PARIS : Souvenir Français – Trois questions à Jean-…
Partager :
PARIS : Souvenir Français – Trois questions à Jean-Paul GRASSET
Jean-Paul Grasset (né en 1947) : professeur agrégé d’histoire -géographie, il a d’abord enseigné dans plusieurs établissements secondaires de Bordeaux et à l’Institut Universitaire de Formation des Maitres de l’académie de Bordeaux, avant de devenir Inspecteur d’Académie – Inspecteur Pédagogique Régional d’Histoire Géographie, dans l’académie de Limoges, puis dans celle de Bordeaux.
Il a été pendant de nombreuses années chargé du service éducatif du Centre Jean Moulin de Bordeaux et à ce titre il a coordonné plusieurs documents pédagogiques (sur Jean Moulin, le maréchal de Lattre de Tassigny, René Cassin), participé au montage d’expositions et animé de nombreuses conférences et colloques. Succédant à Roger Joly, il est depuis 2013 Président de l’Association Nationale des Amis de Jean Moulin.
1 – Vous êtes le Président de l’Association Nationale des Amis de Jean Moulin. Pouvez vous nous présenter votre association ?
L’Association Nationale des Amis de Jean Moulin a été créée en 1974, par Laure Moulin avec l’appui de quelques grands résistants comme Jacques Chaban-Delmas, à Bordeaux où rayonnait déjà depuis 1967 un très actif Centre Jean Moulin. Mais ses origines sont bien plus anciennes. Dès 1946, Laure Moulin, la sœur du héros, publiant aux Éditions de Minuit le livre de son frère « Premier Combat », sollicite Charles de Gaulle afin qu’il veuille bien préfacer le livre et présider une association nationale dédiée à la mémoire de Jean Moulin ; le général accepte de donner une préface mais ne peut présider l’association dès lors que les responsables des anciens mouvements de Résistance se divisent sur le plan politique. A l’automne 1946, à l’occasion de la très officielle inauguration d’un monument à Béziers, le projet de création d’une association est repris par quelques personnalités héraultaises mais les divisions de l’époque et les prémices de la guerre froide ne permettent pas la concrétisation du projet.
L’association a été présidée durant de longues années par d’anciens résistants : André Delage, Jean Pizoard, Philippe Cazentre et Roger Joly. Depuis 2013, c’est à moi qu’est revenu l’honneur d’assurer cette responsabilité.
Au début, l’association regroupait des membres de la famille de Jean Moulin et de celle du Général de Gaulle, et les principaux collaborateurs de Jean Moulin ou leurs proches. S’y sont joints des élus, des hauts fonctionnaires – les Préfets sont membres de droit – des officiers généraux et supérieurs, des officiers, sous-officiers et soldats, des historiens, des enseignants, des journalistes ou plus généralement des personnes désireuses de manifester leur fidélité à la Résistance et à celui qui fut son unificateur dans l’Hexagone en 1942 et 1943.
Selon ses statuts, le but de l’association est de préserver et servir l’idéal de la Résistance, participer au rayonnement du Centre Jean Moulin de Bordeaux, et organiser des activités pédagogiques, d’études et de recherches sur la Seconde Guerre mondiale.
A ces fins, l’association a publié plusieurs documents pédagogiques (sur Jean Moulin, le maréchal de Lattre de Tassigny, René Cassin), organisé des conférences à l’intention du grand public, mais prioritairement des enseignants (souvent en liaison avec les thèmes du Concours National de la Résistance et de la Déportation ou avec la publication d’ouvrages sur la Seconde Guerre mondiale), monté des expositions, organisé des conférences et des colloques, et financé des voyages scolaires sur des lieux de mémoire.
Chaque année, l’Association Nationale des Amis de Jean Moulin rend le 17 juin un hommage solennel à Jean Moulin au Panthéon, conjointement avec la mairie de Bordeaux et le ministère des Armées.
L’Association Nationale des Amis de Jean Moulin participe par ailleurs, à l’échelle locale comme à l’échelle nationale, aux principales cérémonies patriotiques.
L’Association Nationale des Amis de Jean Moulin a signé plusieurs conventions de partenariat. La plus ancienne, renouvelée tous les 3 ans, est celle conclue avec le Rectorat de l’Académie de Bordeaux et le trinôme académique qui regroupe sous l’ autorité du Recteur, l’autorité militaire territoriale et le président de l’association régionale des auditeurs de l’Institut des Hautes Etudes de la Défense Nationale (IHEDN) ; en 2018 une convention a été signée avec le Souvenir Français , et en 2019 avec la Fondation Charles de Gaulle .
L’association entretient des liens étroits avec le Comité Régional du Mémorial Jean Moulin de Salon-de-Provence, et localement avec le Comité de soutien du Mémorial de la Ferme de Richemont (où plusieurs jeunes résistants, élèves du lycée Montaigne de Bordeaux ont été massacrés le 14 juillet 1944) et avec les classes Défense de l’académie de Bordeaux. Des contacts étroits existent avec le Service Educatif du Mémorial Charles de Gaulle à Colombey-les-Deux-Eglises ainsi qu’avec d’autres associations en lien avec Jean Moulin et la Résistance, comme le cercle Jean Moulin de Mâcon et le Centre d’Etudes et de Documentation sur la Résistance en Eure-et-Loir, ainsi qu’avec Béziers, la ville natale de Jean Moulin, et les départements de l’ Eure-et-Loir et de la Savoie dans lesquels Jean Moulin a exercé de hautes fonctions dans l’administration préfectorale. Une nouvelle convention va être bientôt signée avec l’UNADIF et la ville de Rueil-Malmaison. La ville de Bordeaux qui héberge le siège de l’association dans son Centre Jean Moulin et est coordonnatrice de la cérémonie d’hommage à Jean Moulin au Panthéon tous les 17 juin, est un partenaire indispensable.
2 – Chaque année votre association organise une cérémonie au Panthéon le 17 juin. Pourquoi ? Pouvez-vous nous présenter la cérémonie du 17 juin 2023 ?
Ses origines remontent aux années 1960. Contrairement à ce que certains prétendent de nombreux hommages ont été rendus à Jean Moulin bien avant le transfert de ses cendres au Panthéon en décembre 1964. Dès l’hiver 1943-1944 et qu’il est avéré que Jean Moulin est décédé, ses plus fidèles lieutenants ressentent la nécessité impérieuse de faire vivre la mémoire de leur patron. Entre 1945 et 1964, la mémoire de Jean Moulin est largement présente tant à l’échelle locale que nationale. De nombreuses plaques commémoratives sont inaugurées sur les lieux où Jean Moulin est passé, de sa maison natale de Béziers jusqu’au 48 de la rue du Four à Paris où s’est tenue la première réunion de Conseil National de la Résistance en passant par l’appartement loué par Moulin dans le 14ème arrondissement de Paris et toutes les sous-préfectures et préfectures où il a été en poste. De nombreuses stèles et monuments sont inaugurés à Chartres et à Béziers, et aux ministères de l’air et de l’intérieur. N’oublions pas la publication en 1947 du livre de souvenirs sous le titre de « Premiers combats » préfacé par le général de Gaulle, la fondation en 1958 du Club Jean Moulin par Daniel Cordier et Stefan Hessel, et la création en 1961 du Comité Régional du Mémorial Jean Moulin à Salon-de-Provence sous la Présidence d’Honneur et le Haut Patronage du général de Gaulle (prémices de l’inauguration en 1969 du magnifique monument dû au sculpteur Marcel Courbier).
Mais c’est l’entrée de ses cendres au Panthéon le 19 décembre 1964 et le célèbre discours d’André Malraux (« Entre ici, Jean Moulin… ») qui fait véritablement entrer Jean Moulin dans la mémoire collective. Et c’est à la suite de cette cérémonie que Antoinette Sachs, amie de Jean Moulin depuis 1938 et animatrice d’une amicale encore informelle, obtient des autorités qu’une cérémonie commémorative ait lieu, chaque 17 juin, au Panthéon, en hommage à Jean Moulin. Le flambeau sera repris par l’Association Nationale des Amis de Jean Moulin.
Ainsi chaque année, l’Association Nationale des Amis de Jean Moulin rend le 17 juin un hommage solennel à Jean Moulin au Panthéon. La cérémonie est organisée conjointement avec la mairie de Bordeaux et le ministère des Armées. Sont invitées les plus hautes autorités politiques, militaires et civiles ainsi que les associations de résistants et déportés, avec leurs présidents et leurs portes drapeaux. Le ministre des Armées ou le Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants et à la Mémoire sont toujours présents ainsi qu’un représentant du Maire de Paris et le Maire du Vème arrondissement. Lors des années particulièrement commémoratives, le Président de la République nous honore de sa présence.
Mais surtout, nous tenons à la participation de nombreux jeunes. Ainsi se retrouvent des élèves lauréats du Concours National de la Résistance et de la Déportation et des élèves des classes défense des collèges et lycées, ainsi que des élèves d’autres établissements scolaires ayant manifesté un intérêt pour Jean Moulin et plus largement pour la Seconde Guerre mondiale. Beaucoup viennent de l’académie de Bordeaux, mais aussi de la région parisienne et de l’académie de Montpellier, et parfois d’autres régions et villes de France. Les déplacements des élèves et de leurs accompagnants sont pris en charge par l’Association Nationale des Amis de Jean Moulin, le ministère des Armées et les différents établissements scolaires.
SOURCE : La lettre n°86 du Souvenir Français