PARIS : La régulation du numérique Chine, États-Unis, France
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PARIS : La régulation du numérique Chine, États-Unis, France
Aifang Ma se propose d’analyser comment la Chine, la France et les États-Unis ont mis en place leur cadre de régulation des contenus en ligne.
L’avènement des géants du numérique a créé une pression latente mais constante pour un rapprochement des standards technologiques et des pratiques commerciales, ce qui leur a conféré un pouvoir inédit et généré des défis similaires pour les trois pays comparés. Ceux-ci ont mis en place des cadres règlementaires afin de réguler les contenus selon des objectifs qui leur sont spécifiques. C’est ainsi qu’en Chine, la régulation est centrée sur la sécurité du pays et la sauvegarde des intérêts de l’État-parti. En France, pays des droits de l’homme, c’est le citoyen qu’il faut protéger. Enfin, aux États-Unis, la liberté d’expression est la priorité. Au fil du temps et de l’expérience, est apparue la nécessité pour la Chine, la France et les États-Unis d’affiner leurs méthodes de régulation sans pour autant dévier de leurs objectifs fondamentaux.
On a vu cependant une convergence de leurs moyens de régulation, les plateformes numériques ayant acquis un pouvoir exorbitant. En témoignent la censure infligée par Facebook et Twitter à Donald Trump en 2021, ou la position monopolistique de Alibaba, plateforme chinoise de e-commerce. La France a, de longue date, institutionnalisé sa régulation avec sa Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) et a pu appliquer de lourdes sanctions au travers de son instrument plus récent, le règlement général sur la protection des données (RGPD), texte de référence élaboré au plan européen. En somme, si les pays autoritaires et démocratiques se différenciaient sur les finalités de la régulation des contenus en ligne, force est de constater que les géants du numérique devenus dans de nombreux cas plus puissants que les pouvoirs publics ont amené les gouvernements nationaux à mobiliser des moyens similaires pour les contrôler.
Aifang Ma, Chercheuse postdoctorante Boya, Département de journalisme et communication, université de Pékin et chercheuse associée au centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po Paris. Ayant parallèlement fait deux masters à Beijing Foreign Studies University et à Sciences Po Paris en Affaires Européennes, elle a successivement travaillé à l’UNESCO à Paris et à l’Ambassade de France en Chine à Beijing. Elle est l’auteure de L’intelligence artificielle en Chine : un état des lieux, Fondation pour l’innovation politique, novembre 2018.
SOURCE : Fondation pour l’innovation politique – Newsletter du 6 octobre 2024.