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PARIS : Doshi Retreat, un refuge sur le Vitra Campus

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PARIS : Doshi Retreat, un refuge sur le Vitra Campus

Le Doshi Retreat a été dévoilé sur le Campus Vitra.

Un espace propice à la contemplation imaginé par Balkrishna Doshi, architecte lauréat du prix Pritzker, en étroite collaboration avec sa petite-fille Khushnu Panthaki Hoof et Sönke Hoof.

Le Doshi Retreat est le premier projet de Balkrishna Doshi ayant été réalisé en dehors de l’Inde ainsi que la dernière conception à laquelle il a travaillée avant sa mort en 2023. S’inspirant de la spiritualité indienne, il invite à un parcours sensoriel entre son et sérénité.

L’inauguration du Doshi Retreat a apporté au Vitra Campus un complément architectural dont l’objectif est à la fois novateur et inattendu : un refuge de solitude paisible et de repos.

Faisant écho à la remarquable transformation du Vitra Campus de Weil am Rhein au cours des dernières décennies, le président émérite de Vitra, Rolf Fehlbaum, fait observer : « Bien que demeurant un site industriel, le campus est devenu un parc public qui attire désormais annuellement 400 000 visiteurs. Les personnes viennent voir son architecture, explorer les collections et les expositions du Vitra Design Museum et profiter des jardins, des restaurants et des boutiques. Certes, l’expansion du campus a initialement nuit à l’environnement naturel, mais l’espace a été repensé comme une biosphère ces dernières années, en plantant des jardins et des bois, en créant des étangs et en réduisant les surfaces pavées ».

 Après la visite du Temple du soleil de Modhera en Inde, Rolf Fehlbaum se rappelle : « J’ai montré à Balkrishna Doshi la photo d’un petit sanctuaire que j’avais vu là-bas et je lui ai demandé s’il accepterait de concevoir un lieu de contemplation pour le campus ».

Balkrishna Doshi accepta la proposition et la vision de ce que deviendrait le Doshi Retreat prit forme à travers un dialogue intime entre Doshi, sa petite-fille Khushnu et son mari Sönke Hoof. Ensemble, ils en ont façonné la forme et les mesures spatiales en harmonie avec le paysage environnant. Le Doshi Retreat est le premier projet de Balkrishna Doshi ayant été réalisé en dehors de l’Inde ainsi que la dernière conception à laquelle il a travaillée avant sa mort en 2023. Il a remporté le prix d’architecture Pritzker en 2018. Le Doshi Retreat s’étend comme un chemin sinueux invitant tant à l’exploration physique que métaphorique.

À mesure que l’on parcourt le chemin, qui descend en-dessous du niveau du sol, longeant des murs qui font résonner les doux sons du gong et de la flûte, un sentiment croissant de transition se fait sentir.

Khushnu Panthaki Hoof explique : « Cette architecture est née d’un rêve de Doshi de deux cobras entrelacés. Cette vision du subconscient a fait naître un récit écrit, puis une conception esquissée comprenant des notes et des évocations. Cela s’est ensuite transformé en une invitation à s’embarquer pour un voyage de découverte ».

En affinité avec les environnements sensoriels découverts dans les temples orientaux ou les lieux sacrés chrétiens, le son joue un rôle essentiel. Un système audio discret, intégré dans des cavités concaves dans le sol, diffuse une succession de sons de gong et de flûte en céramique tout au long du chemin. En se rapprochant de la structure centrale, le son se disperse sur les parois métalliques et entre en interaction avec le corps en mouvement. Cette expérience sensorielle débouche sur un court tunnel voûté conduisant les visiteurs dans la salle de contemplation. L’espace naturellement arrondi renferme un bassin d’eau de pluie encerclant sa fondation, deux larges bancs de pierre semi-circulaires et le gong au centre. En haut, le plafond recouvre partiellement la salle, créant une ouverture pour la lumière, l’air et les précipitations. Un mandala en laiton martelé à la main et réalisé en Inde orne le plafond, projetant une lumière réfractée.

La structure du Doshi Retreat est construite à partir d’acier XCarb® forgé et formé, un matériau innovant à faibles émissions de carbone, fabriqué à partir d’une forte proportion de ferraille et produit entièrement à partir d’énergies renouvelables. Généreusement offert par ArcelorMittal, l’acier développe avec le temps une patine chaleureuse par le contrôle de la corrosion. Les murs sinueusement façonnés guident les visiteurs le long d’un chemin rempli de tournants inattendus et de perspectives changeantes, renforçant la sensation de découverte au sein du refuge.

Doshi et ses partenaires ont invoqué la philosophie spirituelle de la Kundalini, un terme sanskrit signifiant « enroulé » ou « entouré en spirale », qui désigne une énergie latente à la base de la colonne vertébrale. Dans les traditions yogique et tantrique, l’éveil et l’ascension de cette énergie à travers les chakras sont considérés comme essentiels pour la réalisation d’une transformation spirituelle. Le son sacré se trouve au cœur de cette expérience et sert de catalyseur pour l’expansion de la conscience. Bien que le refuge ne reproduise pas de bande musicale spécifique, le paysage sonore est conditionné par la fluidité de sa géométrie spatiale.

Khushnu Panthaki Hoof fait observer : « Il s’agit d’un son qui, résonnant à travers le corps du visiteur, efface la frontière entre soi et la structure. L’édifice reflète le son vers vous, transformant le voyage et la salle en instruments résonnants » Elle poursuit : « Au cours des dix dernières années de sa vie, Doshi est en quelque sorte passé de l’architecture à l’art. Cependant, avec ce projet, il s’est remis devant la planche à dessin, tout d’abord pour écrire, puis pour nous guider à travers la mise en forme du design. L’expérience mémorable de Rolf Fehlbaum et de sa femme Federica Zanco au cours de leur visite d’un petit temple Indien près du Temple du soleil a inspiré la genèse du projet. S’en sont suivis les rêves et les intentions de Doshi : des textes, des esquisses et un résumé visuel rempli de concepts progressifs et de dualités ».

Ni Doshi ni Khushnu Panthaki Hoof et Sönke Hoof n’ont jamais attribué d’étiquette formelle au Doshi Retreat. Il était plutôt censé se présenter librement, comme un espace de solitude et de contemplation, encourageant la perception de présences invisibles, un séjour admettant la désorientation, les rencontres et la quête de sens.