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PARIS : « Ce que finance la banque avec notre argent a un…

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PARIS : « Ce que finance la banque avec notre argent a un impact sur le climat »

Maeva Courtois préside helios, l’écobanque digitale qu’elle a cofondée en 2020.

Son objectif était alors de faire bouger un secteur encore trop peu engagé face à l’urgence climatique. Quatre ans plus tard, qu’en est-il ?

Pourquoi avoir créé une offre alternative aux banques traditionnelles ?
Maeva Courtois
Après plusieurs années en banques d’investissement, j’ai pris conscience de l’urgence du dérèglement climatique et, surtout, du retard du secteur financier sur le sujet. Les actions écoresponsables y sont le plus souvent marketing et/ou secondaires. Il fallait une alternative, une banque qui s’engage à ne soutenir que des projets en faveur de la transition écologique. Nous avons commencé par une banque de détails, à destination des particuliers, car nous voulions sensibiliser un public le plus large possible. Trop peu de gens le savent : l’argent que nous déposons sur un compte ne dort pas. Ce que financent les banques avec peut polluer davantage que les produits que nous achetons.
helios est une alternative aux banques. C’est-à-dire ?
M. C.
Le terme « banque » est réglementé, il ne s’applique qu’aux entreprises qui ont l’autorisation de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) de la Banque de France pour octroyer des prêts et crédits. Nous n’avons pas encore cette licence. En revanche, nous avons l’agrément pour opérer des services de paiement et choisir de façon autonome ce que nous finançons avec l’argent qu’on nous confie. Nous ne soutenons que des secteurs ayant un impact positif sur le climat ou la biodiversité : énergies renouvelables, mobilité durable, rénovation thermique des bâtiments, traitement des déchets, agriculture biologique… Et nous pouvons communiquer en toute transparence sur ces actions puisque nous pouvons tracer les dépôts, garantir leur fléchage vers des projets vertueux.
Nous avons fait le choix de collaborer avec Okali, filiale du groupe Crédit Mutuel Arkea agréée par l’ACPR et la Banque Centrale Européenne. Ce partenariat nous apporte l’expertise nécessaire pour développer toute la gamme de services demandée par nos clients (comptes courants, comptes pour les indépendants, épargne, Assurance Vie…), hors prêts et crédits. 
Quel est l’impact carbone d’un transfert de compte vers une banque écologique ?
M. C.
D’après une enquête réalisée par Greenly en 2022 et 2023, un compte courant aligné avec la transition écologique émet quatre à cinq fois moins de CO2 par million d’euros investi qu’un compte courant dans une banque traditionnelle. S’appuyant sur la méthodologie du Bilan Carbone® de l’ADEME, cette étude a évalué l’impact des comptes courants de tous les établissements bancaires de France à travers le Scope 3, c’est-à-dire à travers tous les investissements réalisés. Celui d’helios a été classé premier.
En choisissant une écobanque pour leur épargne, les clients ne risquent-ils pas de perdre en rentabilité ?
M. C.
C’est une idée ancienne, ancrée dans les mentalités. Mais elle est fausse. Les investissements en faveur du climat ne rapportent pas moins que les autres. Les assurance vie dédiées à la transition écologique donnent même de bons résultats : il n’y a pas de différence de rémunération avec une solution classique. En revanche, elles contribuent à la décarbonation de l’économie et à son avenir.
L’arrivée d’alternatives écologiques a-t-elle contribué à faire évoluer le secteur bancaire ?
M. C.
On commence à observer un changement positif du côté des clients. Grâce à l’arrivée de nouveaux acteurs qui, comme nous, contribuent à informer sur l’impact écologique et/ou social de l’argent déposé à la banque, le sujet est devenu moins opaque pour les particuliers. Ceux qui se préoccupent d’environnement savent désormais qu’il existe des solutions correspondant à leurs valeurs. Ils sont déjà plusieurs dizaines de milliers à avoir changé de banque. Rien que sur les derniers mois, nous sommes passés de 18 000 à 30 000 clients, ce qui nous a permis de sortir 514 millions d’euros des banques traditionnelles depuis le lancement de notre premier compte, en février 2021, et d’éviter ainsi l’émission de 257 000 tonnes de C02. Cela oblige l’industrie bancaire à réagir.

SOURCE : ADEME INFOS.