Chalutage de fond : l’alarmante situation au Sénégal, un danger pour ses communautés de pêche artisanale et ses fonds marins

Au Sénégal, les pêcheurs artisans sont en danger. La surpêche pratiquée par la flotte de chalutiers de fond menace leurs moyens de subsistance et, par extension, leur existence. Dans une nation où le poisson représente 40 % de toutes les protéines animales consommées, soutenant ainsi les moyens de subsistance d’au moins 169 000 personnes, la sécurité alimentaire de tout le pays est en danger. Nos diverses enquêtes examinent l’impact environnemental et socio-économique du chalutage de fond au Sénégal. Selon nos rapports, la flotte de chalutiers s’est significativement agrandie ces dernières années, augmentant de 12,5 % entre 2014 et 2018, malgré sa surcapacité initiale, perpétuant ainsi des pratiques de pêche non durables, nocives pour les environnements marins.

Des accords opaques favorisent le pillage des ressources du pays au profit de zones économiques comme celle de l’UE ou de la Chine, laissant leurs propres marchés vides et revoyant leur prix à la hausse. Ces rapports s’appuient sur des entretiens avec divers acteurs, y compris les communautés de pêche artisanale, le secteur industriel et le gouvernement, ainsi que sur une recherche approfondie et une analyse des données.

La flotte de chalutiers ne cesse de s’étendre, détruisant l’environnement marin et dépossédant les communautés côtières de leurs principales ressources. Le secteur de la pêche artisanale, qui fournit 80% du poisson du pays, est en concurrence inégale, subissant incursions illégales, détériorations de leurs conditions de travail et violences physiques et psychologiques.

Pour réduire les dommages causés par l’activité de chalutage de fond au Sénégal et assurer la protection des habitants des zones côtières du pays contre la spirale de la précarité, il est impératif que le gouvernement sénégalais prenne des mesures fortes et immédiates. De plus, les États et les entreprises en Europe et en Asie, impliqués dans cette industrie, doivent également assumer leur part de responsabilité.

EJF recommande d’adopter les actions suivantes :

• Prévenir et réduire les impacts du chalutage de fond sur l’environnement, y compris à travers une réduction de la capacité de pêche du secteur, et œuvrer à la restauration des écosystèmes dégradés
• Réformer la gestion des pêches en mettant l’accent sur la démarche participative
• Renforcer la transparence des activités liées au secteur de la pêche en adoptant la Charte mondiale pour la transparence des pêches.
• Renforcer le suivi, le contrôle et la surveillance des activités de pêche, et prévoir des sanctions efficaces et dissuasives à l’encontre des opérations de pêche illégale
• Protéger et promouvoir une pêche artisanale durable

Ce rapport a été financé par la coalition « Transform Bottom Trawling » (TBT). TBT est un mouvement mondial d’organisations qui œuvrent contre le chalutage de fond et pour la restauration de nos océans. La coalition rassemble des communautés locales de pêcheurs, des entreprises liées aux produits de la mer, des défenseurs de l’environnement et de la nature. La coalition s’appuie également sur les entreprises de tourisme local, des scientifiques, des experts en politique de la pêche qui se consacrent à un changement inclusif, holistique et durable du monde marin.