TOULON : BAUMIER fait la soudure de génération en génération
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TOULON : BAUMIER fait la soudure de génération en génération
Experte des procédés de soudage depuis la fin du 19e siècle, Baumier SA perpétue sa longue histoire industrielle sous la conduite éclairée de Xavier Cantillon. En première ligne sur les marchés de l’armement, l’entreprise se donne les moyens humains et techniques de ses ambitions.
« Si l’on apprenait à penser comme on apprend à souder, nous connaîtrions le peuple roi ». A la fin du 19e siècle, alors que le journaliste Alain s’essayait brillamment à la philosophie, naissait l’entreprise Baumier par la volonté de son fondateur Etienne Baumier de répondre aux besoins des chantiers navals et de l’arsenal maritime. Une activité de soudure et chaudronnerie qui en fait un fleuron industriel, au point de permettre à l’établissement toulonnais, implanté naguère au champ de mars, puis sur le site du nouvel hôpital Sainte-Musse et enfin (depuis 1983) en ZI de Toulon-Est, de compter jusqu’à 120 personnes à son firmament. De fils en petit-fils, les Baumiers ont régné sur leur firme avec des hauts et des bas jusqu’en 1991 et le rachat par Gérard Petretto, capitaine d’industrie qui avait le vent en poupe. Peu après, en 1995, entre dans l’entreprise un jeune technicien chargé d’affaire qui gravira les échelons pour en devenir le dirigeant principal en 2017, à l’issue d’un processus de passation enclenché dès 2012, Xavier Cantillon. Respect mutuel, considération et intelligence de situation ayant constitué les éléments fondateurs de cette transmission.
Valeurs humaines
« Il était primordial de s’inscrire dans cette histoire familiale, dans ces valeurs humaines que nous perpétuons en interne », revendique ce chef d’entreprise affable, très fier d’évoquer cet état d’esprit commun entre personnes différentes, mais qui se ressemblent et se rassemblent. « Nous transmettons de générations en générations dans l’atelier. Franck, chaudronnier de 53 ans, apprend à François, 25 ans, ce qu’il a reçu lui-même de Gilbert. Pareil pour Aziz, 40 ans, notre meilleur soudeur, formé par son père, pour qui il importe de donner son savoir. En outre, nous prenons des alternants en permanence, en ce moment un CAP, un Bac Pro, un élève ingénieur arts et métiers ». En fait, on ne part pas de chez Baumier, on écrit son histoire. Ici, on emploie des compagnons, de travail, de vie, y compris en conviant les anciens aux grands repas de l’entreprise. Même après, on reste « soudés ».
Si la passion fait partie de la réussite, la compétence est conviée plus souvent que de coutume et la qualité érigée en credo. Incontournable pour aller à la guerre… Ou plutôt pour être encore et depuis toujours sur le pied de guerre, prêt à (ré)agir avec souplesse et efficience aux besoins très orientés de défense terrestre, navale, aéronautique.
Diversification sans précédent
Forte de sa longue expertise de maître d’œuvre d’ensembles mécano-soudés à base de chaudronnerie de précision et de tôlerie, Baumier était il y a 6 ans très présent sur les marchés de l’armement terrestre, notamment auprès de clients majeurs – qui le demeurent – comme Nexter (ex-GIAT Industries) et Arquus (véhicules militaires), mais très dépendant aussi. Xavier Cantillon a diversifié, développant l’activité navale, notamment via un chargé d’affaires dédié, et réinvesti la base navale du premier port de Défense de la Méditerranée. Une vraie logique de proximité, historique aussi, faisant valoir son savoir-faire rare, spécifique, puisque la société ne travaille que dans ses ateliers, pas sur chantiers, laissant ce segment de marché à d’autres. Qualité de la production, à un haut niveau de certifications et contrôles, réactivité avec une grande flexibilité du temps de travail, parc machines modernisé en permanence…, autant d’atouts, et bien d’autres, qui ont permis de prendre avec succès un nouveau cap, tout en confortant l’existant. De nombreux secteurs sont concernés par la nouvelle montée en puissance, la robotique sous-marine, le nucléaire, le médical, le spatial, le ferroviaire, l’agro-alimentaire.
« Nous avons investi dans les ressources humaines et techniques, remis l’outil à niveau afin de parfaitement gérer en interne l’intégralité du process de fabrication, bénéficiant d’ailleurs en partie pour cela des aides de France Relance, ce qui nous a valu la visite de monsieur le préfet du Var. Notre PME en a été honorée ! Non seulement les résultats suivent, mais nous nous sommes mis en capacité de répondre aux demandes croissantes de nos clients, surtout depuis le début du conflit en Ukraine ».
Besoins d’expansion
Les effectifs et le chiffre d’affaires ont été multipliés par deux pour remonter à 27 salariés (dont 12 soudeurs qualifiés et des chaudronniers de métier) et 4,5 millions d’euros de chiffre d’affaires en quelques années, remplaçant les inquiétudes de la dernière décennie par des perspectives très encourageantes, de nature à se trouver potentiellement à l’étroit dans les 2 500 m2 actuels. « Il nous manque au moins 1 000 m2 », commente Xavier Cantillon, tout en se penchant sur des alternatives. « Tout est mesuré, réfléchi, les embauches, les investissements, les développements, la diversification, l’état des marchés actuels et à venir, les prix de l’énergie, la hausse du coût des matériaux, la conjoncture mondiale qui déclenche de nouveaux besoins et de nouvelles attentes des grandes entreprises d’armement. Il faut savoir y répondre, tout en considérant nos propres paramètres ». Les besoins en expansion au regard des conflits, le retour en force et sans précédent depuis 30 ans de la loi de programmation militaire, passant de 295 à 413 milliards d’euros sur la période 2024-2030, et sera qui probablement de la même veine pour la suivante compte tenu des commandes de grands équipements (second porte-avions, nouvelles générations de sous-marins, modernisation des chars, renouvellement des avions de transport aérien…), sont autant de « munitions » pour envisager l’avenir en connaissances.
Chez Baumier, sous l’inclination inspirée de Xavier Cantillon, on apprend à penser comme on apprend à souder, et à régner avec humilité sur sa niche d’activité au sein de l’Union des industries et métiers de la métallurgie, mais également de l’Union Patronale du Var à laquelle la firme adhère depuis 1941 ! Une fidélité record !
SOURCE : Var Entreprises – Newsletter de septembre