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PARIS : Quel avenir pour la dissuasion nucléaire ?

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PARIS : Quel avenir pour la dissuasion nucléaire ?

Avec la guerre en Ukraine, la question de la dissuasion nucléaire a fait un retour spectaculaire en Europe.

Ses principes et ses modes de fonctionnement restent valides. La dissuasion est un processus psychologique simple, dont les règles dans le domaine nucléaire ont été progressivement définies tout au long de la guerre froide. Les pays qui disposent aujourd’hui de l’arme nucléaire – Chine, Corée du Nord, États-Unis, France, Inde, Israël, Pakistan, Royaume-Uni, Russie – continuent de respecter globalement ces règles, et l’on peut dire que la dissuasion a contribué à l’absence d’affrontement militaire direct entre États détenteurs.

Les débats sur l’avenir de la dissuasion n’en sont pas moins légitimes dans un contexte géopolitique et technologique mouvant. Certaines des questions posées par la dissuasion, telles que son rapport bénéfices/risques ou sa moralité, existent depuis 1945. D’autres sont plus récentes : la dissuasion nucléaire garde-t-elle toute sa pertinence alors que les rapports de forces se développent dans de nouveaux champs – espace, cyber… – et avec de nouveaux moyens ? Peut-on toujours dire qu’il n’y a pas d’alternative réelle à l’arme nucléaire ?

Pour la France, la pérennité de la dissuasion semble être un choix raisonnable, mais son maintien à niveau exige des investissements substantiels dès la présente décennie. En outre, des questions nouvelles se posent à notre pays. Quelle peut être l’articulation nouvelle des forces nucléaires et classiques dans le contexte européen prévisible ? Des menaces géographiquement lointaines (Asie) peuvent-elles relever de la dissuasion nationale ? Désormais seul État nucléaire de l’Union européenne, la France peut-elle avoir un rôle plus marqué dans la protection de ses partenaires et alliés ? Cette note entend contribuer au débat légitime, voire nécessaire dans un État démocratique, sur l’avenir de la dissuasion française.

Bruno Tertrais,

Directeur adjoint de la Fondation pour la recherche stratégique (FRS) et conseiller géopolitique à l’Institut Montaigne

SOURCE : Fondation pour l’innovation politique – Newsletter du 6 octobre 2024.