Skip to main content

BORDEAUX : Transitions écologiques et énergétiques, Alain…

Partager :

BORDEAUX : Transitions écologiques et énergétiques, Alain ROUSSET interpelle Gabriel ATTAL

Alain Rousset demande au premier ministre de clarifier les engagements de l’État sur les transitions écologiques et énergétiques.

Alain Rousset, président du Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, a adressé un courrier au premier ministre, Gabriel Attal, le vendredi 2 février, pour lui demander une « clarification des engagements de l’Etat sur les transitions écologiques et énergétiques dans le cadre des COP territoriales » :

« Après 2022 et ses sécheresses et incendies, 2023 et ses inondations, 2024 débute sans neige dans les Pyrénées faisant craindre pour l’activité touristique, la production d’hydro-électricité, les équilibres des milieux en montagne, mais surtout le soutien d’étiage cet été. Année après année, les pires scénarios des rapports du GIEC se confirment. À l’heure où la biodiversité s’érode plus que jamais, et que nous découvrons chaque mois de nouvelles contaminations des sols, de l’air ou de l’eau potable, il est plus que jamais urgent de maintenir le cap des transitions écologiques et énergétiques, et de ne pas revenir sur 20 ans de politiques environnementales.

Je soutiens votre volonté d’une écologie positive, car avant tout il faut donner envie, réenchanter les transitions, en innovant et en rendant les solutions accessibles à tous. Ainsi, à l’échelle qui est la sienne, la Nouvelle-Aquitaine a fait le choix de l’action et de l’accompagnement des acteurs du territoire depuis plusieurs années déjà avec notre feuille de route Néo Terra. Nous venons de l’actualiser pour renforcer le volet adaptation face au changement climatique qui s’accélère, et pour y inscrire deux nouveaux volets : « Une seule santé » dans son acception globale, mêlant l’humain à son écosystème, et les solidarités comme condition sine qua non d’une transition réussie. Or en quelques mois, les différentes annonces gouvernementales viennent de détricoter les maigres progrès environnementaux faits collectivement.

L’avant-projet de loi sur la souveraineté énergétique n’apparaît pas à la hauteur du défi, comme l’illustre la suppression de l’objectif de part d’énergies renouvelables dans la consommation brute d’énergie pour 2030, ainsi que celui de rénovation globale de l’ensemble du parc immobilier. En outre, la baisse de la consommation énergétique fossile y est insuffisante. La souveraineté énergétique ne pourra passer, d’ici 2030, que par les économies d’énergies et les énergies renouvelables (les nouveaux réacteurs nucléaires ne produiront pas d’électricité avant 2035-40).

Sur la biodiversité, mais aussi la santé humaine, les annonces sur les phytosanitaires que vous venez de faire sont à contre-courant de l’approche « Une seule santé », et ne feront qu’alourdir les investissements massifs que doivent réaliser nos collectivités locales pour épurer l’eau afin de la rendre potable. Je pense que nous encourons d’ailleurs un risque pénal, tant les preuves scientifiques de pathologies liées à ces usages sont patentes.

Ces annonces fragilisent également la production agricole elle-même. Les jachères, souvent en proximité des cours d’eau, et la réduction des traitements ont pour vertus de permettre le retour de la vie dans les sols et des auxiliaires de culture. Moins de produits chimiques en doses ou en superficies déclenche un cercle vertueux. Or aujourd’hui les agriculteurs eux-mêmes ont beaucoup progressé sur les quantités à la parcelle. Ce serait un mauvais signal que de faire marche arrière.

En dehors des manifestations que nous vivons actuellement, les agriculteurs ont parfaitement conscience de la nécessité de la transition agro-écologique. La vraie question est celle de leur accompagnement, d’une part sur les paiements pour services environnementaux et d’autre part sur la mise à disposition d’alternatives. Ainsi en Nouvelle-Aquitaine, nous avons structuré une filière sur les produits de biocontrôles et biosolutions, mais nous attendons encore l’examen de leur homologation par l’ANSES.

Garantir aux agriculteurs un revenu décent et le droit de vivre de leur travail est essentiel. Les solutions existent : l’application de la loi Egalim, les droits de douanes, les productions énergétiques (méthaniseurs, photovoltaïque sur les toits des bâtiments), les paiements pour services environnementaux…

Il en va de notre responsabilité collective d’écouter la science et de protéger nos populations. Le rôle du politique est d’anticiper et d’accompagner. Le 1er décembre, j’ai participé au lancement de la COP territoriale Nouvelle­Aquitaine aux côtés du ministre Christophe Béchu, en soulignant l’intérêt de cette démarche transversale de planification écologique censée nous fixer un cap collectif pour 2030. Pourtant, à ce jour, je ne vois que des annonces qui vont dans le sens contraire des leviers identifiés par votre Secrétariat général à la Planification écologique. Ainsi, je souhaite savoir si cette démarche de COP territoriale est toujours d’actualité et dans vos priorités ».