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PARIS : Les Misérables au Théâtre du Châtelet, on y était…

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PARIS : Les Misérables au Théâtre du Châtelet, on y était, on vous raconte

Cette nouvelle production des « Misérables » au Théâtre du Châtelet est un retour puissant aux racines de l’œuvre de Victor Hugo.

Revisité en français avec une mise en scène contemporaine, le spectacle célèbre l’humanité et la résilience à travers des personnages aujourd’hui légendaires. Nous allons suivre Jean Valjean, un ancien forçat en quête de rédemption, traqué sans relâche par l’impitoyable Javert. Sur fond de révolte populaire à Paris, le destin croise celui de Fantine, mère déchue, de Cosette, jeune fille innocente, et des révolutionnaires idéalistes. Des ruelles sombres aux barricades enflammées, chaque scène est une fresque puissante sur l’amour, la liberté, et la lutte contre l’injustice.

Cette version au Châtelet se distingue par une mise en scène plus contemporaine et épurée, utilisant des projections immersives et des décors modulables pour amplifier les émotions des personnages. On y retrouvera des arrangements musicaux réorchestrés pour un impact encore plus dramatique, et des chorégraphies plus intenses qui soulignent le caractère épique des batailles et des épreuves traversées par les protagonistes.

Accompagné des musiques de Claude-Michel Schönberg, ce show reprend les chansons mythiques comme « À la volonté du peuple » et « J’avais rêvé ». La mise en scène dynamique et les décors immersifs soulignent la force des thèmes de rédemption et de justice sociale, tout en maintenant une fluidité de transition entre les scènes, fidèle à l’esprit du roman.

Notre Critique :

Il est 19h20, vous vous êtes empressé de manger un bout rapidement, vous arrivez devant le théâtre du Châtelet et retrouvez dans la queue (rapide c’est promis) votre partenaire, famille ou amis. Vous quittez le froid pour rejoindre la chaleur du théâtre…

19h25 vous voilà installé et, déjà, un peu impressionné par la beauté du lieux. Vous vous dites que vous devriez faire ça plus souvent, ne serait-ce juste pour être plus fréquemment au contact de ce genre d’endroits qui respirent la grandeur et où semble s’écrire des histoires qu’on n’oublie pas.

19h28, la tension monte dans la salle, qui s’est maintenant complètement remplie. Deux trois mots échangés avec vos voisins vous assurent que l’excitation est belle et bien partagée.

19h31, les lumières se baissent et plongent l’auditoire dans le silence et l’obscurité propices aux grandes révélations. Le rideau se lève et emporte avec lui les derniers chuchotements. Puis, comme un éclair, l’orchestre lâche ses premières notes. Tonitruantes, éclatantes de force et de panache. Le premier tableau révèle un Jean Valjean au bagne, accompagné d’un chœur de forçats, tous emprisonnés sous l’égide du terrible Javert. Les voix s’imposent, implacables, et s’unissent d’une puissance inouïe. Elles vous touchent en plein cœur, vous attrapent pour ne plus vous lâcher. Elles feront se dilater le temps, disparaître tout, en vous immergeant totalement dans la tragique histoire des Misérables.

Vous voilà alors parti pour un voyage spectaculaire au cœur d’une France qui gronde, étranglée par la faim, les injustices et les vices qu’elles font naître chez les hommes. Vous rencontrez un Jean Valjean splendide, une Fantine démise, victime d’un monde qui ne lui a rien épargné, un Marius et une Cosette épris d’un amour brûlant tout sur son passage, et tout particulièrement la bien délaissée Éponine, des Thénardier d’une lucidité crasse et retorse, sans oublier un Javert incarnant la loi, dans sa dimension la plus cruelle.

19h45, déjà, le spectacle redouble d’intensité, et vous ne pouvez qu’admirer l’ingéniosité des décors. Le théâtre du Châtelet déploie ici une véritable fresque visuelle, alternant entre la rudesse d’un bagne aux chaînes rouillées et la douceur mélancolique d’une campagne baignée d’une lumière dorée. Les ruelles sombres de Montreuil-sur-Mer s’étendent dans une palette de gris profonds, ponctuées par des éclairages savamment orchestrés, rappelant les gravures d’époque. Quant aux barricades, elles surgissent comme une muraille de désespoir et de courage, un chaos organisé qui semble presque vivant, chaque pavé témoignant de l’éclat d’une révolte tragique.

Les costumes, eux, dans leur richesse de détails, évoquent à chaque scène les strates sociales de ce monde éclaté. Les haillons de Fantine déchirent le cœur, leur simplicité brutale contrastant avec les parures grotesques et criardes des Thénardier, véritables caricatures vivantes d’une société corrompue. Les uniformes impeccablement taillés des gardes, avec leurs boutons d’argent qui capturent la lumière comme un éclat de glaive, opposent un ordre glacial à la rébellion flamboyante des insurgés. Chaque étoffe, chaque couture semble raconter une histoire silencieuse, un fragment d’existence qui complète ce tableau monumental.

Les lumières, tour à tour cruelles et caressantes, soulignent chaque émotion avec une acuité presque douloureuse. Les transitions entre les tableaux, fluides et hypnotiques, vous laissent à peine le temps de reprendre votre souffle, tant chaque mouvement semble orchestré comme une danse macabre et sublime.

Et l’orchestre, omniprésent, est le véritable narrateur de cette odyssée. Ses crescendos martèlent les cœurs, ses silences crèvent l’âme. Chaque note semble tomber comme un coup de marteau sur l’enclume du destin, forgeant une symphonie qui, loin de n’être qu’un simple accompagnement, est l’épine dorsale de cette fresque théâtrale.

Alors que les dernières scènes s’enchaînent, vous réalisez que ce voyage ne vous a pas seulement transporté à travers l’espace et le temps : il vous a ramené à vous-même, face à vos propres combats, à vos propres espoirs.

À 22h30, lorsque le rideau tombe pour la dernière fois et que l’ovation explose, vous vous surprenez à vouloir rester encore un instant dans ce rêve éveillé. Une chose est sûre, c’est une histoire que vous n’oublierez pas de sitôt…

Le Saviez-vous ? Le musical Les Misérables a d’abord été adapté pour la scène en 1980 à Paris avant de devenir l’une des comédies musicales les plus vues au monde, touchant plus de 130 millions de spectateurs. Cette nouvelle version marque un retour aux sources, 45 ans après les débuts de l’aventure.

Le Théâtre du Châtelet : Véritable joyau de l’architecture parisienne, le Théâtre du Châtelet a accueilli de nombreuses productions prestigieuses depuis son ouverture en 1862. Sa Grande Salle offre un cadre exceptionnel pour cette fresque musicale grandiose, amplifiant l’émotion des performances.

Distribution : Benoît Rameau dans le rôle de Jean Valjean, Sébastien Duchange dans le rôle de Javert, Claire Pérot dans le rôle de Fantine, Juliette Artigala dans le rôle de Cosette, Jacques Preiss dans le rôle de Marius

THEATRE DU CHÂTELET
1 place du Châtelet, 75001 Paris
Du 20 novembre 2024 au 2 janvier 2025
Séances à 15h et 19h30 selon les jours
De 12 € à 119 €

SOURCE : Arts in the City.