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PARIS : Fondation pour l’innovation politique – Structure économique et sociale des territoires et vote populiste en France
Le populisme n’a jamais été aussi présent en Europe depuis 1945.
Face au péril qu’il représente, une meilleure compréhension des mécanismes est nécessaire. Parmi les explications proposées, nombreuses sont celles mettant en exergue l’importance des inégalités territoriales. La mondialisation et la désindustrialisation auraient polarisé économiquement puis politiquement le pays. Ainsi, certains espaces seraient désormais isolés voire délaissés, d’où le rejet des partis politiques au pouvoir depuis les années 1980.
Cette étude a d’abord pour objet d’interroger l’idée même d’une périphérie perdante au regard des transformations économiques et sociales des quarante dernières années. Nous verrons qu’une telle hausse des inégalités territoriales est, contre toute attente, sujette à caution. Les données offrent une lecture plus complexe de la réalité puisque nombre de communes périphériques affichent un accroissement du niveau de vie moyen plus grand que dans les grandes agglomérations.
Ceci ne signifie pas non plus que les territoires seraient sans importance. De fait, le vote populiste semble davantage concentré dans les communes les moins privilégiées hors des grandes agglomérations. Toutefois, notre analyse montre aussi que la variable clé n’est pas tant le revenu que le niveau de diplôme. Le populisme prendrait donc racine sur le rejet d’une certaine mondialisation institutionnelle (l’Europe) et culturelle (immigration, laïcité, mode de consommation) portée par une population citadine, diplômée et privilégiée dont les valeurs sont perçues comme mettant en cause l’identité même des classes populaires vivant hors des grandes métropoles.
Guillaume Bazot,
Économiste, maître de conférences à l’Université Paris 8, membre du conseil scientifique et d’évaluation de la Fondation pour l’innovation politique