PARIS : Pourquoi des évaluations nationales du CP au CM2 ?
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PARIS : Pourquoi des évaluations nationales du CP au CM2 ?
Valérie Vicherat, Première adjointe au Maire de Briare (45) et Professeure des écoles.
Selon le ministère de l’Éducation nationale, pointer les problématiques récurrentes et observer leur évolution sont nécessaire pour ensuite améliorer les méthodes d’apprentissage. Soit ! Ainsi chaque année, nous, enseignants, recevons notre piqûre de rappel sur l’importance de comprendre un texte et de savoir résoudre un problème, au cas où nous l’aurions oublié…
Autre objectif affirmé : mieux connaître nos nouveaux élèves en début d’année. Mais les enseignants n’ont pas besoin de cela pour les connaître. Nos écoles sont rarement de grands établissements, elles se composent souvent d’une à deux classes par niveau, les échanges entre enseignants sont nombreux, et nous connaissons nos élèves avant même qu’ils n’entrent dans nos classes.
Quant au contenu, nous évaluons ce qu’ils ont découvert l’année précédente, bien enfoui dans leur mémoire ! Rappelons que la scolarité n’est qu’une succession d’années d’apprentissages découverts, répétés, corrigés, revus, approfondis, avant d’être consolidés. Souvent, pour avoir personnellement fait passer ces évaluations à mes élèves, je présageais que la consigne serait largement incomprise, car la notion évoquée n’avait pas été réactivée après 2 mois de vacances !
Les enseignants savent que ces résultats sont biaisés.
Et chaque année, on observe les mêmes : la fluidité en lecture, la compréhension de texte, la grammaire, le lexique, la production d’écrits et la résolution de problèmes sont à améliorer. Ce sont les fondamentaux de l’école que l’on devrait repenser ? Dans une grande majorité, nous savons quoi faire au quotidien, innover, adapter, différencier, suivre les élèves et les faire progresser au cas par cas… Seulement pour cela, il nous faut du temps par élève, qui est inversement proportionnel au nombre d’élèves dans la classe, il nous faut du temps pour ces matières fondamentales, souvent grignotées par d’autres disciplines qui varient avec la mode et l’actualité, et qui s’ajoutent les unes aux autres…
Pour conclure, quel est l’intérêt de ces évaluations, qui plus est chronophages, à part fournir des statistiques au ministère sur ce que nous observons au quotidien ? Les enseignants savent quoi faire, ils ont juste besoin de temps et de moyens pour le faire.
SOURCE : UDI – Les infos de la semaine.