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MARSEILLE : Quelles transitions pour nos mobilités d’ici 2050 ?

La neutralité carbone est un objectif incontournable à atteindre d’ici 2050, notamment dans le secteur des transports, l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre.

Aurélien Bigo, chercheur en transition énergétique des transports, met en lumière les enjeux cruciaux associés à cette transformation.

Face à la crise climatique, aux défis énergétiques et à la croissance démographique, la question de la mobilité devient centrale dans la transformation de nos sociétés. D’ici 2050, plusieurs défis majeurs se dessinent : décarboner les systèmes de transport, adapter les infrastructures, intégrer les nouvelles technologies, tout en assurant l’inclusion sociale et en réduisant les inégalités d’accès aux moyens de transport. Quels sont les principaux impacts climatiques, environnementaux, sociaux et sanitaires de nos systèmes de transport actuels ? Quels leviers pouvons-nous activer pour décarboner nos mobilités ? Autant de questions auxquelles Aurélien Bigo, chercheur indépendant associé à la chaire Energie et Prospérité, répond pour la Région Sud.

Une évolution des habitudes de mobilité en France

Depuis 1800, les habitudes de mobilité en France ont peu évolué en termes de fréquence et de durée des trajets : les Français effectuent en moyenne trois à quatre déplacements par jour, pour un temps de transport quotidien d’environ une heure. Cependant, la vitesse de ces déplacements a été multipliée par dix avec l’arrivée de la voiture, entraînant une augmentation considérable des distances parcourues et favorisant l’étalement urbain. Pourtant, en 1950, la marche représentait encore 80 % des déplacements. C’est dans les années 1990 que la voiture s’impose réellement, devenant le mode de transport principal pour les trajets de 1 à 1 000 kilomètres. En 2017, elle représentait 64 % des trajets et 79 % des émissions de gaz à effet de serre du secteur des transports. À titre de comparaison, l’avion ne comptabilise que 0,1 % des trajets mais génère 27 % des émissions.

Cinq leviers pour relever des enjeux de taille

Le principal défi de la neutralité carbone est l’arrêt total de la consommation de pétrole, qui représente encore près de 90 % des énergies utilisées dans les transports. Réduire le rôle central de la voiture dans les déplacements quotidiens apporterait de nombreux bénéfices : réduire le changement climatique et la pollution de l’air, limiter l’artificialisation des sols causée par les infrastructures routières, diminuer les nuisances sonores et réduire la mortalité routière.

Pour décarboner les transports, Aurélien Bigo identifie cinq leviers. Le premier consiste à modérer la demande de transport : limiter les kilomètres parcourus chaque jour et réduire les trajets longs, notamment en avion. Le deuxième levier est le report modal, c’est-à-dire encourager l’usage des transports en commun, de la marche et du vélo en remplacement de la voiture. Le troisième est le covoiturage, pour mieux remplir les véhicules, sachant que 9 conducteurs sur 10 voyagent seuls. Le quatrième levier concerne la réduction de la consommation énergétique en promouvant des véhicules plus légers et une conduite écoresponsable, comme rouler à 110 km/h sur autoroute. Enfin, il s’agit de réduire l’intensité carbone de l’énergie en développant des alternatives au pétrole, telles que les carburants synthétiques et les biocarburants, à condition que leur production soit durable.

Vers des alternatives plus durables

Malgré les efforts, la tendance actuelle reste préoccupante : l’utilisation de la voiture individuelle continue de croître, et les nouveaux modèles sont souvent plus grands et plus lourds. Les voitures électriques, bien que moins polluantes, nécessitent toujours de produire de l’énergie et ne suffiront pas, seules, à atteindre la neutralité carbone. La mobilité durable pourrait passer par le développement de véhicules intermédiaires entre le vélo et la voiture, comme les vélos à assistance électrique, les vélomoteurs électriques ou les vélos-cargos. Ces alternatives réduisent l’impact environnemental tout en offrant des options pratiques. Cependant, la disponibilité de métaux pour la fabrication des batteries représente un défi important, et les solutions doivent s’adapter aux spécificités des territoires. Dans les zones rurales, où les transports en commun sont moins développés, la voiture reste souvent indispensable. Pour réduire son usage, il est essentiel d’améliorer les infrastructures pour la marche et le vélo et de développer des systèmes de transport en commun accessibles et intermodaux.

La transition vers des mobilités durables d’ici 2050 nécessite une approche intégrée, combinant évolutions technologiques, changements de comportements et politiques publiques. Tous les acteurs, des gouvernements aux citoyens, ont un rôle à jouer pour atteindre les objectifs de neutralité carbone et garantir une meilleure qualité de vie pour tous.

SOURCE : Région Sud.