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PARIS : Terra Nova – La Syrie entre réconciliation …

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PARIS : Terra Nova – La Syrie entre réconciliation nationale et ingérences étrangères, le cas de la Turquie

Le régime de Bachar al-Assad avait été sauvé par l’intervention croisée de l’Iran et de la Russie.

Aujourd’hui, après la fuite d’Assad et l’entrée victorieuse d’un groupe issu du djihadisme à Damas, trois puissances étrangères bombardent le pays : la Turquie, Israël et les Etats-Unis. Dans une situation très instable, après la célébration de la fin de la dictature, comment le pays va-t-il se stabiliser et se reconstruire ?

La Turquie a suivi l’évolution de la Syrie depuis le début des soulèvements contre Bachar Assad en 2011. Dans un premier temps, en 2011, la Turquie a essayé de convaincre Bachar al-Assad de faire des réformes pour apaiser la situation. Mais à partir d’août 2011, quand Bachar al-Assad a commencé à réprimer violemment la rébellion, le gouvernement turc a apporté son soutien à une partie des rebelles. Essentiellement ceux qui étaient en relation avec les réseaux de Frères musulmans, proches du parti d’Erdogan. La création de l’armée libre syrienne (ALS) s’est faite avec les opposants arabo-syriens, des Turkmènes arabes syriens mais aussi des djihadistes venus d’un peu partout. La Turquie a ouvert ses frontières pour le passage des milliers de djihadistes du monde entier qui sont arrivés en Syrie : jihadistes afghans, ouzbeks, tchétchènes, ouighours, etc. La Turquie n’a pas participé directement au soutien à l’État islamique en Syrie, mais a plutôt favorisé les mouvements conservateurs et a soutenu la création en 2013 d’un « gouvernement provisoire syrien » en exil qui « gouverne » les régions sous occupation de l’armée turque au nord-ouest de la Syrie.

En 2011-2012, l’affaiblissement du régime d’Assad en Syrie a laissé émerger un mouvement kurde syrien dans le Nord du pays, avec le soutien de l’organisation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Environ 2 millions de Kurdes (à peu près 10% de la population syrienne, estimée à 20 millions d’habitants) vivent dans une région contrôlée par un pouvoir autonome kurde. Pour la Turquie, c’est immédiatement devenu un sujet de préoccupation qui a dépassé les enjeux du maintien au pouvoir ou de la chute de Bachar al-Assad, témoignant de sa hantise de voir la création d’un espace kurde autonome au Nord de la Syrie, c’est-à-dire le long de la frontière avec la Turquie. Une inquiétude déjà prégnante dans les années 1990 après la première guerre du Golfe contre Saddam Hussein, quand des zones d’exclusion aériennes imposées à Saddam au nord et au sud de l’Irak, avaient permis la création d’une autorité autonome kurde en Irak. Pour l’Etat turc, aujourd’hui, la priorité est l’affaiblissement des Forces démocratiques syriennes et leur retrait des frontières de la Turquie. C’est pourquoi l‘armée turque et les composantes de l’Armée libre syrienne ont commencé à occuper des territoires tout au Nord de la Syrie, d’abord Jarablous en 2017 et la région d’Afrin en 2018.

Dans un deuxième temps, la Turquie a contribué à regrouper des forces rebelles conservatrices dans la région d’Idlib. A partir de 2015, les forces de Damas, grâce au soutien de la Russie et de l’Iran, via le Hezbollah, ont commencé à reprendre le contrôle des villes importantes comme Hama, Homs, Alep…  La position de la Turquie était ambivalente parce que d’un côté, elle était en négociation avec la Russie et normalement devait contrôler les points de passage tout au long de la ligne de séparation de cette région d’Idlib avec le reste de la Syrie. Je ne pense pas que la Turquie ait tenu ses engagements mais il y avait un modus vivendi avec les Russes, même si ceux-ci bombardaient régulièrement la région. C’est donc dans cette région sous contrôle turc qu’est apparue, après une transformation d’Al-Qaïda local, Hayat Tahrir al Cham (HTC) qui est devenue la force dominante de la région.

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