Les résultats de la plus grande consultation jeunesse mondiale jamais réalisée, Youth Talks, montrent que les jeunes français souhaitent prioriser l’apprentissage de valeurs telles que le respect, la solidarité et la tolérance pour l’avenir.

Ce constat, absent des sondages traditionnels, met en lumière un sentiment de perte de repères et un besoin d’ancrage fondamental chez la jeunesse française. Un appel à une transformation radicale de nos institutions, y compris l’école, pour leur fournir les bases nécessaires à la « refondation » d’une société plus durable, avec un socle commun de valeurs, avant même d’apprendre un métier.

En qualité d’école de commerce de premier plan en France, ESCP fait de ce constat une priorité dans l’enseignement qu’elle apporte à ses éleves. Force est de constater que la prise en compte des problématiques environnementales et les enjeux d’inclusion et diversité fait désormais partie du socle commun de connaissances et de compétences.

Paris, le 25 octobre 2023 – L’organisation à but non lucratif, The Higher Education for Good Foundation (HE4G), présente les résultats de Youth Talks, la plus grande consultation jeunesse mondiale jamais menée. Elle révèle les aspirations et préoccupations majeures des jeunes Français pour leur avenir, soulignant l’importance accordée aux valeurs humaines, à l’environnement et à la paix mondiale. Ces enseignements méritent une attention particulière lors de l’élaboration des politiques et des programmes éducatifs visant à façonner un avenir plus juste, durable et solidaire pour notre pays.

Plus de 45 000 jeunes âgés de 15 à 29 ans ont participé à cette consultation mondiale dans 212 pays et territoires différents, dont plus de 4 400 jeunes Français. Cette première consultation ouverte en ligne sans incitation a permis aux participants de soumettre librement des textes écrits, des fichiers audio et vidéo, qui ont été analysés par l’intelligence artificielle (IA) pour identifier les préoccupations et les aspirations des jeunes à travers le monde. Cette initiative a recueilli près d’un million de contributions au niveau mondial.

“Youth Talks se distingue des sondages traditionnels en adoptant une approche innovante basée sur des questions ouvertes. Les méthodes conventionnelles, avec leurs questions fermées et réponses prédéfinies, ne parviennent pas à saisir les nuances de nos sociétés. Grâce aux avancées récentes en IA (Intelligence Artificielle) et NLP (Traitement automatique du langage naturel), Youth Talks a pu exploiter la puissance des questions ouvertes pour éviter cet écueil.

En analysant plus d’un million de contributions diverses, Youth Talks a réussi à dévoiler un panorama riche et varié d’opinions et d’aspirations chez les jeunes, remettant en question les stéréotypes sur la jeunesse. Les résultats de la consultation offrent un aperçu fidèle et nuancé de la complexité de nos sociétés permettant d’identifier les tensions sous-jacentes qui entravent l’action collective”, a déclaré Marine Hadengue, chercheuse et Directrice de Youth Talks.

“Pour la première fois, nous avons un aperçu sans filtres des aspirations et des craintes des jeunes, quelle que soit leur situation géographique ou socio-économique. Les questions ouvertes ont encouragé des réponses sincères et impartiales, permettant aux jeunes de s’exprimer librement.”

L’éducation axée sur les valeurs : un appel à repenser l’enseignement pour renforcer le « vivre ensemble »

Les résultats de la consultation soulignent une nouvelle fois l’importance de promouvoir un « vivre ensemble » de meilleure qualité et de renforcer les liens sociaux. En effet, les jeunes Français expriment un désir marqué pour une éducation centrée sur les valeurs et vertus humaines telles que le respect, la solidarité et la tolérance. Ainsi, 31% des participants priorisent l’apprentissage de valeurs facilitant le vivre ensemble, 28% mentionnent l’éducation à la protection de l’environnement et 15% les relations interpersonnelles. Largement présentes dans les cursus actuels, le besoin en matières traditionnelles comme les sciences humaines (e.g. langues et culture), les sciences sociales (e.g. histoire et géographie) et les sciences dures (e.g. mathématiques et informatique) est mentionné par moins de 10% d’entre eux. Les compétences pratiques de vie (éducation sexuelle, les compétences culinaires, de survie ou encore la gestion des finances personnelles) sont également plus réclamées que ces matières traditionnelles.

“Paradoxalement, je pense que nous devons apprendre à prendre soin de nous-mêmes. Mais en fait, ce n’est pas du tout paradoxal parce que lorsqu’on est heureux avec soi-même, on est plus ouvert à la bienveillance envers les autres.” explique Augustine, 25 ans, Ambassadrice Youth Talks (son témoignage est disponible ici.)

Ce constat soulève des questions sur le rôle de la famille et des communautés éducatives dans la transmission des valeurs communes. Il est crucial de repenser l’éducation et de déterminer qui devrait assurer la transmission d’un socle de valeurs communes pour construire un avenir solidaire et harmonieux. Dans un contexte éducatif difficile, où la lutte contre le harcèlement scolaire devient un enjeu majeur, un changement culturel global semble nécessaire.

“Nous nous apercevons que les jeunes générations ont des attentes non seulement dans le contenu des enseignements mais aussi dans la façon dont les professeurs doivent désormais enseigner. Avec l’avènement de la digitalisation et de l’IA générative, il est évident qu’ils ont accès à la connaissance de façon immédiate. Le rôle des professeurs n’est plus de répéter ou d’expliquer mais de jouer un rôle de mentor ou de coach, de facilitateur pour accompagner les apprenants à être compétents et non plus seulement sachants.

Adapter la formation aux besoins des jeunesses, co-construire avec eux leurs chemins d’apprentissage en respectant leurs différences aura un impact positif non seulement sur leur engagement personnel et professionnel mais surtout sur la qualité de leur vie « ensemble » au sein des sociétés dans le monde.” Alice Guilhon, Présidente de la Fondation Higher Education for Good.

“Je pense que ce qui serait important d’apprendre dès le plus jeune âge, c’est d’écouter l’autre, d’entendre l’autre et de respecter le choix de l’autre. C’est de comprendre en fait que ce n’est pas parce que l’autre ne pense pas comme moi qu’il est contre moi. Pas du tout. Et je pense que c’est une notion qu’on ne nous a pas assez apprise.“ témoigne également Daisy, 23 ans, Ambassadrice Youth Talks (son témoignage est disponible ici.)

Priorités des jeunes Français : bonheur individuel, protection de l’environnement et paix au cœur des aspirations

Quand ils pensent à leur avenir individuel, les jeunes ayant grandi en France sont près d’1/3 à évoquer leur bonheur personnel ou le fait d’être heureux comme priorité, un résultat similaire à celui des jeunes ayant grandi en Occident. Dans le reste du monde, c’est le succès individuel qui prend la première place. Pour les jeunes français, le succès individuel (16%) et le développement de carrière (12%) viennent ensuite.

Quand ils pensent à l’avenir et à ce qu’ils souhaitent pour le monde, la protection de l’environnement (37 %) et la paix (36 %) sont les souhaits majeurs. Il n’est donc pas surprenant que leurs principales préoccupations soient liées à ces deux thématiques. En effet, les jeunes Français s’inquiètent majoritairement du changement climatique pour le monde (54 %) et de la guerre (22 %).

“Ce qui m’inquiète c’est, la guerre et l’accroissement des inégalités : les plus pauvres sont toujours plus pauvres et les plus riches sont toujours plus riches. Et aujourd’hui tout le monde veut encore devenir plus riche.” explique Joseph, 26 ans, Ambassadeur Youth Talks (son témoignage est disponible ici.)

Environnement et consommation : le défi de trouver un équilibre entre aspirations personnelles et responsabilités collectives

Les préoccupations environnementales occupent une place centrale dans l’esprit de la jeunesse française. Cependant, lorsque les jeunes français se projettent dans leur avenir personnel, ces questions perdent en priorité. Ils considèrent souvent la crise environnementale comme un défi collectif plutôt que personnel (56 %). Il est donc surprenant de constater que cette perception de défi collectif ne s’est pas traduite par une participation accrue aux dernières élections présidentielles, marquées par une abstention élevée chez les jeunes.

Par ailleurs, la consultation révèle une relation complexe entre les jeunes Français, la consommation et la durabilité. En effet, près de 40 % des participants évoquent la nécessité de renoncer à certaines pratiques, tandis que 25 % se rattachent à ces mêmes habitudes.

“Je ne suis pas prêt à renoncer à mon confort. En tout cas, pas avant que ce soit à mon tour de le faire. Quand toutes les institutions plus riches et plus consommatrices, tout ceux ayant plus d’impact se réveilleront, j’imagine que ce sera au tour de ma ville, puis de mon immeuble, et ensuite, à mon tour. Et là je le ferai.” déclare Joseph, 26 ans, Ambassadeur Youth Talks (son témoignage est disponible ici.)

Cette tension entre volonté et réticence à sacrifier le confort matériel soulève des débats animés et met en évidence les défis auxquels les jeunes doivent faire face pour concilier leurs aspirations personnelles et les impératifs environnementaux. Dans un contexte économique et politique à repenser à l’aune de ces impératifs, il est essentiel de se questionner sur la véritable disposition des jeunes à renoncer à leur confort matériel pour bâtir un avenir meilleur pour tous.

Finance : confiance en l’avenir pour les jeunes Français

Alors que la situation financière est une préoccupation majeure en Europe et dans l’Occident en général (environ 30 %), seulement 13 % des jeunes Français ont évoqué leur situation financière comme une inquiétude pour leur futur. Cette moindre anxiété par rapport à d’autres régions d’Europe ou d’Occident pourrait indiquer une confiance accrue dans les systèmes de protection sociale et les opportunités économiques offertes par la France.