PARIS : Samuel Lafont dans Causeur : « Pourquoi la tech amé…
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PARIS : Samuel Lafont dans Causeur : « Pourquoi la tech américaine est en pleine mutation idéologique »
La tech américaine est en pleine mutation idéologique.
Et ce n’est pas un hasard.
« Dans cet entretien que j’ai accordé à Causeur, je révèle pourquoi Meta et les géants du numérique font apparemment volte-face sur leur politique de censure. En réalité, cette évolution est bien plus progressive qu’il n’y paraît. Et la cause est multifactorielle. Les critiques qui concernent les réseaux sociaux sont souvent déplacées, infondées, exagérées. Des « bulles cognitives » ? Cette tendance naturelle à s’entourer de gens qui pensent comme nous existait bien avant Internet. Qu’est-ce qu’un café de quartier, sinon un lieu où se retrouvent des habitués, partageant les mêmes sujets de discussions ? Qu’est-ce qu’un journal comme Libération ou Le Monde, sinon des bulles médiatiques ?
Avant de critiquer les réseaux sociaux, la presse classique devrait se regarder dans un miroir : les réseaux sociaux sont au contraire un formidable espace de liberté. Cette révolution silencieuse ouvre de nouvelles perspectives pour notre camp. Comme je l’explique dans l’article, « si les contenus de droite rencontrent sur X plus de succès que ceux de gauche, c’est d’abord la preuve que la droite a gagné la bataille culturelle ». Samuel Lafont.
Découvrez l’intégralité de son analyse dans Causeur ou en intégralité ci-dessous.
J’étais également dans la matinale de Frontières pour parler de notre campagne nationale contre les ZFE, du droit du sol et de la nationalité en général, ainsi que des élections à venir, municipales et présidentielle.
Directeur de la stratégie numérique (et des levées de fonds) de Reconquête, Samuel Lafont n’a pas été surpris par le revirement idéologique de Mark Zuckerberg, le patron de Facebook. Selon lui, la tech américaine s’éloigne du wokisme pour la simple raison que la majorité des internautes ne sont pas woke.
Causeur. Selon plusieurs journaux américains, la victoire de Donald Trump est due notamment aux conseils de son fils Barron, qui lui a recommandé d’abandonner les médias traditionnels pour se concentrer sur les plateformes numériques. Les partis français doivent-ils suivre cet exemple ?
Samuel Lafont. Je crois qu’on caricature un peu la stratégie médiatique de Donald Trump. Cela dit, il me semble légitime de s’interroger sur l’avenir des journaux classiques. Rien ne dit qu’ils soient éternels. Le philosophe Jacques Bouveresse a souligné le décalage qui existe, par définition, entre le rythme de production de la presse conventionnelle, qui est régulier, et la marche du monde qui, elle, est irrégulière. Certains jours, il ne se passe rien dans l’actualité. D’autres jours, il se produit un considérable empilement de faits majeurs. Or dans un cas comme dans l’autre, votre quotidien préféré fera à peu près la même taille… Avec les réseaux sociaux, on se délivre de cette contrainte.
Les défenseurs de la presse classique affirment que les réseaux sociaux rétrécissent l’univers du public, en le plaçant dans une bulle politique qui ne lui offre que ce qui correspond à ses idées. Êtes-vous sensible à cet argument ?
Il y a toujours eu des bulles politiques. J’ai connu des communistes sincères qui se bornaient à lire L’Humanité tous les matins. Je ne suis pas sûr qu’ils étaient bien informés…
Le web a permis au contraire une respiration. Regardez les gilets jaunes, qui n’auraient jamais émergé s’ils avaient dû se fier aux seuls journalistes pour populariser leur mouvement. Les réseaux sociaux permettent à chacun de devenir le média, comme l’a justement répété Elon Musk après la victoire de Donald Trump.
Les militants s’imaginent souvent que tous les citoyens se passionnent autant qu’eux pour les élections. Mais la plupart des Français peuvent aussi considérer les militants politiques comme des constructeurs de tour Eiffel en allumettes, tel Monsieur Pignon dans Le Dîner de cons !
Certes, mais il y a bel et bien des contenus politiques sur Facebook, le premier réseau social mondial. Sans quoi il n’y aurait pas la polémique actuelle sur la décision de son patron, Mark Zuckerberg, de ne plus faire appel à des officines de censure spécialisées dans le fact-checking…
Oui, bien sûr. Quand ils sont bien faits, quand ils prennent le temps de donner la parole aux candidats, sans les couper tout le temps, sans chercher la petite phrase et quand ils parlent des vrais problèmes, les contenus politiques peuvent avoir un immense succès sur le web, avec des millions de vues.
Chez Meta, la maison mère de Facebook, les interrogations sur l’excès de censure ne sont pas nouvelles en réalité. Sans attendre les déclarations fracassantes de Mark Zuckerberg en janvier, les dirigeants de la filiale fran-çaise ont convié dès le 25 mars dernier à leur siège parisien tous les responsables des grands partis fran-çais, dont votre serviteur. Ils voulaient nous dire que leur groupe avait pris la décision, au niveau mondial, de revoir ses pratiques de surveillance des contenus politiques.
Certes ils ont promis de rester très vigilants sur les campagnes de désinformation, mais s’agissant des publications d’individus ne cherchant pas à nuire, plus question de suspendre les comptes. Rappelons que Meta avait banni Donald Trump de Facebook et d’Ins-tagram en 2021. Le 25 mars, ils nous ont même dit une chose que je ne croyais jamais entendre de leur part : « Ce n’est pas à Meta de dire ce qui est vrai ou pas. »
Comment expliquez-vous ce revirement ?
Il est multifactoriel : les intérêts économiques bien compris de Meta, mais aussi son image fâcheuse de « censeur en chef » qu’il fallait changer, et puis, probable-ment, ses dirigeants ont-ils analysé les types de contenus partagés publiquement sur leurs plateformes. Peut-être même ont-ils fait une étude similaire de ce qu’on appelle le « Dark Social ».
Le « dark social » ? De quoi s’agit-il ?
C’est l’ensemble des échanges privés qui ont lieu sur les plateformes numériques.
Est-ce ce que l’on appelle aussi le « dark web » ?
Non, pas du tout, c’est un faux ami. Le dark web corres-pond à une partie d’internet que vous ne trouverez pas via votre moteur de recherche. Il est souvent considéré comme le terrain des mafias, des pédophiles et des terroristes. Alors que le dark social est tout à fait légal. Si vous partagez par exemple, sur un groupe Whats App avec vos amis, une interview d’Éric Zemmour qui vous a plu, vous êtes sur le dark social, en ce sens que vous communiquez sur une plateforme (WhatsApp en l’occurrence, qui appartient à Meta), mais sans que cela soit public. Or les internautes font de plus en plus circuler les contenus politiques sur le dark social.
Pourquoi ?
D’abord parce que ce type d’outils de messagerie s’est multiplié et amélioré… et parce que les internautes ne supportent plus d’avoir à se soumettre à l’autorisation de pseudo-chevaliers blancs du wokisme. Les équipes de Meta ont fini par comprendre que leurs pertes d’au-dience provenaient de ce phénomène. En arrêtant le fact-checking, Mark Zuckerberg a pris une décision de bon sens pour enrayer son déclin, rejoignant en cela Elon Musk, qui l’avait déjà prise dès son rachat de Twitter en 2022.
Mais si les réseaux sociaux deviennent des espaces anarchiques, n’est-ce pas dangereux ?
Twitter et maintenant Facebook ne sont pas sans contrôle. Les internautes peuvent rajouter des « notes de communauté » pour corriger les contenus factuel-lement erronés.
Vous qui vous servez quotidiennement de Twitter – appelé désormais X –, avez-vous vu concrètement ce changement ?
Oui, c’est très net. Avant le rachat par Elon Musk, il était fréquent que des publications établissant un lien entre l’immigration et l’insécurité soient supprimées. Depuis, plus rien.
Les adversaires de Musk, notamment à la Commission de Bruxelles, soupçonnent l’algorithme de X de valoriser désormais davantage les contenus de droite. Est-ce crédible ?
Ma conviction, c’est que si les contenus de droite rencontrent sur X plus de succès que ceux de gauche, c’est d’abord la preuve que la droite a gagné la bataille culturelle. •
Regardez la vidéo de Frontières en cliquant ici.