Bureaux d’entreprises, locaux commerciaux, parkings privatifs, entrepôts, terrains, bâtiments des collectivités, hôpitaux… le parc immobilier tertiaire est vaste.
Il est aussi responsable de 17 % de la consommation d’énergie finale en France. Pour suivre la transition énergétique du parc tertiaire, un outil incontournable existe désormais : la plateforme OPERAT de l’ADEME.
OPERAT, c’est quoi ?
OPERAT est la plateforme de recueil et de suivi des consommations d’énergie du secteur tertiaire qui répond aux dispositions du « décret tertiaire » publié en 2019. Ce décret impose aux entreprises du tertiaire possédant des locaux de plus de 1 000 m² de saisir leurs données de consommation et, surtout, de définir une stratégie pour les réduire ainsi qu’un programme de travaux. « En France, le secteur tertiaire représente environ 1,2 milliard de m² et une consommation d’énergie finale de l’ordre de 265 TWh » explique Emerson Cabane, chef de projet à l’ADEME. « Le Dispositif Eco Energie Tertiaire a démarré avec quelques difficultés opérationnelles. Sur le terrain, les acteurs doivent se coordonner pour récolter les données de surfaces et de consommation et les déclarer sur OPERAT, ce qui n’est pas si simple » ajoute-t-il. Mais progressivement, les propriétaires et occupants des locaux tertiaires prennent la mesure de l’importance du sujet.
Quelles sont les obligations fixées par le « décret tertiaire » ?
Réduire la consommation d’énergie finale du bâtiment :
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- Par rapport à une année de référence (à partir de 2010) de – 40 % en 2030, – 50 % en 2040, – 60 % en 2050 ;
- Ou atteindre un niveau de consommation d’énergie finale en valeur absolue, correspondant à une utilisation efficace et économe de l’énergie, équivalente à celle de bâtiments nouveaux de la même catégorie (arrêtés dits « valeur absolue I, II et III »).
Déclarer annuellement les consommations énergétiques réelles sur la plateforme« OPERAT ». Il est d’ailleurs possible pour les organisations concernées de déléguer ce travail déclaratif à un tiers.
OPERAT : des données précieuses pour le secteur tertiaire
Le parc tertiaire s’étend des immeubles de bureaux privés aux bâtiments des collectivités territoriales et englobe des usages multiples. Mais par rapport au secteur résidentiel, la connaissance des consommations de ce parc reste encore superficielle. « Le manque de données sur la consommation énergétique des locaux tertiaires ne permet pas de concevoir des politiques publiques adaptées. C’est là une des grandes valeurs ajoutées d’OPERAT, dont les données nous permettront de mieux éclairer les futurs projets et de suivre l’évolution du parc » explique Romuald Caumont, Chef de Service adjoint au Service Bâtiment à l’ADEME. Tout le travail déclaratif réalisé sur OPERAT ces deux dernières années s’est donc révélé une mine d’informations et d’enseignements clés sur le secteur tertiaire et ses consommations.
Que faut-il retenir du 1er bilan OPERAT ?
« La mobilisation a été très importante, mais nous n’avons pas encore atteint notre objectif. Nous avons enregistré 600 millions de m2 déclarés sur un total d’environ 1 milliard de m2 attendus. » indique Emerson Cabane. Concrètement, cela veut dire qu’un local tertiaire sur deux en France se trouve désormais répertorié sur OPERAT. Le bilan indique aussi qu’en termes de surface déclarée, les activités de l’enseignement comptent pour 21 %, les bureaux et services publics pour 17 %, la logistique à 14 %, ou encore la santé pour 13 %. En tout, la plateforme a recueilli 750 000 déclarations de consommation enregistrées au 1er janvier 2024. Et le bilan est encourageant. « Une baisse de 22 % des consommations énergétiques est constatée entre l’année de référence et 2022, ce qui représenterait la moitié du chemin par rapport à l’objectif fixé pour 2030. Toutefois, ce constat est à relativiser en raison d’un climat plus favorable qui participe à la baisse tendancielle des consommations observée sur OPERAT » souligne Emerson Cabane. Depuis le mois de septembre 2024, de premières données collectées sont disponibles en open data sur le site data.ademe.fr.
Je suis une entreprise : que faire après ma déclaration OPERAT ?
C’est une chose de connaître son bâtiment et ses consommations, c’en est une autre d’engager les travaux et actions adaptés. C’est pourquoi aujourd’hui, plus de 13 000 entreprises du tertiaire privé ont déjà été accompagnées par l’ADEME dans la réduction de leurs consommations énergétiques avec :
- Un guichet d’information-conseil sur le volet de l’efficacité énergétique et de la rénovation des bâtiments.
- Un diagnostic personnalisé réalisé par un conseiller énergie.
- Un « booster Entreprise », c’est-à-dire une offre d’ingénierie pour réduire la facture énergétique.
Et si vous ne l’avez pas encore fait… il n’est pas trop tard !
La plateforme OPERAT est souple et permet encore aux retardataires de se mettre en conformité en effectuant les déclarations passées. Au-delà de l’aspect déclaratif, la philosophie du Dispositif Eco Energie Tertiaire est de mettre le pied à l’étrier et de se pencher sur ses consommations dans le but d’engager un plan d’action qui vise à réduire les consommations d’énergie, secteur par secteur, en fonction des opportunités de chacun. Face à des factures énergétiques qui augmentent et un contexte incertain, le décret tertiaire est une opportunité pour que le secteur tertiaire réduise son impact environnemental, améliore sa compétitivité et valorise son image en fixant une ambition réaliste.
Le Dispositif Eco Energie Tertiaire ne doit pas être vu comme une contrainte. Sa vocation est d’accompagner la transition énergétique du tertiaire. Il permet aux propriétaires et usagers de bâtiments tertiaires de mieux connaître leur bâtiment et leur consommation pour identifier les gisements d’économies d’énergie, d’économies de gaz à effet de serre et d’économies en euros.
Emerson Cabane, Chef de projet à l’ADEME
Et demain sur OPERAT ?
L’actualisation de l’étude avec les nouvelles données reçues est en cours. Les équipes de l’ADEME travaillent aussi à une amélioration des méthodes d’analyse, en se basant sur les contributions reçues. Enfin, un bilan sera réalisé chaque année pour mesurer les progrès réalisés.
SOURCE : ADEME INFOS.