TOULON : 3ème édition des Rencontres Stratégiques de la M…
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TOULON : 3ème édition des Rencontres Stratégiques de la Méditerranée
La troisième édition des Rencontres Stratégiques de la Méditerranée / Strategic Mediterranean Dialogue, en partenariat avec la FRS, a lieu les 8 et 9 octobre 2024.
Fortes du succès des précédentes éditions, les RSMed 2024 ont pour objectif de croiser les regards des opérationnels, du monde académique et des industriels de défense afin de décrypter les grands enjeux internationaux actuels au profit de la réflexion stratégique. Les 8 et 9 octobre 2024, de nombreux experts français et internationaux sont réunis au Palais Neptune à Toulon, pour la troisième édition des Rencontres Stratégiques de la Méditerranée (RSMed) / Strategic Mediterranean Dialogue, organisée en partenariat avec la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS).
Durant deux jours, ce sont plus de 2 700 visiteurs, une cinquantaine d’intervenants, 15 pays représentés par des chercheurs, diplomates, journalistes, chefs d’état-major, industriels, ingénieurs et étudiants qui participent à ces rencontres.
L’intervention de François de Canson, vice-président de la Région Sud :
Pourquoi les RS MED sont importantes aujourd’hui et ici à Toulon, dans la Région Sud et au bord de la Méditerranée ?
Chaque mot doit être pesé au trébuchet. En deux mots : Rester unis.
Peut être avant tout rappeler les invariants, invariants que Renaud Muselier a rappelés hier lors des commémorations du 7 Octobre à Marseille.
Israël est engagé dans une guerre existentielle, c’est le même sujet pour l’Ukraine. Le même sujet pour l’Arménie face à l’Azerbaïdjan, mais le chahut des voisins du Sud couvre le drame qui s’est tenu dans le Haut Karabah sans aucune assurance que les velléités expansionnistes azéries s’arrêtent là. Tous trois font face à une même réalité de base, à un fait générateur commun: Des démocraties agressées. Et là, sur Israël, il faut être clairs, que l’on soit d’accord ou pas avec la politique portée depuis des années par Netanyaou, le 6 octobre 2023 Israël ne bombardait pas Gaza ce sont bien les actes posés le 7 octobre 2023 par le Hamas qui constituent le fait générateur avec les réactions en chaîne que l’on connaît. Tout comme aujourd’hui, un an après, il est difficile de concevoir la paix tant que le Hamas n’a pas libéré les otages ou restitué les dépouilles.
Pour couper court à toute surinterprétation ou extrapolation de ces propos, je serai clair : aucune mort n’est acceptable et l’ensemble de l’embrasement de cette rive de la Méditerranée est une tragédie malheureusement répétée.
Ces trois pays possèdent des trésors que nous avons en partage, fragiles et à sauvegarder, des trésors civilisationnels, notre liberté face à divers « obscurantismes » ne cachant pas leur volonté de défaire un ordre international dont ils contestent la légitimité. C’est en cela que nous sommes concernés au premier chef.
Quelle conséquence ? Depuis un an, nous devons faire le deuil du tenu pour acquis, nombre de certitudes s’effondrent.
Fête, musique, festival : 1 200 morts, 251 personnes enlevées. C’est la fin de la vision idéalisée d’Israël en ultime refuge sécure. Pour les observateurs internationaux, depuis plusieurs années Israël était rentré dans un processus de normalisation de ses relations avec ses voisins musulmans via les accords d’Abraham, là encore fin de l’utopie. Mais au-dessus de tout, ce que nous pensions enterré depuis la fin de la seconde mondiale rejaillit, non les horreurs des années 40 ne sont pas toutes éradiquées, les pulsions de déshumanisations sont toujours là.
Avec de réelles répercussions dans l’hexagone :
– La première répercussion est une flambée de l’antisémitisme,
+300 % d’actes antisémites au 1er semestre 2024
+1000% si on compare aux années 90
6 cas sur 10 sont des atteintes aux personnes
13% de ces actes antisémites ont lieu en milieu scolaire.
– Une répercussion plus politique qui est celle d’un double message brouillé.
Alors que la gauche est quand même caractérisée globalement par une posture laïque et dreyfusarde ; on a un peu perdu le fil lors des dernières élections quand la gauche classique républicaine n’a pas trouvé la clef pour s’opposer aux discours antisémites de sa frange la plus révolutionnaire.
Le RN se posant alors en miroir de cette extrême gauche ouvertement antisémite, se posant en défenseurs de la cause juive, réinventant leur paradigme.
Donc tenir ces RS Med fait sens, aujourd’hui plus qu’hier, en France, en région Sud et à Toulon en particulier. D’où j’ai une pensée particulière pour les marins partis au large du Liban qui après 4 guerres avec Israël depuis 1978, l’explosion du port, l’effondrement financier de leur pays, et sans gouvernance doit absorber le déplacement d’un million de personne (1/5 de sa population). Tenir ces RS Med Fait sens car croire en l’espérance quand tout va bien est chose aisée, défendre l’espoir et la fraternité quand ça va mal est un tout autre challenge.
Et si aujourd’hui ici ensemble on ne parle pas de paix alors que le sujet n’a jamais été aussi brûlant. Alors quand le ferons nous ? Qui le fera à notre place ?
Alors pour toutes ces raisons, il était important que vous mainteniez et ouvriez cet événement à un public renouvelé.
Quelles pistes dans vos compétences pour surmonter ces tensions, fractures et la vulnérabilité qui se généralisent dans la région méditerranéenne et au sud de l’Europe ?
A l’échelle d’un exécutif régional, avec à sa tête un ancien secrétaire d’état aux affaires étrangères, pro européen.
Dans nos compétences à l’échelle de la Région :
Rassurer et asseoir le sentiment de sécurité de nos habitants et visiteurs, la Région investit chaque année 10 millions via Région Sud Région Sure pour notre sécurité dans ses territoires : caméras, matériel pour nos forces de l’ordre, bornes d’appel d’urgence.
Création d’un plan de lutte contre la radicalisation, l’embrigadement, le complotisme et pour l’affirmation des valeurs de la République :
– Formation de 6 000 agents et 4 000 entreprises à la détection de signaux faibles de radicalisation.
– Partenariat avec le Camp des Milles pour nos lycéens.
– Devoir de mémoire rappelé cette année via les cérémonies du 80ème anniversaire du débarquement et des libérations.
– Criblage de toutes les associations sollicitant une subvention auprès de la Région et signature obligatoire d’une charte des valeurs de la République.
En construction le dispositif « Région Sud Fraternité » assemblée consultative, espace de dialogue interreligieux en région.
A l’échelle euro-méditerranéenne :
L’idée n’est pas de se substituer au régalien des Etats, ni à la diplomatie française.
Cependant, en complémentarité il est important de développer ce que certains appellent une diplomatie par le bas, une diplomatie des territoires régions, wilayas, gouvernorats… une diplomatie du dernier kilomètre autour de points de couture, de ce qui rassemble, des sujets qui font sens autant en région sud, qu’à Alexandrie, à Haïfa, ou dans le Lori…
Alors parlons de trois temps forts :
– Depuis 2017 nous organisons chaque année Méditerranée du Futur, regroupant une 40ne de territoires de la Méditerranée, la commission européenne, l’Union pour la Méditerranée…autour de sujets en partage, avec des livrables concrets.
– Nous accueillons le plus gros évènement diplomatique depuis ces 10 dernières années, le congrès des océans UNOC porté par l’ONU, à Nice en Juin 2025. Il y aura un pavillon entièrement dédié à la Méditerranée et une journée entière le 10 juin pour la Méditerranée.
– Il n’a échappé à personne que dans les commissaires européens à venir se niche une nouvelle commissaire à la Méditerranée Mme Suica, nul doute que nous pourrons avancer plus vite sur le sujet de macro région méditerranée avec elle.
Dans tous les cas, il va falloir aussi avoir le courage des mots et des thèmes, au-delà du consensuel indispensable car il fait sens entre protection des posidonies et politique de réutilisation des eaux usées, il faudra le courage de dire ce qui n’a pas marché dans le processus de Barcelone, poser clairement les sujets d’enjeux migratoires, d’accueil, de place de la femme, de la place du fait religieux dans les sociétés, de la voix d’une nation laïque et ne pas se faire confisquer le débat juste parce que ces débats sortent des zones de confort habituelles.
Il n’y a qu’au travers de ces efforts de vérité et de lucidité que le sujet de la Méditerranée pourra aussi avancer. Et ces rencontres sont parmi les lieux idéaux d’échange et d’exposition, d’écoute…
Je ne saurai terminer sans une touche positive, car non tout ne va pas mal et si la guerre s’écrit au présent, l’histoire s’accélère et rien n’est écrit.
3 OU 4 TABLES RONDES PAR THÈME, RÉPARTIES SUR 2 JOURS DE DÉBATS
- L’Afrique au coeur des stratégies d’influences : les recompositions géopolitiques dans la bande sahélo-soudanaise
- Conflits au Moyen-Orient : quel tournant ?
- Rivalités des grandes puissances : une redéfinition des rapports de force
- Quelle union européenne face au réveil géopolitique du monde ?
- Surveillance maritime : quelles menaces ? Quelles opportunité
- La dissuasion française face aux nouvelles menaces : enjeux, défis et évolutions
- Economie de guerre et réindustrialisation : quelles implications pour l’industrie de défense face au retour des conflits de haute intensité ?
- Secteurs énergétiques en Méditerranée : un lieu de riavlité d’influences des puissances ?
- Souveraineté économique et enjeux de puissance : quelle stratégie et quel modèle pour la France ?
- Lutte d’influence et manipulation de l’information : quels enjeux pour 2024, super année électorale ?
Enjeux politiques et stratégiques
- Quelle politique de défense française face à la fracturation du monde ?
- La jeunesse face à la guerre : perceptions, réactions, engagements
- La guerre se rapproche. Regards de ceux qui en ont la charge