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PARIS : Victoire populiste aux Pays-Bas, spécificité nation…

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PARIS : Victoire populiste aux Pays-Bas, spécificité nationale ou paradigme européen ?

La tonalité générale des commentaires qui ont suivi les dernières élections néerlandaises du 22 novembre 2023 a été celle de la surprise devant la large victoire du parti d’extrême droite, le PVV (Partij voor de Vrijheid « Parti pour la liberté ») de Geert Wilders.

Avec 23,5% des voix et 37 sièges sur 150, il a connu un succès sans précédent dans son histoire.

Ce résultat s’explique en partie par le retrait de la vie politique des trois grands leaders de la coalition sortante, à commencer par celui de Mark Rutte, au pouvoir depuis treize ans, ainsi qu’aux aléas d’une campagne à rebondissements et au contexte tant national qu’international, marqué par la crise moyen-orientale.

Mais il traduit aussi des tendances perceptibles depuis l’entreprise populiste de Pim Fortuyn. Il confirme la droitisation de l’électorat et la désaffiliation à l’égard des partis. Il renvoie à des évolutions sociopolitiques majeures : la crainte d’une immigration de masse dans un pays surpeuplé ; les mécomptes d’une transition écologique accélérée perçue comme punitive ; la crise de la gouvernance et de la représentation ainsi que le clivage entre les Somewhere et les Anywhere, mis en évidence par David Goodhart.

Même si la formation d’une nouvelle coalition s’avère très difficile, le centre de gravité de la politique néerlandaise s’est déplacé : ce qui, vu le poids économique et diplomatique de ce faux petit pays de 18 millions d’habitants, membre fondateur et cinquième puissance économique de l’Union, aura des conséquences importantes à Bruxelles.

Plus encore, le cas néerlandais pourrait bien illustrer les deux grands dilemmes présents partout en Europe : celui des progressistes pris entre, d’un côté immigration de masse et transition écologique et de l’autre, maintien de l’État-providence et du pouvoir d’achat des catégories modestes. Mais aussi dilemme des populistes dont l’agenda souverainiste est mis au défi par l’attachement des Européens aux grands acquis de l’Union et par les conséquences de la politique agressive de Moscou.

Christophe de Voogd,

Professeur affilié et chercheur associé au Centre d’Histoire de Sciences Po, Président du Conseil scientifique et d’évaluation de la Fondation pour l’innovation politique.

SOURCE : Fondation pour l’innovation politique – La Newsletter du 30 avril 2024