PARIS : Saint Louis, quand le sucre sert le sol
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PARIS : Saint Louis, quand le sucre sert le sol
Fait peu connu, la production de betterave sucrière peut favoriser le développement de pratiques agricoles bénéfiques.
C’est pourquoi Saint Louis Sucre promeut l’agroécologie, tant pour la conservation des sols que pour la préservation de la biodiversité et de la ressource en eau. Entretien avec Ughau Debreu, responsable de la durabilité agricole chez Saint Louis Sucre.
Quelle est votre vision de l’agriculture régénératrice chez Saint Louis Sucre¹ ?
Ughau Debreu : L’agriculture régénératrice est un de piliers de notre démarche RSE « s’engager, s’enthousiasmer, transformer », dévoilée cette année. Ce pilier agricole est particulièrement important puisqu’il s’agit d’accompagner nos partenaires agricoles vers des pratiques plus durables. Nous souhaitons renforcer la pérennité économique et la résilience de la filière betteravière française, mais aussi soutenir nos agriculteurs dans leurs efforts de transition agroécologique, notamment pour préserver la ressource en eau, protéger les écosystèmes et développer la biodiversité et la fertilité des sols. Nous travaillons par ailleurs sur quatre autres piliers pour continuer d’être un acteur engagé au cœur de nos territoires, de prendre soin de nos équipes, d’apporter des solutions durables à nos clients et consommateurs, et d’agir avec éthique et authenticité avec nos parties prenantes.
Quant à l’agriculture de régénération des sols, c’est un ensemble de pratiques agronomiques qui met le sol et le végétal au cœur du système de culture, en cherchant à renforcer naturellement la qualité des sols et à restaurer leur fertilité tout en séquestrant naturellement plus de carbone. Face au réchauffement climatique et à la perte de matière organique des sols, nous voulons assurer la pérennité de notre activité betteravière tout en répondant aux attentes des consommateurs et de nos clients. C’est pourquoi l’agriculture régénératrice est l’une des principales thématiques de notre démarche RSE, avec l’engagement de parvenir à 30 % de nos planteurs l’ayant adoptée en 2030.
Entre cultures d’hiver et de printemps
Quelles sont les spécificités de votre activité sucrière face à cet enjeu ?
U. D. : La période d’interculture en premier lieu. La culture de la betterave est une culture de printemps : entre une culture d’hiver, blé par exemple, récoltée en été, et la culture de la betterave, il existe un délai de plusieurs mois propice à l’implantation d’un couvert végétal. Or la couverture végétale des sols est le premier levier à mettre en place pour favoriser leur conservation. Pour cela, on tient compte de la période d’interculture avant l’implantation de la betterave, notamment avec les couverts d’intercultures implantés durant l’hiver, et de la période d’occupation du sol par la betterave, semée entre le 15 mars et le 15 avril, et récoltée entre septembre et décembre. Pour les couverts, nous aidons nos partenaires agriculteurs à choisir le bon type de variétés, dont le système racinaire sera le plus favorable à la future betterave.
Plus généralement au niveau environnemental, notre procédé repose sur l’extraction mécanique du sucre naturellement présent dans la betterave, sans produit chimique. Même s’il s’agit d’une production de grande envergure – 14 000 tonnes de betteraves transformées par jour dans une sucrerie –, elle s’effectue à un échelon local, dans un rayon moyen de 45 kilomètres du champ à l’usine. Enfin, il s’agit d’une production circulaire : dans la betterave, rien ne se perd, car nous valorisons l’ensemble des constituants, dont l’eau, les pulpes, etc.
Comment avez-vous mis en place l’agriculture régénératrice dans votre groupe ?
U. D. : Notre réflexion a commencé en 2014 avec le programme Mont Blanc. Il s’agit d’essais agricoles menés en plein champ chez nos agriculteurs partenaires, faisant la comparaison entre une modalité témoin « pratique historique » et une modalité innovante selon des protocoles bien établis. Nous réalisons en moyenne 60 à 80 essais par an chez nos agriculteurs, sur une surface totale de 300 hectares, et évaluons ces modalités expérimentales innovantes tout en compensant financièrement leurs éventuelles pertes de rendements. Nous accompagnons ainsi la prise de risque de nos planteurs engagés dans l’amélioration de leurs pratiques agricoles.
Depuis 2020, nous avons expérimenté de nouvelles références en matière de transition agroécologique dans notre ferme expérimentale de la sucrerie d’Étrepagny (Eure). Sur 80 hectares, elle est notre vitrine pour déployer des techniques innovantes et sert de support de formation pour nos équipes et nos partenaires. Nous y organisons chaque année des journées de découverte de l’agroécologie à destination de nos clients et de tous les partenaires intéressés.
Notre objectif est de lever le frein à l’innovation et d’accompagner les agriculteurs dans leur transition. Nous formons ainsi la totalité des équipes betteravières à l’agriculture régénératrice chaque année et nous avons mis en place des journées techniques, des formations spécifiques ainsi que du conseil individuel personnalisé aux agriculteurs. En 2024, nous comptons 70 agriculteurs partenaires, avec un objectif de 300 en 2030.
SOURCE : ILEC – La Voix des marques.