BIOT : Lancement du deuxième Prix littéraire Stéphane Fra…
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BIOT : Lancement du deuxième Prix littéraire Stéphane Frantz di Rippel
Après le succès de l’édition 2022 qui a primé « Le clandestin de Daesch » de Christophe Lamfalussy et Georges Dallemagne (Ed. Kennes), la Ville de Biot présente les six auteurs présélectionnés pour le Prix littéraire Stéphane Frantz di Rippel* édition 2023 qui récompense le journalisme de reportage sur le terrain.
Pour la deuxième édition, trois prix seront décernés : le prix du Jury attribué par 10 journalistes professionnels issus des différents médias français nationaux et régionaux, le prix de la Ville de Biot et le prix des lecteurs décerné par un panel de lecteurs azuréens. Le Prix Stéphane Frantz di Rippel a été créé en mémoire du directeur du Novotel d’Abidjan en Côte d’Ivoire où il est nommé en 2009. Le pays est alors en en pleine crise et l’hôtel est occupé par de nombreux journalistes français, venus couvrir les soulèvements post-électoraux. Le 4 avril 2011, des miliciens armés proches de Laurent Gbagbo entrent dans l’hôtel et demandent à Stéphane s’il loge des journalistes. Il nie leur présence et les cache ; pour cet acte de bravoure qui les sauvera, il est kidnappé avec trois autres hommes d’affaires. Il sera ensuite torturé à mort. Son décès est annoncé le 2 juin 2011 mais son corps ne sera jamais retrouvé.
Les livres en compétition pour l’édition 2023 :
Les enfants du Purgatoire de Claude Ardid (Editions de l’Observatoire)
La BPF (ex-Brigade de protection des mineurs) est cette unité de police qui recueille les terribles témoignages d’enfants et adolescents victimes de violences physiques, morales ou psychologiques, et mène les enquêtes. Le journaliste Claude Ardid a passé deux mois en immersion totale à la BPF de Marseille, aux côtés de ces policiers hors du commun : la section intrafamiliale spécialisée dans les maltraitances psy et les comportements incestueux ; la section opérationnelle en charge des dossiers de mœurs, de prostitution et de disparitions inquiétantes ; le groupe Internet, véritable tour de contrôle de contenus pédopornographiques ; et les groupes de nuit. Un travail acharné de gardes à vue, d’auditions et de surveillance mené en collaboration avec des juges et magistrats qui ont aussi ouvert leurs portes à l’auteur. Cette enquête inédite met en évidence l’explosion des chiffres. Toujours plus de coups, d’enfants abîmés, de jeunes filles obligées de faire le trottoir. Mais elle met aussi en lumière l’investissement, l’abnégation, le sens du devoir uniques de ces fonctionnaires de police.
Claude Ardid est journaliste grand reporter pour Charlie Hebdo, « Envoyé spécial », « Complément d’enquête », Var Matin ou Nice Matin.
« Jeunes à crever » de Guillaume Auda (Editions Le Cherche-Midi)
Une immersion totale au cœur d’un procès historique, construite comme un roman choral, autour de plusieurs acteurs récurrents : une avocate de la défense, des victimes, les accusés… Une génération à la loupe avec, en toile de fond, le terrorisme islamiste. À CREVER JEUNES Après les scènes d’horreur du Bataclan, des terrasses et du Stade de France, vint le temps de la justice. Au déferlement de violence répondirent les témoignages, les débats et les plaidoiries. Pendant dix mois. Guillaume Auda s’est rendu quasiment tous les jours aux audiences du Palais de justice. Lui qui avait couvert en reportage l’émergence de l’État islamique, lui qui fut parmi les tout premiers journalistes devant le Bataclan le soir du 13 novembre 2015, puis à Molenbeek lors de la traque des terroristes, s’est totalement immergé dans ce procès historique. Dans Jeunes à crever, il fait le récit de ces dix mois en apnée, entre l’abjection sans âme du RÉSUMÉ terrorisme et les insoutenables drames individuels. Avocats de la défense ou des parties civiles, rescapés et témoins privilégiés… Guillaume Auda suit au plus près différents protagonistes, dresse le portrait d’une génération frappée de plein fouet par les attentats, explore les coulisses du procès et tente de saisir l’âpre vérité qui se révèle au fil des jours. Il en tire une émouvante et fascinante comédie humaine, un document qui donne la parole à tous, qui ne tait ni les doutes ni la colère, pour livrer une vision juste, à hauteur d’hommes, de ce moment historique.
Guillaume Auda est grand reporter. Il a été correspondant à Jérusalem pour France 24 et RTL. Il a couvert plusieurs conflits armés, notamment en Israël et à Gaza, ainsi que, pour iTélé et Canal+.
Les aurores incertaines de Samuel Forey (Editions Grasset)
Un matin brumeux de janvier 2011, Samuel Forey découvre qu’une révolution a éclaté en Égypte. Le Caire s’est embrasé et des milliers de révoltés ont pris d’assaut la place Tahrir, centre névralgique et politique de la capitale. Alors qu’il tentait de gagner sa vie comme journaliste depuis de nombreuses années, Samuel Forey prend une décision radicale . Du jour au lendemain, il quitte Paris et s’envole vers l’Egypte, à la recherche du grand soir.
S’ensuit une odyssée de six années au Moyen-Orient, au cœur du Caire tumultueux, traquant des rebelles dans le labyrinthe de roche et sable du Sinaï, s’initiant au reportage de guerre à Alep ou Gaza, partageant le quotidien des combattants kurdes en Syrie ou des soldats irakiens dans le chaudron brûlant de la bataille de Mossoul, en Irak, la plus importante guerre urbaine depuis la Seconde Guerre mondiale — au contact de l’humanité dans son extrême, pour le pire comme pour le meilleur.
Mais ce périple est aussi un cheminement intérieur. Profondément marqué par la perte précoce de ses parents, Samuel Forey fait l’apprentissage du deuil et de la mort. Quête du père, quête de soi, quête de sens, jusqu’au bout, là où le voyage se termine et le voile se déchire, quelque part dans l’explosion d’une mine, lors de la bataille de Mossoul.
Tout à la fois carnet de route, journal intime et récit initiatique, magnifiquement écrit, dans la tradition des écrivains d’aventure et de combat, les Aurores incertaines nous emmènent au cœur des tourments de ce début de siècle.
Samuel Forey est correspondant à Jérusalem pour Libération et Le Soir.
Nos amis les Saoudiens de Audrey Lebel (Grasset)
C’est l’histoire d’un soutien français à une monarchie absolue dont on n’ose prononcer le nom. Où l’omerta et les tabous sont rois. Où, depuis l’arrivée d’un jeune prince sans expérience, sanguinaire et colérique, règnent la terreur et la corruption : les opposants sont condamnés sans procès, les plus riches fortunes du pays séquestrées, une guerre sanglante est menée au Yémen, un journaliste est assassiné dans un consulat à Istanbul. Quand d’autres pays ont condamné l’Arabie Saoudite, qu’a fait la France face à ces dérives ? Elle a œuvré à renforcer son partenariat, maintenu l’envoi de munitions, invité des soldats saoudiens à se former dans la plus prestigieuse école militaire française, mis au service du royaume ses communicants les plus redoutables, développé encore davantage ses accords culturels avec le royaume… Entreprises d’armement, chefs étoilés, architectes, économistes, politiques, présidents d’institution culturelle : tous aimeraient vendre leur savoir-faire à l’Arabie saoudite. A quel prix ? Malgré l’opacité, les mystères et les portes closes, Audrey Lebel nous offre une enquête inédite sur les relations franco-saoudiennes et lève le voile sur l’aveuglement complice du pays des droits de l’Homme dans les crimes perpétrés par Riyad.
Audrey Lebel est une journaliste indépendante qui collabore notamment à La Revue Dessinée et au Monde diplomatique.
Silence dans les champs de Nicolas Legendre (Editions Arthaud)
« C’est pas la Corse ici. On te tue pas. C’est plus subtil. C’est sournois. La peur… »Depuis les années 1960, le « système » agro-industriel fait naître des empires transnationaux et des baronnies rurales. Il crée des usines et des emplois. Il entraîne la disparition progressive des paysans, l’asservissement de nombreux salariés de l’agroalimentaire, l’altération des écosystèmes et la généralisation de la nourriture en boîte. Il s’impose au nom de la realpolitik économique et de la foi dans une certaine idée du » progrès « . Il prospère grâce à la bienveillance, l’impuissance ou la lâcheté des autorités. Il engendre ses propres mythes, capables de façonner durablement les mentalités. Il enrichit considérablement une minorité, alors que certains se contentent de survivre grâce aux subventions ou doivent s’estimer heureux parce qu’ils ont un travail. Il fait taire des récalcitrants à coups de menaces, de pressions, d’intimidations, de calomnies ou de sabotages. La violence est son corollaire. Le silence, son assurance-vie. Comment le définir ? « Féodalité », répondent les uns. « Esclavage moderne », disent les autres. « Oligarchie » ou « mafia », jurent certains…Enquête au long cours jalonnée de témoignages saisissants, Silence dans les champs est une immersion glaçante dans le principal territoire agro-industriel de France : la Bretagne.
Nicolas Legendre est journaliste au Monde.
La mort fantôme de Guerric Poncet (Les Editions du Rocher)
Depuis que la guerre existe, les assassinats ciblés en font partie. L’objectif ? Supprimer un personnage jugé stratégique chez l’ennemi. De l’espion isolé aux commandos lourdement armés, de la fiole de poison au missile de croisière, tous les moyens sont bons. Les Américains tirent à vue. Les Israéliens s’infiltrent des années dans un réseau avant de frapper sa tête. Les Russes, eux, sont adeptes des substances radioactives qui tuent lentement mais sûrement.
A l’aube du XXIe siècle, la donne a été bouleversée : les drones dotés d’intelligence artificielle sont devenus opérationnels. Utilisés dans des conflits militaires conventionnels, notamment par l’Ukraine face à l’invasion russe début 2022, ils sont aussi d’une extrême efficacité dans l’art de tuer avec précision. Tout en nous plongeant dans l’Histoire au long cours, de l’assassinat du roi d’Aragon à celui d’Oussama Ben Laden, La Mort fantôme fait également un inventaire de ces armes d’un genre nouveau, qui préfigurent les guerres hybrides de demain, en esquissant cinq scénarios d’éliminations ciblées dans le futur.
Guerric Poncet est journaliste au Point et spécialiste des questions de défense.