PARIS : L’impact des chaînes d’approvisionnem…
Partager :
PARIS : L’impact des chaînes d’approvisionnement de l’UE sur la déforestation dans le Pantanal (Brésil)
EJF est sur le point de publier et diffuser un rapport alarmant sur l’impact de l’UE sur la déforestation dans le Pantanal (Brésil). Permettez moi de vous transférer l’enquête ainsi qu’un bref résumé en français.
Un rapport exclusif révèle l’impact des chaînes d’approvisionnement de l’UE sur la déforestation dans le Pantanal
Suite à de longs mois d’investigation sur le terrain, EJF vient de publier un rapport qui relie les élevages de bétail du Pantanal aux chaînes d’approvisionnement de l’UE en utilisant des données combinées provenant de bases de données accessibles au public. Ce rapport révèle qu’entre 1990 et 2021, la superficie des pâturages a doublé, atteignant 2,54 millions d’hectares, soit presque la taille de la Belgique (3 millions d’hectares). Malgré cela, la déforestation dans le Pantanal reste un problème largement sous-estimé.
Le Pantanal, la plus grande zone humide tropicale du monde, dotée d’une grande biodiversité et de capacités de séquestration du carbone, est confronté à de graves dangers, principalement dus à l’élevage de bétail et à la transformation de la végétation indigène en pâturages. EJF vient de publier un rapport ainsi qu’un film sur l’impact des chaînes d’approvisionnement de l’UE sur cette zone humide cruciale, qui s’étend entre le Brésil, le Paraguay et la Bolivie, et couvre une superficie totale d’environ 16 millions d’hectares.
Entre 2010 et 2021, les taux de conversion des zones humides ont presque doublé par rapport à la période 1990-2000. Les données de ce rapport indiquent qu’au cours de la période 2012-2021, 40 246,9 hectares de végétation indigène ont été convertis en pâturages dans les propriétés basées sur le Pantanal et liées au marché de l’UE, menaçant l’habitat de nombreuses espèces indigènes. En outre, si l’on tient compte des fournisseurs indirects du Mato Grosso do Sul, la perte de végétation indigène est encore plus importante, atteignant une superficie plus de quatre fois supérieure à celle de la ville de Paris. Par rapport à 2019-2020, l’accélération de la conversion de la végétation indigène en pâturages en 2020-2021 est alarmante, la perte d’autres terres boisées s’est accélérée à hauteur de 64 % alors que celle des autres écosystèmes naturels de 83 % dans l’ensemble du Pantanal.
Le rapport d’EJF examine comment les chaînes d’approvisionnement en bétail de l’UE favorisent cette conversion dans le Pantanal, où les propriétés liées à l’UE représentent environ 5,5 % de la superficie totale du biome. Ces chiffres sous-estiment potentiellement l’étendue réelle de la déforestation du Pantanal liée aux chaînes d’approvisionnement de l’UE en raison des limites dans la traçabilité des fournisseurs indirects. Si cette tendance se poursuit, on estime que les chaînes d’approvisionnement de l’UE pourraient entraîner la conversion annuelle de 4 625 hectares d’écosystèmes du Pantanal. Avec le recul de la législation environnementale et l’accroissement de la déforestation sur d’autres biomes, ce phénomène pourrait s’étendre à des hectares de savane, de zones humides et de prairies entre 2023 et 2050, ce qui équivaut à la perte de 30 terrains de football par jour. Empêcher cette conversion et les émissions de CO2 qui y sont liées équivaudrait à retirer de la circulation 3,9 millions de voitures à essence pendant un an.
Le Pantanal, dont environ 80 % des terres sont occupées par des ranchs de bétail, montre clairement qu’il est urgent que ces terres soient protégées par le règlement de l’UE sur la déforestation – une étape importante vers la protection des zones de forêts tropicales telles que l’Amazonie, mais qui néglige actuellement en l’état d’autres écosystèmes tout aussi uniques. Le besoin urgent d’un cadre réglementaire européen élargi est évident pour préserver l’avenir du Pantanal et empêcher sa destruction par des opérations financières étrangères.