quotidiens d’Occidentaux non comme une notion lointaine tant historique que géographique … mais comme une réalité voisine, palpables.

Le 4 mars 2022, quand pour la première fois le mot guerre a été prononcé dans notre hémicycle régional aux côtés de Roberta Metsola nous étions tous un peu hagards et suspendus aux analyses de l’époque qui nous donnaient ce conflit comme clos en quelques jours.
Nous revenaient les poèmes ânonnés dans notre enfance et que nous avons fait répéter à nos enfants, petits-enfants, leur chipant leurs crayons de couleurs pour finir les dessins sur les pages blanches de leurs cahiers …

Liberté ce poème résistant de Paul Éluard « Le dormeur du Val » d’Arthur Rimbaud, où il fallait arriver au dernier vers pour comprendre que nous étions à la bataille de Sedan, Victor Hugo, Robert Desnos et tant d’autres…

Tous avec leurs mots nous rappelaient ce que l’aviateur Saint Ex disait fort bien,  » que la guerre n’est pas une aventure « .
C’est l’épreuve d’une vie.
Merci à l’ensemble des corps armés ici représentés pour leur engagement hors norme.

Le monde se polarise et connaît une accélération des mutations géopolitiques comme jamais il n’en a connu.
L’ensemble des grands équilibres que nous connaissions depuis plusieurs décennies volent en éclats les uns après les autres.
Et nous nous retrouvons pris dans une réalité internationale qui n’a jamais été aussi complexe car protéiforme et constituée de crises simultanées.

Alors que le concept même de guerre froide semblait enterré et dédié aux livres d’histoire, la Russie se dresse en ennemi de l’Occident.
Alors qu’Israël avançait dans un processus d’Abraham de normalisation avec le monde arabo-musulman, le Hamas sonne la fin de l’utopie.
Etouffée par ces conflits majeurs ultra médiatisés, l’Arménie vit à bas bruit le plus grand des chaos qu’elle n’ait jamais connu, désormais amputée de la République du Haut-Karaba avec l’exode de plus de 100 000 personnes sans aucun espoir de retour, elle tremble pour son intégrité territoriale à venir face à des azéris qui ne semblent pas forcément enclins à en rester là.

Un dénominateur commun, des démocraties agressées.
Nous assistons à un recours de plus en plus décomplexé à la force par des puissances toujours plus nombreuses ne cachant pas leur volonté de défaire un ordre international dont elles contestent la légitimité s’attaquant souvent à un concept qu’on pourrait résumer dans le mot Liberté.

Qui plus est ces trois crises sont liées entre elles par des soutiens et aides aussi croisés qu’antagonistes. Chacune déclenche des réactions dans les opinions, qui pèsent sur l’agenda politique international mais aussi national et local. Chacune nécessitera l’intervention de médiateurs extérieurs, ce qui va rebattre les cartes de la géopolitique mondiale.
Ces 3 tragédies se tiennent dans un contexte géopolitique recomposé et aux ressorts inédits :
– le découplage Chine-Occident,
– des catastrophes naturelles démultipliées qui exacerbent les tensions,
– la multiplication de Swing States aux intérêts souvent partagés,
– ce sur fond de surenchère à l’autosuffisance économique, d’impératifs de sécurité énergétique et d’insécurité alimentaire exacerbée.
Merci à la FMES de nous offrir ces temps de réflexions, d’échanges et de confrontations de points de vue pour acquérir quelques clefs de lecture indispensables, pour nous acteurs et décideurs politiques d’une région euro-méditerranéenne par essence.

5 rives, une mer en partage, un effet grossissant sur chaque sujet…
Ce bassin de vie riche de plusieurs millénaires, creuset des civilisations et des trois religions monothéistes,
Où le concept fût grec, le droit romain, la magnificence byzantine, la puissance ottomane, l’harmonie italienne, la rébellion catalane, la liberté française, et l’éternité égyptienne.
Et où, au fond, le vivre ensemble est une obsession de chaque instant… ce bassin doit se penser en lieux de coutures et non de ruptures.
C’est l’obsession du président Muselier, travailler sur ce qui rassemble, sur les traits d’union, sur les challenges que nous avons à remporter ensemble. Cela et rien d’autre.
Aussi depuis 6 ans, nous organisons la Méditerranée du Futur, 40 délégations de toute la Méditerranée qui viennent parler de leurs défis communs : ce fut la jeunesse, l’innovation, l’investissement, la santé, les risques naturels, la souveraineté alimentaire, ou le mois dernier l’eau.
Nous cultivons ici une conviction profonde.
Une idée neuve, une vision différente : La force de la Méditerranée vient de ses territoires.
Elle dépend aussi de nos régions, de nos gouvernorats, de nos wilayas et unions de municipalité.
Unis et rassemblés, les territoires de Méditerranée peuvent écrire leur histoire ensemble.
D’aucuns parlent de multilatéralisme par le bas, c’est une diplomatie des territoires, qui – en respectant toujours les lignes des diplomaties d’État – savent souvent trouver les voies pour avancer et maintenir un dialogue.
Avec la force des territoires, et des puissances locales, qui font le dernier kilomètre de l’action publique, toujours au profit de solutions concrètes. Avec cet optimisme de combat nécessaire pour régler les problèmes du quotidien, de nos concitoyens, du plus basique au plus fondamental.
Enfin, et demain vous avez une intervenante dédiée… la solution doit aussi passer par l’Europe.
Nous avons besoin d’une Europe forte qui s’assume, et de chercher un horizon politique de sortie.
La stabilité de la région, le retour à la normalisation au-delà des réponses sécuritaires et implacables face aux groupes terroristes doit s’atteler à une réponse politique, bâtie sur un horizon.
La lutte contre le terrorisme doit aller de pair avec la recherche de la paix.
L’Europe en la matière a un puissant rôle à incarner, et à ne pas déléguer.
L’Europe par sa naissance s’est placée à l’avant-garde de la marche de l’Histoire, construite pour sa paix intérieure et pour pacifier ses relations extérieures. Qui mieux qu’elle peut porter ce message et sa réussite depuis le discours de Schumann en 1950 ?
Il lui faut simplement changer de méthode et s’accepter comme puissance géopolitique capable de faire bloc sur des valeurs de cohésion, capable de porter l’enseignement du comment  » détendre l’élastique du lance pierre  » par le récit collectif.
La guerre en Ukraine a affirmé cette nouvelle dimension géopolitique à l’Europe, avec un besoin urgent de relance économique, de montée en puissance militaire et d’agilité diplomatique.
La manière dont l’Union souhaitera se positionner sur la scène mondiale et le type de réponse géopolitique qu’elle apportera face aux bouleversements actuels influenceront pour longtemps la perception que nombre de ses partenaires internationaux nourriront à son égard.

C’est la raison pour laquelle, ici en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, nous plaçons l’Europe au cœur de nos dispositifs, nous la faisons vivre sur les territoires.
C’est une des clefs de stabilité.
Je vous souhaite un excellent colloque, des échanges riches, libres et décomplexés, je vous souhaite d’être les graines et les semeurs de solutions de paix et de stabilité.

Photo PRESSE AGENCE.