TOULOUSE : 3 questions à Victor BELLOC, paysagiste
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TOULOUSE : 3 questions à Victor BELLOC, paysagiste
Victor Belloc est paysagiste concepteur à Terreauciel à Toulouse.
Qu’est-ce que Terreauciel ? À quel titre intervenez-vous pour le compte du Département dans les collèges ?
Nous sommes une société coopérative réunissant des paysagistes concepteurs et des ingénieurs agronomes. Notre domaine d’intervention couvre aussi bien l’accompagnement de décideurs pour les aider à concevoir des projets d’agriculture urbaine (comme des potagers en pied d’immeuble ou des fermes urbaines, installation maraichère en périphérie de ville, valorisation de friches, etc.) que plus largement la conception paysagère et la végétalisation de l’espace public. Les collèges en font partie. C’est à ce titre que nous avons été choisis par le Département. Notre philosophie, c’est d’intégrer pleinement la nature en ville, non pas comme un simple décorum mais pour qu’elle déteigne sur la qualité des ambiances et des usages. Notre préoccupation est aussi de recréer des écosystèmes, de préserver la biodiversité et donc de laisser des espaces un peu plus sauvages. Nous favorisons les essences locales, champêtres ou méditerranéennes moins gourmandes en eau et adaptées au changement climatique. Nous travaillons aussi pour désimperméabiliser les sols. En résumé nous intervenons pour que la ville de demain accueille davantage le végétal et le vivant !
Pourquoi intervenir dans les collèges ?
Pendant les 30 Glorieuses et dans un contexte de reconstruction dans l’immédiat après-guerre, les décideurs politiques ont fait le choix de la fonctionnalité en optant pour le bitume assez peu cher. À l’époque, on ne se préoccupait pas de réchauffement climatique. Le bien-être des élèves passait au second plan. Depuis les années 2000-2010, on assiste à un retour de balancier face aux problèmes causés par la minéralisation des espaces. Ce sont des lieux invivables en été qui engendrent des problèmes de gestion des eaux pluviales mais aussi de santé publique. L’heure est donc à la réintroduction du végétal en ville et de facto dans les collèges pour les adapter au réchauffement climatique. C’est une vraie prise de conscience. Et les jeunes générations sont en attente de ça. À cette première préoccupation se greffe aussi le fait de lutter contre les tensions qui peuvent être exacerbées dans des cours vides et entièrement minéralisées, transformées en terrain de foot et accaparées par les garçons au détriment des filles. Nous militons pour que se développent d’autres pratiques et qu’on redonne de l’espace à celles et ceux qui étaient exclus grâce à la réintroduction du végétal, mais aussi de mobilier, bref de diversité.
Justement vous accordez une grande importance à l’accompagnement des usages. Qu’est-ce-à-dire ?
Pour nous, l’appropriation des espaces et donc la question des usages est centrale. C’est dans cet esprit que nous sommes intervenus au collège Pierre Labitrie à Tournefeuille. Il s’agit pour le Département de la troisième opération de ce type après celles menées au collège Antonin Perbosc à Auterive et au collège Voltaire à Colomiers. Au préalable, nous avons réuni les usagers, personnels et élèves. Avec ces derniers, nous avons travaillé sur maquette pour leur demander les lieux qu’ils affectionnaient ou au contraire aimaient moins. À l’automne 2022, nous leur avons fait des propositions d’aménagement. Très concrètement, nous allons transformer une étendue de 3000 mètres carrés qui servait jusqu’à présent, et de façon exclusive, de terrain de foot en vrai espace boisé et ombragé ; notre objectif est d’apporter davantage de bien-être aux collégiens et aux personnels en améliorant le confort climatique. Dans un second temps, nous projetons de désimperméaliser la cour de récréation en cassant le bitume pour créer des îlots de fraicheur avec des aires en copeaux de bois, du mobilier ou des espaces avec des arbres qui prendront de l’ampleur dans quelques années et offriront de l’ombre. Dans les prochains mois, nous allons travailler sur la rénovation des cours d’autres collèges en binôme avec Julie Poirel une autre paysagiste, et ce à raison de quatre collèges par an.
SOURCE : Conseil départemental de la Haute-Garonne