SAINT TROPEZ : « Et si nous parlions de la pollution de l…
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SAINT TROPEZ : « Et si nous parlions de la pollution de la mer Méditerranée », par Sylvie Bourgeois Harel
Le matin, à Saint-Tropez où elle habite dorénavant, dès qu’elle se réveille, elle va à pied nager dans la mer.
« C’est mon grand plaisir. Mon grand bonheur. Mon sentiment de liberté. Mon amour infini. Et chaque matin, en admirant ses eaux calmes et claires qui me rassurent et me consolent, je me demande ce que je peux faire pour sauver la Méditerranée que j’aime tant, pour laquelle j’ai quitté Paris et mes amis, de toute cette pollution qui ne fait qu’augmenter.
En effet, je suis effondrée d’apprendre que la Méditerranée fait partie des mers les plus polluées du monde. Alors que la Méditerranée est un trésor. Et depuis toujours. Le bassin méditerranéen a été le berceau de nombreuses civilisations qui remontent à plus de 9000 ans avant Jésus-Christ, et qui ont bâti le monde dans lequel nous évoluons aujourd’hui.Reliant trois continents, l’Afrique du Nord, l’Asie de l’Ouest et les côtes d’Europe, elle s’étend sur environ 2,5 millions de kilomètres carrés, ce qui équivaut à 5 fois la superficie de la France. Étymologiquement, son nom veut dire : la mer au milieu des terres.
Son histoire est fort surprenante. Il y a 7 millions d’années, des mouvements de plaques tectoniques ont bouché les nombreux détroits qui se trouvaient à l’emplacement actuel du détroit de Gibraltar qui n’existait pas encore, empêchant l’eau de l’Océan Atlantique de remplir la Méditerranée afin que celle-ci garde sa quantité normale d’eau. La Méditerranée a fini par s’assécher, d’énormes couches de sel se sont accumulées dans le fond, la transformant en un immense désert de sel qui duré pendant 700 000 ans.
Heureusement, il y a environ 5,3 millions d’années, de nouveaux mouvements tectoniques ont créé le détroit de Gibraltar, laissant ainsi l’eau de l’Océan Atlantique l’approvisionner de nouveau. Même si, à l’époque, cette chute d’eau avait un débit, paraît-il, mille fois plus important que celui des chutes du Niagara, il a fallu attendre plusieurs siècles afin que la Méditerranée se remplisse à son niveau initial. On peut d’ailleurs encore trouver à certains endroits dans les fonds marins des zones composées de plus de 1000 mètres d’épaisseur de sel.
Chaque année, la Méditerranée perd environ un mètre d’épaisseur d’eau par évaporation, laissant les sels se concentrer, ce qui explique pourquoi on flotte mieux en Méditerranée que dans l’Océan Atlantique. Cette perte est compensée par l’eau des pluies et des rivières, par l’eau de la mer Noire et celle de l’Océan Atlantique. Pour renouveler complètement l’eau de la Méditerranée, il faudrait compter 100 ans.
Mais aujourd’hui, les chiffres sont alarmants concernant la pollution, notamment celle due aux millions de tonnes de plastiques qui représentent 95% des déchets trouvés en haute-mer, dans les fonds marins ou sur les plages. Ces déchets proviennent principalement de la Turquie, de l’Espagne, de l’Italie, de l’Egypte et de la France. En effet, d’après les études du WWF, l’Europe, le deuxième producteur de plastique après la Chine, déverserait, chaque année, dans la mer, entre 150 000 et 500 000 tonnes de macro-déchets en plastique et entre 70 000 et 130 000 tonnes de micro-plastiques. Ces plastiques constituent une menace majeure pour la faune et la flore marine, mais aussi pour les êtres humains qui se nourrissent de poissons qui ont, au préalable, ingurgités du plastique.
Toujours d’après le WWF, il paraîtrait que la concentration de micro-plastiques serait presque quatre fois plus élevée en Méditerranée que dans le « Vortex de déchets » du Pacifique nord.
On le sait, les industries qui fabriquent le plastique ne cessent de croître, et dans le monde entier. Ce que l’on sait moins, c’est qu’en Europe, seuls un tiers des déchets sont recyclés. Alors que le recyclage est l’une des solutions, mais la demande en plastique recyclé reste confidentielle, seulement 6% de la demande annuelle.
Il arrivera, un jour, où il y aura plus de plastique dans la Méditerranée que de poissons.
Alors oui, chaque matin, je me demande ce que je peux faire pour sauver ma Méditerranée que j’aime, de toute cette pollution. J’informe. J’en parle autour de moi. J’écris sur le sujet. Je questionne les politiques. je fais des vidéos. J’agis. Mais ce n’est pas suffisant. Régulièrement, on me répond que c’est l’économie et que l’on ne peut rien contre l’économie. Mais c’est faux. Cette économie, qu’elle soit l’économie due au tourisme ou à la pêche, perd beaucoup d’argent à cause de cette pollution, et elle en perdra encore plus quand il sera trop tard » !
Sylvie Bourgeois Harel.