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PARIS : Souveraineté, au cœur de la responsabilité

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PARIS : Souveraineté, au cœur de la responsabilité

Les stratégies d’entreprise pas plus que celle de l’État ne peuvent plus méconnaître l’enjeu de souveraineté, qui conditionne le pérennité des filières industrielles ou agricoles.

Parce qu’elle protège les actifs stratégiques, les droits sociaux et l’environnement, la souveraineté est une condition de la transition écologique des économies. Entretien avec Philippe Jourdan (IAE Gustave Eiffel) et Jean-Claude Pacitto ( IAE Paris-Est, UPEC).

Vous avez publié La RSE impactée par la souveraineté économique : enjeux et perspectives¹. L’acronyme RSE peut avoir plusieurs définitions selon le sens que l’on donne aux lettres : « s », sociale ou sociétale ; « e », entreprise ou environnementale. Quelle définition a votre préférence ?

Jean-Claude Pacitto : Nous privilégions le terme « social », car il semble plus neutre et moins idéologiquement chargé que « sociétal », qui renvoie à des visions du monde potentiellement clivantes. Les cadres « sociétaux » viennent souvent d’une perspective anglo-saxonne, éloignée des réalités françaises. Par exemple, les questions ethniques, au centre du débat public anglo-saxon, restent marginales dans notre conception de la citoyenneté. Il est important de reconnaître cette différence dans nos discours. La responsabilité revient d’abord aux entreprises, avec plusieurs champs d’action possibles. La notion de responsabilité sociale des entreprises indique que leur objectif n’est plus seulement économique. Elles doivent tenir compte de facteurs qui affectent globalement la vie sociale, comme l’environnement et la justice sociale. Quant au volet environnemental (le « E » de RSE), il s’agit, dans ce contexte d’urgence écologique, de protéger l’environnement, mais il serait pertinent d’élargir cette notion aux écosystèmes dans leur ensemble, en considérant l’interdépendance entre tous les systèmes vivants, pour mieux faire face aux défis environnementaux.

Si l’on voulait définir en négatif la souveraineté économique, quel serait le modèle de comportement d’entreprise qui s’en éloignerait le plus ? Celui des Gafam agissant comme de véritables États ?

Philippe Jourdan : Les Gafam révèlent avant tout une perte de souveraineté des États et leur incapacité à faire respecter certaines règles, notamment en matière de lutte contre les monopoles. Leur croissance spectaculaire découle de l’incompréhension des États face aux enjeux technologiques et de leur échec à créer des champions nationaux ou européens capables de rivaliser. La transition des États stratèges vers des États régulateurs, observée partout en Europe, a eu des effets délétères. Les Gafam sont le fruit de nos faiblesses et de notre manque d’anticipation. Nous avons ignoré que la circulation des informations, facilitée par ces géants, est en réalité contrôlée. Nous avons cru en un espace informationnel libre de toute relation de pouvoir, mais nous faisons désormais face à des entités redoutables qui dominent cet espace.

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SOURCE : ILEC – La Voix des marques.