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SAINT TROPEZ : « Et si nous parlions de Paul Watson », pa…

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SAINT TROPEZ : « Et si nous parlions de Paul Watson », par Sylvie Bourgeois Harel

Paul Watson est un héros. Il n’y a pas d’autre mot pour le définir.

« Un héros comme il n’y en a plus. Depuis 50 ans, il se bat pour protéger les baleines. Au péril de sa vie. Et sa vie, aujourd’hui, est en danger. Il a 73 ans, deux jeunes enfants, des garçons de 3 et 8 ans, une femme sublime, Yana. Et il dort en prison. Au Groenland qui est un pays constitutif du Royaume du Danemark.

Comme disait déjà Shakespeare dans Hamlet : ” Il y a quelque chose de pourri au Royaume du Danemark.”

Un mandat international court depuis 2012 venant du Japon contre Paul Watson comme quoi il aurait blessé un homme travaillant sur un baleinier. Sauf que Paul n’aurait jamais blessé personne. Ayant fait des études de journalisme au Canada, il a compris que pour émouvoir, il fallait faire de l’information chaude, c’est à dire montrer des images, contrairement à la presse papier que l’on qualifie d’information froide car les personnes lisent mais ne s’identifient pas. Tandis qu’avec la télévision, tout de suite, on entre dans le coeur des gens. Alors Paul a pris l’habitude de tout filmer. Et sur les films qui montrent, soi-disant, une blessure, il n’y en aurait aucune.

Pour ma part, je me suis posée la question différemment. J’ai laissé de côté le Japon et je me suis demandé pourquoi le Danemark avait soudain arrêté Paul alors que depuis des années, Paul voyage dans le monde entier, excepté bien sûr le Japon, sans être inquiété ?

Et si Paul avait été arrêté uniquement pour des raisons politiques ? Et si le Danemark l’avait arrêté, non pas pour parfaire leurs relations avec le Japon, mais pour faire plaisir aux habitants des Iles Féroé qui sont, comme le Groenland, un pays constitutif du Royaume du Danemark. Les Féroéens vivent principalement de la pêche. Et massacrent également chaque année lors d’un rite traditionnel entre 500 à 800 dauphins et globicéphales en une journée. Un massacre contre lequel Paul Watson s’est opposé plusieurs fois. Un jour, en 2016, alors que je déjeunais sur une plage de Pampelonne avec Paul et Yana, j’avais même vu Paul aller demander au prince héritier du Danemark qui déjeunait également là de stopper ce massacre. Demande, hélas, qui n’a pas été suivie d’effets.

Les Iles Féroé sont autonomes, mais elles désirent devenir indépendantes. En avril 2004, un référendum en faveur de leur indépendance avait remporté 50,72% de voix, sauf que le gouvernement danois avait refusé leur indépendance. Un nouveau référendum était prévu pour le 25 avril 2018, mais le gouvernement danois l’a repoussé aux calanques grecques.

Malgré l’embargo dû à la guerre en Ukraine, les Féroïens continuent de faire du commerce avec la Russie. Un commerce florissant. Une famille spécialisée dans le saumon est même devenue milliardaire en une semaine. Et si les Iles Féroé désiraient se rapprocher encore plus des Russes avec lesquels elles semblent entretenir d’excellentes relations commerciales ? Et si pour convaincre les Iles Féroé de rester Danoises, le Danemark avait arrêté Paul pour leur montrer à quel point, le gouvernement les protégeait en mettant en prison l’homme qui les combat depuis des années en essayant d’arrêter leur massacre annuel de dauphins, et en se battant également contre les dégâts de la pêche intensive qu’ils pratiquent ?

Depuis que Paul a été arrêté, je me démène pour trouver la personne idéale qui pourrait parler au roi du Danemark. Qui pourrait faire de la diplomatie. Qui pourrait lui dire qu’il deviendrait lui aussi, à son tour, un héros, en le libérant. Je suis certainement très naïve, mais je suis ainsi. Je n’ai, hélas, pas trouvé beaucoup d’écho. Pourtant j’ai contacté des dizaines de personnes influentes et avec un pouvoir conséquent. Je le vois bien, je l’ai constaté, nombreux sont ceux qui utilisent le drame de Paul pour satisfaire leur égo et faire de l’image en se servant de son arrestation, sans lever le petit doigt pour l’aider. Alors qu’agir, ce n’est pas se montrer, c’est agir !

Heureusement, par chance, j’ai rencontré John Paul DeJoria et son épouse Eloïse. John Paul est le mécène de Paul Watson. Lorsque Paul a créé La Captain Paul Watson Foundation, après avoir été évincé, il y a un peu plus de deux ans, de Sea Shepherd Global, l’ONG qu’il avait créée il y a 40 ans, John Paul lui a acheté deux bateaux, le Bandero et le John Paul DeJoria. Avec eux, j’ai pu avoir de vraies conversations constructives. Ce matin, nous sommes allés prier à la chapelle Sainte-Anne de Saint-Tropez afin que le Danemark n’extrade pas Paul Watson au Japon. Qu’il le libère ou qu’il le garde encore un peu. Le temps que l’on trouve la bonne personne qui saura convaincre le roi du Danemark d’influer sur son gouvernement que le seul acte digne à accomplir est de libérer Paul Watson.

Ce week-end, je suis invitée en tant qu’écrivain à présenter mes romans au Salon du Livre de Monaco, Monaco où suis née. Je devrais rencontrer le président de la Fondation Albert II de Monaco. J’ai également demandé par l’intermédiaire de l’un de ses plus proches amis de rencontrer le Prince Albert II. M’entendra-t-il ? Je l’espère. Je voudrais lui souffler, non pas de faire une déclaration officielle, ce genre de déclaration est peut-être compliquée vis-vis du Japon qu’il ne veut pas froisser, non, je voudrais parler à son coeur. Le Prince Albert II a un grand coeur. Je voudrais parler à son coeur avec mes mots remplis d’émotion. Je voudrais lui souffler de s’entretenir avec le roi du Danemark. Entre têtes couronnées, ils peuvent communiquer aisément. Seul l’amour peut sauver Paul aujourd’hui. J’ai trop peur qu’il meure dans les prisons danoises. Mon héros ne mérite pas ça. Les baleines ne méritent pas ça. Les océans ne méritent pas ça. Ses enfants, son épouse, ne méritent pas ça.

Le cinéma et la littérature sont remplis de héros. Paul Watson est un héros vivant. N’attendons pas qu’il soit mort pour lui rendre hommage et lui reconnaître toutes ses vertus. Comme a dit Berlioz quelques jours avant de partir au paradis : ” Ah, quel talent je vais avoir demain, on va enfin maintenant  jouer ma musique  » !

Sylvie Bourgeois Harel.

En copiant ce lien, vous pouvez voir mon interview faite il y a 4 ans de Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, sur ma chaîne YouTube Marcelline l’aubergine : https://youtu.be/f2CczMVmjuo?feature=shared