PARIS : Jean-Baptiste NOE, Rédacteur en chef de Conflits
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PARIS : Jean-Baptiste NOE, Rédacteur en chef de Conflits
La chute d’un dictateur et la fin d’un régime oppressif sont indubitablement une bonne chose.
Mais ce qui se profile après les cinq décennies de la famille Assad pourrait ne pas être mieux que la dictature baasiste. Instruit par les événements en Irak (2003) et en Libye (2011), où des dictatures ont laissé place au chaos et à la guerre communautaire, les pays du Levant et les Européens doivent agir pour éviter qu’un scénario similaire se produise en Syrie.
Le mouvement HTS et son chef, al-Joulani, ont été formés dans une matrice islamiste. Al-Joulani a fait ses armes auprès d’al-Qaida, il a passé une grande partie de sa vie à combattre, à diriger un califat dans la région d’Idleb. Croire qu’il établira une démocratie et qu’il permettra la libre expression de chaque communauté est une erreur. Forgé par la guerre, ayant pris le pouvoir par l’épée, il règnera par la terreur, comme Assad avant lui.
L’hypothèse la plus probable est celle d’un morcellement de la Syrie. Israël a réaffirmé l’occupation du plateau du Golan, l’armée turque contrôle une partie du nord, tout en empêchant les Kurdes de disposer d’un État, Daesh contrôle une zone au sud, les Alaouites sont bloqués dans leur réduit côtier. Cette logique communautaire de forces centrifuges échappe au pouvoir central de Damas, qu’il soit autrefois occupé par Assad, aujourd’hui par al-Joulani. Au milieu de ce chaos, les communautés minoritaires et sans territoire, comme les chrétiens, risquent fort d’être les premières victimes de la vengeance et du chaos. La Turquie, pour l’instant, est le vainqueur principal de cette situation : un adversaire est renversé, une milice formée et soutenue par elle a pris le pouvoir. Israël s’est également réjoui du départ d’Assad, même si à moyen terme le chaos syrien ne sera pas une bonne chose pour l’État hébreu. Mais la fin de l’aventure du parti Baas démontre aussi que les Arabes ne sont plus maîtres de leur destin et que le Levant, une fois de plus dans son histoire, est tenu par des puissances extérieures.
SOURCE : UDI – Les infos de la semaine.