PARIS : « Mme Lagarde, toujours « data dependent » mais c…
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PARIS : « Mme Lagarde, toujours « data dependent » mais confiante sur les tendances à venir »…
Une analyse un « Postview BCE » de Véronique Riches-Flores.
RichesFlores Research / Postview BCE : Mme Lagarde, toujours « data dependent » mais confiante sur les tendances à venir…
Comme prévu, la BCE a annoncé une nouvelle baisse d’un quart de point de son taux directeur, de 3,75 % à 3,5 % pour le taux de facilités de dépôts, le repo étant abaissé à 3,65 %, conformément à l’annonce du mois de mars d’une réduction du spread entre les deux taux à 15 pb. Si, à en juger par la remontée des taux futurs qui a suivi la conférence de presse de Mme Lagarde, ce nouveau pas dans le sens d’une « réduction du caractère restrictif de la politique monétaire » a quelque peu déçu les marchés, notre lecture est plutôt rassurée par rapport à ce que nous redoutions des réserves éventuelles qu’elle aurait pu formuler à cette occasion. La présidente de la BCE a, certes, mentionné le manque de résultats en matière d’inflation dans les services, précisant toutefois que le scénario retenu était celui d’une baisse, y compris pour ce qui concerne l’inflation salariale. De fait, le leitmotiv de son intervention n’a pas été sur les risques d’une inflation trop durablement résiliente mais plutôt sur la faiblesse des perspectives économiques régionales. En mentionnant le Rapport Draghi sur la compétitivité, Mme Lagarde semble donner plus de poids aux enjeux structurels de croissance de la zone euro et se détacher quelque peu des contraintes de très court terme. Une bonne nouvelle s’il en est, qui pourrait lui donner un peu de latitude… surtout si l’inflation baisse fortement en septembre comme elle a jugé bon de le souligner.
La BCE révise à la baisse son scénario de croissance
Si les marchés semblent s’être arrêtés à la révision à la hausse de son scénario d’inflation, somme toute modeste et sans impact sur le point final, toujours de 1,9 % en 2026, Mme Lagarde n’a pas donné l’impression d’y être particulièrement sensible. Elle a de fait, surtout souligné les perspectives de baisse persistante de l’inflation encore à venir, notamment liées à la décélération attendue des salaires, l’ensemble dès 2025.
Sur ce dernier point, son appréciation est également plutôt rassurante, la BCE constatant une absorption des hausses de salaires par les entreprises, sans conséquence donc sur la désinflation en cours.
Il s’agit d’ores et déjà d’un changement de ton notable par rapport à ses propos, plus réservés, de ces derniers mois.
Mme Lagarde semble, en l’occurrence, plus préoccupée par la nouvelle révision à la baisse des perspectives de croissance de la zone euro. Cette dernière, bien que modeste, concerne les trois années, 2024, 2025 et 2026, pour lesquelles les prévisions de croissance de PIB réel ont toutes été rabotées d’un dixième, à respectivement 0,8 %, 1,3 % et 1,5 %, avec un taux de chômage inchangé à 6,5 % pour l’ensemble de la période, un dixième de plus que son niveau connu à fin juillet. Relativement estompé dans le communiqué officiel, cet aspect a été davantage mis en avant au cours de la conférence de presse. Sans doute, le contexte politique en présence et les déboires notables de l’économie allemande ne sont-ils pas sans conséquence sur ces préoccupations, tandis que le rapport Draghi, tout juste finalisé, souligne avec fracas le caractère impératif des politiques structurelles communes pour contrer les pertes de compétitivité de la région.
L’inflation à 2 % en septembre
L’ensemble donne plutôt le sentiment d’un changement de perception bienvenu sur les priorités du moment, lequel est aidé par l’orientation favorable des perspectives d’inflation à très court terme. L’inflation baissera fortement en septembre nous dit Mme Lagarde. C’est un fait, avec des effets de base particulièrement importants, auxquels s’ajoutent l’impact du reflux des cours du pétrole. Cela permet d’envisager un retour à 2 % dès septembre, après 2,2 % en août… De quoi donner des ailes à la BCE pour le prochain comité de politique monétaire du 17 octobre, après la baisse des taux de la Fed et le nouveau geste vraisemblable de la BoE la semaine prochaine.
Les anticipations de marchés semblent, à ce stade, plutôt validées à court terme, quand bien même l’histoire est plus incertaine pour l’année prochaine.
Véronique Riches-Flores et Thomas Bauer.