Skip to main content

SAINT TROPEZ : Pierre Cornette de Saint-Cyr, le célèbre c…

Print Friendly, PDF & Email

Partager :

SAINT TROPEZ : Pierre Cornette de Saint-Cyr, le célèbre commissaire-priseur, est décédé à l’âge de 84 ans

Le célèbre commissaire-priseur, grand ami de Marcelline l’aubergine, est décédé à l’âge de 84 ans à la maison de retraite Les Platanes de Saint-Tropez.

Mon cher Pierre Cornette de Saint-Cyr n’a jamais manqué une de mes signatures de livres. Il répondait toujours présent pour se rendre à mes soirées malgré son emploi du temps souvent surchargé.

Je l’avais rencontré juste après la publication de mon premier roman, Lettres à un monsieur. Mon ami Pascal Morabito m’avait demandé de participer à son livre collectif, Mes pas dans vos pas. Toujours très festif, Pascal avait organisé une joyeuse après-midi de signatures au Bar à eau de chez Colette où la vingtaine d’auteurs à lui avoir écrit une nouvelle s’était retrouvée.

Avec Pierre, nous avions immédiatement sympathisé. Il était drôle et chaleureux. Et vivant. Terriblement vivant. Nous allions souvent dîner au Tokyo Eat, le restaurant de mon ami d’adolescence, Éric Wapler, avec des collectionneurs, des artistes, des directeurs de musées. Pierre me parlait pendant des heures de l’art contemporain et d’Yves Klein, grand peintre spécialiste du monochrome dont le bleu Klein a hérité de son nom. Et aussi qu’il plongeait Pierre pas Yves… ) chaque matin après son sport dans une baignoire d’eau froide pour rester en bonne santé.

Pierre était passionnant. Et adorable. Deux mois plus tard, il m’a ouvert, un dimanche matin, bien avant que le public ne puisse entrer, le musée du Palais de Tokyo, dont il venait d’être nommé président, afin qu’un photographe qui désirait faire un livre sur les femmes écrivain puisse me photographier devant la bibliothèque d’un artiste qui exposait. Puis lorsque j’ai créé ma chaîne YouTube Marcelline l’aubergine, il est tombé amoureux de ma petite Marcelline me disant que les surréalistes auraient adoré mon personnage gentil et joyeux qui avait un regard si bienveillant sur le monde. Il était fier que j’arrive, par mes vidéos et mes romans, à faire du bien aux êtres humains.

La dernière fois où je lui ai téléphoné, il ne se souvenait plus très bien. Il y a quelques année, Pierre était parti ailleurs, dans un monde loin de son univers mondain et parisien d’artistes, de chefs d’œuvre, de tableaux, de vente aux enchères. Dans un monde où sa voix semblait s’être perdue.

Étant très triste de ne plus pouvoir communiquer avec mon ami, je lui alors dit : Pierre, c’est moi, c’est Sylvie, puis j’ai eu l’idée d’ajouter pour le faire rire : Pierre, tu m’appelais toujours ma petite chérie (ne vous méprenez pas, il appelait toutes ses amies femmes ainsi…). Et ça a marché. Pierre a éclaté de rire. Et pendant un instant, sa voix est redevenue normale, sa voix d’avant lorsque je le croisais le dimanche en fin d’après-midi à la terrasse des Deux Magots, sa voix d’homme passionné, pressé, intéressé. Avec mon mari, nous adorions le voir arriver à Saint-Germain-des-Prés sur son scooter à trois roues, toujours souriant, toujours habillé élégamment, nous expliquant qu’il aimait les couleurs et qu’il avait une tenue de vêtements colorés pour chaque jour de la semaine.

C’est fou la force des mots, la musique des mots, c’est ce que j’aime avec mon métier d’écrivain, d’être comme une flèche qui arrive à transpercer le cœur, à aller au-delà des maladies, au-delà des jalousies, au-delà des colères, au-delà des séparations et que grâce à la justesse de mes tonalités, j’arrive à réveiller les émotions.

Oui, cette phrase ma petite chérie… a réussi à reconnecter quelques instants Pierre à son existence d’avant. Il semblait vraiment ému de retrouver un semblant de vie, de jeunesse, de souvenirs. Ah oui ma petite chérie, il a répété plusieurs fois puis il est reparti dans son ailleurs avec une voix que je ne lui connaissais pas. N’empêche, cette musique de l’amitié de ce ma petite chérie qu’il a dû prononcer des milliards de fois tant il était l’excellent ami de nombreuses femmes, a eu le mérite de le faire sourire et de lui rappeler sa jolie vie.

Pierre s’est éteint le 20 août 2023, à l’âge de 84 ans, à la maison de retraite Les Platanes, à Saint-Tropez où il sera enterré le vendredi 25 août au cimetière marin.

Pour lui rendre hommage, Marcelline a choisi de vous faire écouter sa nouvelle La Dame bleue, bleu comme les toiles d’Yves Klein, bleu comme la mer que Pierre aura dorénavant pour l’éternité devant ses yeux.

Sylvie Bourgeois Harel

REGARDER LA VIDÉO

Marcelline l’aubergine une chaîne YouTube de Sylvie Bourgeois