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PARIS : Optigestion – Des taux qui se cabrent

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PARIS : Optigestion – Des taux qui se cabrent

Les marchés s’approprient régulièrement un nouveau thème qui vient souvent perturber l’équilibre en place et réveiller de nouvelles craintes.

La baisse de l’inflation et l’ampleur du ralentissement ne sont plus au cœur des préoccupations des marchés financiers. Depuis la mi-septembre, les taux à 10 ans américains ont franchi 4,30 % pour atteindre 4,60 % à la fin du mois, au plus haut depuis 15 ans. L’ensemble des taux longs européens a suivi. En France, le taux de l’OAT 10 ans a touché 3,50 % – rappelons qu’il était à 0 % à la veille de 2022 ! Le monde des taux – l’empire des assureurs – vit dans une sphère très fermée, très feutrée. La technicité chiffrée des actuaires ne goûte guère la poésie. On est bien loin des histoires qui font rêver l’univers des actions en décrivant l’éblouissant parcours d’un entrepreneur visionnaire. Il est vrai que les premiers gèrent des dettes, tandis que les seconds s’enflamment pour le génie d’une aventure humaine !

Ne nous y trompons pas cependant, qui peut anticiper le comportement des taux d’intérêt domine le monde des actions. Le monde des taux est bien plus vaste mais il est avant tout précurseur, c’est lui qui imprime la tendance. Or, depuis peu les marchés prennent conscience que les banques centrales vont maintenir leur taux d’intérêt au niveau actuel – voire un peu au-dessus –, pendant une période qui risque d’être plus longue que ce qu’ils envisageaient encore cet été. De plus, les banques centrales vont bien poursuivre la réduction de leur bilan. Certaines dettes, une fois parvenue à échéance, ne seront pas renouvelées. Ainsi, en s’abstenant de nourrir la demande sur le marché, les banques centrales vont contribuer à la remontée des taux d’intérêt. Les effets de ces initiatives sont multiples. Le maintien de taux élevés freine significativement la demande qui se finance avec le crédit. Il alourdit également les charges financières des entreprises endettées, affectant ainsi leur niveau de marge.

L’investissement en général, comme les secteurs de l’immobilier et des biens durables, sont particulièrement exposés. Ces mesures vont aussi révéler le véritable coût des dettes accumulées par certains Etats : il est fini le temps où les aides massives bénéficiaient d’un financement à taux nul ou négatif, où les banques centrales achetaient les emprunts d’Etat fraichement émis. Les pays très endettés vont sans doute devoir choisir entre réduire de façon conséquente leur déficit budgétaire ou subir la sanction du marché obligataire … une rémunération plus élevée pour de nouveaux emprunts. Pareille anticipation alimente la hausse des taux longs. Une hausse très raide et pas toujours anticipée qui, après avoir occasionné des dégâts immenses parmi les porteurs d’obligations, s’accompagne d’arbitrages en faveur de taux courts plus rémunérateurs et moins risqués – qui entretiennent la hausse. Avec des taux élevés, l’endettement prend une place majeure qu’il n’occupait plus depuis 15 ans.

Les marchés ont vécu avec la certitude que le risque déflationniste empêchait structurellement la remontée des taux d’intérêt. Ils se retrouvent face à la plus brutale progression des taux depuis 30 ans. L’impact de ces mouvements sur l’économie est inévitable et même les Etats-Unis qui bénéficient d’une activité très résiliente devraient finir par rencontrer un tarissement de la demande des consommateurs qui entamera fortement sa croissance. Septembre a également confirmé la reprise des cours du pétrole, d’une part, la baisse de l’inflation, d’autre part. L’inflation par la demande paraît maitrisée, l’inflation par les coûts est plus difficile à contrôler, notamment avec des taux d’intérêt qui sont sur elle sans effet. C’est la raison qui permet d’espérer que les banques centrales procèderont, d’ici quelques saisons, à une baisse des taux directeurs, initiative particulièrement propice à la dynamique des marchés d’actions. Enfin comme tout parent avisé, une banque centrale ne doit-elle pas « annoncer plus » dans l’espoir, le moment venu, de « faire moins ».