Avez-vous entendu parler des Alpha Schools, ces classes dans des écoles aux Etats-Unis qui fonctionnent uniquement avec l’IA et qui annoncent triomphalement obtenir des résultats extraordinaires moyennant 40 000 dollars de scolarité ?

Nous avons voulu tenter l’expérience en vivant une petite heure de classe sans prof. Dans le cadre d’une immersion imaginée par l’association Ecolhuma que nous accompagnons, les différents partenaires ont participé à une expérience en classe : vivre un cours sans le prof.

Français, espagnol, maths, sciences physiques. Chaque classe accueillait au lycée Pierre-Gilles de Gennes à Paris, des adultes, bien loin du temps des bancs de l’école pour tester une matière de leur choix à l’heure de l’IA. Dans chaque salle, un « animateur », censé n’avoir aucun apport pédagogique, et sur l’écran un QR Code pour accéder au cours sous forme de fiches et à des exercices. En cas d’incompréhension, chaque « élève » devait adresser ses questions à ChatGPT en version bridée (interdiction au logiciel de donner les réponses aux exercices).

De quoi, éprouver la solitude de l’élève sans figure humaine pour l’aiguiller. Les « animateurs » ont pu recueillir les impressions de 20 minutes de cours silencieux sur écran avec l’IA :

• difficile pour certains de comprendre le lien entre les fiches pédagogiques et les exercices
• découragement pour d’autres face à des formulations trop abstraite
• jeu du chat et de la souris avec ChatGPT pour obtenir des explications

L’expérience était davantage une sensibilisation au véritable rôle de l’enseignant dans son interaction avec les élèves : comprendre les implicites que l’IA ne comprend pas, reformuler les explications quand les mots ne sont pas compréhensibles, perception par l’enseignant des difficultés liés aux troubles de l’apprentissage chez certains élèves (DYS, TDAH, HPI, …). En fin de compte, sans le support émotionnel et d’identification à l’autorité qu’est le prof, c’est toute la valeur ajoutée de l’IA qui en paraissait diminué. Cette expérience a permis de prendre conscience du rôle pivot de l’enseignant pour la transmission des savoirs, qui passe par la relation et pas seulement par l’explication, une évidence il y a quelques années qu’il semble falloir redémontrer de nos jours.

SOURCE : Fondation AlphaOmega.