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LA LONDE LES MAURES : François de Canson : « Nous honoron…

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LA LONDE LES MAURES : François de Canson : « Nous honorons ces géants de la reconquête de notre pays occupé »

Le décor est en place, les témoins d’hier trônent fièrement !

En ce jour d’assemblée générale des Commandos d’Afrique et d’inauguration du buste du Lieutenant-Colonel Bouvet, ce mercredi 14 août 2024, les véhicules de la Seconde Guerre mondiale stationnés dans l’avenue Clemenceau, alignés sous le soleil, ont captivé l’attention des passants et ravivé la mémoire collective.

L’intervention de François de Canson, vice-président de la Région Sud et maire de La Londe-les-Maures :

Aussi, je voudrais remercier de leur présence et de cette organisation les représentants de la Fédération Nationale André Maginot regroupant :

l’amicale des commandos d’Afrique
l’amicale des Combattants et Victime de Guerre
Mémoire Bormes 44
Provence 44
Le musée de la libération du Muy
Provence 44 production.

Vous retrouver en ce jour, c’est signifier, d’abord, que ces commémorations supposent aussi, pour être perpétuées, un travail d’histoire, de mémoire, une œuvre patiente dans l’ensemble de nos territoires et de nos communes et vous y contribuez tout au long de l’année. Je tiens à vous en féliciter.

Aux membres du groupement d’intérêt public chargés d’organiser les cérémonies du 80ème anniversaire du Débarquement ici présents, je remercie toutes celles et ceux qui y ont participé … officiers généraux, ambassadeurs, historiens et l’ensemble des ministères concernés, qui ont travaillé à la préparation de ces événements sur l’ensemble de notre territoire régional.

Un immense merci également à Jean-Baptiste Sénéquier, qui a relevé avec brio, le défi de figer pour l’éternité le visage du Lieutenant-Colonel Georges-Régis Bouvet.
Jean-Baptiste Sénéquier est issu de l’école de design Strate et des Ateliers de Paris, qui promeuvent et accompagnent dans leur développement les projets émergents de la jeune garde de la création française.

Comme il le dit lui-même : « Il s’agit toujours de connecter, au plus juste, le projet avec son territoire, ses racines, sa culture ».

Vous constaterez dans un instant combien son travail est merveilleux de réalisme.

Mesdames, Messieurs, il y a des rendez-vous avec l’Histoire qui sont marqués autant par les symboles que par l’émotion.

En ce 14 août, accueillir, le même jour, l’assemblée générale des Commandos d’Afrique, puis inaugurer le buste du Lieutenant-Colonel Bouvet, montre combien la volonté municipale est de préserver et de garder vive, en notre mémoire, l’héritage du Débarquement de Provence, 80 ans après ce haut fait d’armes.
Oui, il y a une émotion certaine à honorer, en cette veille d’anniversaire, les héros de cette épopée éclatante, ces géants de la reconquête de notre pays occupé.

Car ce sont bien ces Commandos d’Afrique, d’une trempe incroyable, pétris de la rage de vaincre autant que de l’amour de leur patrie qui ont redonné son honneur à la France. Le Lieutenant Colonel Georges-Régis Bouvet, qui dirige le Groupe, est célèbre auprès de ses hommes pour ses colères homériques. Ses coups de gueule et son menton en avant lui valent le surnom de « la Galoche »  mais il est profondément respecté pour son énergie et sa droiture. A sa sortie de Saint-Cyr, Georges-Régis Bouvet sert au 24e BCA, puis fait plusieurs séjours au Maroc avant d’être nommé au 2e bureau. La déclaration de guerre le trouve en mission en Allemagne, à Königsberg. Il réussit à rejoindre la France, par la Norvège et l’Angleterre.

Il est affecté au 310e RI. Il se bat dans les Ardennes au moment de l’offensive allemande de mai 1940, puis le 8 novembre 1942, il est du nombre des officiers impliqués dans le débarquement américain en Afrique du Nord. Il prend la tête du 1er bataillon du corps franc d’Afrique, fondé par le général de Monsabert et engagé contre les Italo-Allemands.

Après la prise de Bizerte, le chef de bataillon Bouvet reçoit, en juillet 1943, la mission de fondre son corps franc en une nouvelle unité : les commandos d’Afrique dont la raison d’être est de « porter le fer et le feu à l’intérieur des lignes ennemies ».

Destiné à accomplir des coups de main sur les arrières de l’ennemi, le Groupe est plus spécialement entraîné aux actions amphibies. Les commandos d’Afrique  doivent préparer les offensives de grande envergure en nettoyant et balisant le terrain. Ils sont destinés à lancer des coups de main déstabilisateurs et à opérer des missions de reconnaissance, d’infiltration pleine de risques, qui nécessite audace, courage et  détermination. Les commandos d’Afrique ne sont donc composés que de soldats volontaires, sportifs et très entraînés. Deux mois après le débarquement de Normandie, les Alliés lançaient un deuxième débarquement en France. Sous le commandement du général Patch, 400 000 soldats américains, anglais, canadiens et français vont fouler le sol provençal. Les 260 000 hommes de l’Armée B française,  placée sous les ordres du général Jean de Lattre de Tassigny prendront une part prépondérante dans les combats. Pour l’Armée française, c’était le moment tant attendu, le jour de gloire tant espéré. Depuis Tarente, Naples, Oran et Ajaccio, 800 navires convergeaient vers nos côtes pour former une Armada concentrée sur les points de débarquement choisis.

A l’aube du 15 août, les Alliés se déploient au large et les premiers éléments débarquent sur la côte provençale. Ce sont principalement EUX, les Commandos d’Afrique, qui débarquent au Cap Nègre et au Rayol-Canadel.

Eux, de la force Roméo, à l’extrémité Ouest de l’opération Dragoon, lancée dans la nuit, pour la mission périlleuse dont aucune unité spéciale ne voulait, et que leur Chef, Georges-Régis Bouvet, avait réclamée et finalement obtenue, après d’âpres discussions, au quartier général Allié de Naples, comme un privilège : celui de se faire tuer en premier sur le sol de Provence.
Car pour le Commandant du  » cirque Bouvet « , c’est bien un honneur qui est accordé aux Commandos d’Afrique, de se sacrifier pour la libération de la France, autant que pour assurer le succès d’une opération de débarquement toute entière, hypothéquée par le rayon d’action des canons ennemis dominant la Méditerranée, tapis sous les mètres de béton armé, menaçants et inexpugnables.

Un objectif de choix !

Il en fallait de la trempe pour se lancer face à la cuirasse ennemie, en franchissant les défenses côtières, et interdire la route 559 puis tenir les points hauts.

Frapper vite et fort, en plein coeur, comme un coup de poignard dans le flan ennemi. Dans la nuit du 14 au 15 août, ils débarquent les premiers sur le sol de Provence, conquièrent une tête de pont, du Rayol au Cap Nègre, libèrent La Fossette, Le Lavandou, La Londe, enlèvent la batterie côtière de Mauvanne le 18, le fort du Coudon le 21, et participent aux derniers combats pour le nettoyage de Toulon. Le Débarquement de Provence et la liberté reconquise dès le 15 août 1944 ont non seulement les couleurs tricolores, mais encore celles de la voile rouge frappée de l’étoile d’or et du croissant des Commandos d’Afrique. C’est pourquoi notre Histoire restera à jamais liée à l’épopée de cette unité d’élite : la première à fouler le sol de notre Provence depuis la mer, la première à la délivrer de l’occupant. Oui, les Commandos d’Afrique sont bien des hommes d’une trempe incroyable, pétris de la rage de vaincre autant que de l’amour de la patrie qui ont redonné son honneur à la France.

Ils ont fait partie de ceux qui, un jour de leur vie, ont décidé de dire NON :

NON au déshonneur
NON à l’infamie,
NON à la lâcheté.

L’esprit de leurs exploits demeure intact tout comme leur devise « SANS PITIE ».

Ces hommes d’exception avaient choisi l’unité combattante la plus exposée, celle des missions réputées irréalisables. Mais surtout, un idéal commun les transcendait. Des valeurs essentielles les rassemblaient : la Liberté, l’Egalité, la Fraternité. La liberté. Elle guidait ces combattants, comme elle animait ceux qui venaient de percer le front en Normandie, mais aussi les Résistants de l’intérieur, qui sortaient enfin au grand jour et apportaient aux forces débarquées un concours déterminant. L’égalité. Elle était, dans l’épreuve du feu, la marque même de leur destin.
Egalité face à la peur, aux souffrances, à la mort.

Egalité aussi dans l’honneur et dans la gloire. Une gloire conquise en Tunisie, dès 1942, puis en Sicile et en Corse. Une gloire qui ne cesserait plus de les suivre jusqu’à les conduire du Rhône au Rhin et jusqu’au Danube. La fraternité enfin. Celle des armes, qui soudait dans un même élan, sous le drapeau français, ces combattants de toutes origines qui composaient la 1ère Armée faite de valeureux soldats venus de la métropole et de tous les horizons de l’Outre-Mer français.

Jeunes de l’Algérie, du Maroc et de la Tunisie, fils de l’Afrique occidentale ou de l’Afrique équatoriale, de Madagascar ou de l’Océan indien, de l’Asie, de l’Amérique ou des Territoires du Pacifique, tous se sont magnifiquement illustrés dans les combats de notre Libération. Ce groupe d’élite paiera un très lourd tribut à la victoire. Les Commandos d’Afrique sont alors rejoints par d’anciens résistants issus des maquis de Provence. Les Commandos de Provence du commandant de Courson sont intégrés et passent sous l’autorité du colonel Bouvet.

Le 13 octobre, les commandos rejoignent le secteur de Cornimont dans les Vosges où ils mènent des combats très durs dans la boue, le froid, la neige contre un ennemi bien retranché et supérieur en nombre. Le 3ème commando y est pratiquement anéanti. Dans la nuit du 19 au 20 novembre 1944, franchissant le canal de Montbéliard à la Haute-Saône, à l’écluse de Châlonvillars, les commandos  s’infiltrent dans le dispositif ennemi pour s’emparer du Fort de Salbert qui domine Belfort au nord-ouest.  Le lendemain les commandos d’Afrique sont les premiers à entrer dans Belfort.

Le 3eme Commando est une nouvelle fois décimé dans les combats du bois d’Arsot. Quarante Commandos d’Afrique, dont six officiers, meurent en combattant pour la libération de Belfort, entre les 20 et 22 novembre. Les commandos d’Afrique sont ensuite durant plusieurs semaines cantonnés à Giromagny.

Le 5 janvier,  le Groupe des Commandos d’Afrique devient le 5e bataillon de Choc qui à la fin du mois est engagé en Alsace dans des combats frontaux qui ne correspondent pas à leur mission. Il subit de lourdes pertes à Cernay. De retour à Giromagny on peut les voir s’entraîner sur les lacs de Bas-Evette en vue du franchissement du Rhin. Ils quittent définitivement Giromagny en avril et terminent la Seconde guerre mondiale sur le Danube. Durant deux ans, jusqu’en septembre 1945, Bouvet mène ses commandos d’Afrique de victoire en victoire.

Le 1er novembre 1945, le groupement des Commandos d’Afrique est dissout et refondu pour former le 1er régiment d’infanterie de choc aéroporté qui partira se battre en Indochine. En cet instant, je voudrais que l’on ai une pensée émue pour Pierre Velsch, avec qui nous avons tant partagé cette histoire du Débarquement de Provence ainsi que pour Henri Fabre disparu en 2023, et qui aurait fêté ces 100 ans cette année. Tous deux nés à Kouba, dans ce quartier populaire d’Alger, et qui comme les autres de leurs copains ont fait le choix de partir délivrer la France occupée…

Georges BONNET, Jean CREUSAT, Roger FONT, Georges GENER, Georges HILAIRE, Paul MARION, Raphael MUNOZ, Vincent PASTOR, Jean RIBERT, Roger SALORD, René SASTRE, Guy BONIN (dont on imagine combien il doit être fier de voir aujourd’hui son fils François porter haut ses couleurs) :

BARILLET
BOISDRON
COSNARD
HAUROU
de CASTELNAU
GUILLAUME
JEANNEROT… en ce jour représentés par leurs familles et tant d’autres…

Tout à leur joie de raconter: pour certains d’entre nous, nous n’avions pas 18 ans, nous avons dû falsifier nos pièces d’identité pour s’engager au combat. Avec eux, se sont envolés les derniers héros de notre histoire  » venu porter haut et fier le beau drapeau de notre France entière « , comme le chantait l’hymne de l’armée d’Afrique.

Je voudrais également évoquer la mémoire du Capitaine François de Leusse, mon grand-oncle, qui fut Maire de notre Commune durant 24 ans. Le 17 août 44, il libéra le fort de Brégançon en faisant preuve d’une incroyable audace, persuadant  l’ennemi que sa supériorité en hommes et en matériel était sans pareille, lui intimant ainsi l’ordre de se rendre. C’est à ces héros ordinaires, que nous devons une grande épopée de l’Histoire de notre pays. Leur engagement suprême est notre héritage. Il nous revient donc de le préserver, de le transmettre, de le faire fructifier contre tous les obscurantismes, contre l’ignorance, contre l’oubli, dire, raconter ce souvenir, agir à notre tour pour que cette histoire, trop peu connue de nos concitoyens, prenne toute sa place dans nos cœurs, à la juste mesure du sang versé, pour rappeler aussi que cette liberté est venue de la Méditerranée par les Français, les alliés, les combattants d’Afrique, unis dans l’amour de la liberté et de notre patrie. C’est à la lumière de la flamme qu’ils ont fait jaillir dans la nuit noire qu’a traversée notre pays que nous nous devons, à notre tour, d’éclairer le chemin de notre avenir.

Gloire à nos Commandos d’Afrique éternels, bien au-delà de leur propre vie.

Gloire à eux, libérateurs de nos Communes, formidables combattants dont le sacrifice et l’exemple ne s’éteindront jamais.

Gloire à vous qui êtes rentrés dans l’histoire et ne quitterez jamais nos cœurs. Votre âme continue de flotter parmi nous. Elle nous guide.

Permettez-moi, au nom de la population londaise, d’adresser à nos très chers Commandos, l’immensité de notre respect, la sincérité de notre admiration et le témoignage de notre indéfectible reconnaissance. Je m’incline en mémoire de ces hommes qui, par le sang versé, ont permis à la France de passer des abîmes aux sommets.

Et je proclame haut et fort
Vive Le Lieutenant-Colonel Bouvet !
Vive les immenses et éternels Commandos d’Afrique !
Vive La Londe !
Vive la France !

Reportage photos Philippe OLIVIER (PRESSE AGENCE – LA GAZETTE DU VAR).

A NOTER…

En présence de :

Monsieur le Député de la 3ème circonscription du Var,

Monsieur le Secrétaire Général de la Préfecture,
Monsieur l’Ambassadeur,
Messieurs les Maires de Bormes et du Lavandou et de Cavalaire-sur-Mer
Monsieur le représentant du Maire de Pierrefeu,
Madame la Conseillère départementale,
Mesdames et Messieurs les élus,
Mesdames et Messieurs les autorités civiles et militaires,
Les représentants des associations patriotiques,
Epouse, frères, sœurs, fils et filles, neveu des Commandos d’Afrique.