TOULON : Yann BIZIEN : « Les Maires sont inquiets »
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TOULON : Yann BIZIEN : « Les Maires sont inquiets »
Ils n’ont plus ni sérénité, ni marges de manoeuvre.
Au contact direct de notre société, celle d’en bas, sans filtre, sans rempart, ils souffrent de ses nombreux maux.
Depuis le scrutin de 2020, près de 40 d’entre-eux démissionnent chaque mois. C’est à dire que 1300 Maires des villes de France ont jeté l’éponge avant l’échéance de la mi-mandat, soit 450 par an, contre 350 en moyenne avant les dernières municipales.
Sur sollicités, saturés, ils n’ont plus de barrières entre leur vie privée, personnelle, professionnelle et politique.
Le plus petit échelon de l’administration territoriale française est en danger.
Dépositaires locaux de l’autorité publique, à « porté de baffes », faiblement indemnisés, menacés, attaqués, ils endurent le délitement démocratique, la remise en cause de leurs décisions, la multiplication des incivilités, le dénigrement facile sur les réseaux sociaux, la propagation de la haine, le laxisme judiciaire, l’impunité généralisée et tous les défis, nombreux, du « jour d’après ».
Nos Maires sont confrontés à toutes les angoisses de leurs administrés. Ils subissent toutes les conséquences de la violence physique qui explose partout avec les assauts de la racaille, la multiplication des cambriolages, l’expansion des trafics et le piétinement de l’autorité.
Ils encaissent le choc violent de toutes les crises, jusqu’aux dernières émeutes et pillages, sans oublier celles du logement, de l’inflation et de l’effondrement du pouvoir d’achat. Les parkings des gares locales se remplissent toujours plus des voitures de ces français qui ne peuvent plus rouler ni covoiturer à cause de la crise énergétique et des prix élevés des carburants.
Ils sont également confrontés à la défiance de l’exécutif, au centralisme macronien et aux lourdeurs administratives.
Ils ont perdu leur pouvoir historique de lever l’impôt avec la suppression de la taxe d’habitation par Emmanuel Macron, ce pouvoir qui leur permettait de définir un projet territorial en tant que candidat et, une fois élu, de l’assumer directement devant les électeurs sur chaque scrutin.
Il y a désormais sur la commune deux catégories de citoyens : ceux qui contribuent à l’impôt, et ceux qui en sont exonérés, ceux qui participe au fonctionnement et aux investissements nécessaires à la vie de la cité, et ceux qui échappent à toutes obligations, ceux qui mettent la main à la poche pour les services publics et ceux qui profitent de tous les dispositifs généreux et coûteux d’assistance.
Il y a les Maires qui découvrent avec stupéfaction que l’Etat, via le Préfet et le Conseil départemental, installe chez eux des centres d’accueil pour migrants, avec toutes les conséquences associées, notamment en matière d’insécurité.
Il n’y a pas de secret sur le grand découragement et le grand scepticisme des Maires. L’exécutif fait semblant de les entendre à travers un dialogue institutionnalisé, mais, en réalité, il les méprise. Leurs compétences ont été diluées vers des échelons toujours plus complexes et coûteux. Le pouvoir municipal a été affaibli. Des Maires ont du mal à tenir leur courte majorité. Leur capacité d’agir a été diminuée. La même bureaucratie qui a conduit la France à la défaite du 10 mai 1940 les prend toujours plus à la gorge. Le conformisme technocratique allonge tous les délais de réalisation des projets et en augmente les coûts. Et des normes toujours plus contraignantes entravent les initiatives.
La politique d’Emmanuel Macron est en échec sur toute la chaîne de la décentralisation, jusque dans le petit monde rural qui meurt à petit feu.
En 2026, il n’y aura plus beaucoup de candidats de grande valeur sur le scrutin municipal. La campagne de 2020 avait déjà mis en perspective la médiocrité de bon nombre d’entre-eux. Il faut admettre que les municipales n’attirent plus l’excellence, ni les candidats compétents et méritants.
Les petits politiciens, ceux qui se battent sur tous les scrutins pour décrocher des « mandats alimentaires » et vivre de la politique, se gargarisent.
Ainsi va le délitement français, jusqu’au plus petit échelon administratif.
Il nous faut de toute urgence un nouveau Napoléon pour traiter tous les maux de notre société, du sommet de l’Etat, jusqu’à la commune.
Yann BIZIEN.
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