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PARIS : Distracteurs et vigilance au volant, la cohabitatio…

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PARIS : Distracteurs et vigilance au volant, la cohabitation impossible​

En cette période de départs en vacances, Assurance Prévention, l’association de France Assureurs, dévoile les résultats de sa nouvelle étude scientifique sur les facteurs susceptibles d’affecter la vigilance au volant.

Cette année, elle a mesuré, pour la première fois en France, l’impact concret des distracteurs sur la conduite.

Menée sous le contrôle du pôle d’expertise du risque Calyxis2, l’étude a analysé plus de 8 000 km de parcours, avec et sans distracteurs, au travers d’une mise en situation réelle de conduite sur simulateur avec suivi du regard du conducteur.

L’étude démontre l’absence de déconnexion des automobilistes aux dispositifs numériques et les risques de la cohabitation entre distracteur et conduite.

Une étude scientifique inédite

Cette étude scientifique est basée sur une mise en situation réelle de conduite sur autoroute à l’aide d’un simulateur homologué. Elle a été menée sous le contrôle du pôle d’expertise du risque Calyxis.

27 sujets volontaires, conducteurs réguliers et utilisateurs de dispositifs numériques au volant, ont effectué chacun 3 trajets de plus de 100 km sur simulateur de conduite. Sur certaines portions de ces trajets, les automobilistes conduisaient selon leurs habitudes ; sur d’autres, des distracteurs étaient imposés (aussi bien visuels, auditifs, physiques que cognitifs). Ces distracteurs étaient intégrés simultanément à l’activité de conduite, via un dispositif embarqué, seul dispositif autorisé par le Code de la route.

Un système d’eye-tracking a permis de suivre le mouvement du regard et des pupilles et ainsi de disposer d’une analyse très pointue.

Éric Lemaire, vice-président d’Assurance Prévention, explique la genèse de cette étude : « Quand on conduit, on a besoin d’une concentration très forte, on ne peut pas faire autre chose. Pourtant, on constate que trop de Français envoient des SMS, regardent des notifications ou téléphonent en conduisant. Pour la première fois, une étude analyse scientifiquement les conséquences de ces comportements. »

Distracteurs au volant : un usage banalisé

Premier constat de l’étude, l’usage des distracteurs au volant s’est banalisé. Sur le premier parcours, les conducteurs étaient libres d’utiliser ou non des dispositifs numériques, selon leurs habitudes de conduite, reflétant ainsi leur comportement naturel. Résultat : 76 % des conducteurs utilisent un distracteur au volant (téléphone en kit main libre ou écran tactile du véhicule).

L’usage d’un distracteur augmente les risques d’accident

L’étude a permis, pour la première fois, de calculer scientifiquement le temps passé à utiliser différents distracteurs. Par exemple, composer un numéro de téléphone en conduisant demande 35 secondes d’attention en cumulé (le regard du conducteur alternant entre la route et l’écran).

Ce temps passé sur les distracteurs impacte directement la trajectoire des conducteurs : l’usage d’un distracteur multiplie par 13 le temps passé à faire des écarts de trajectoire. En conditions normales, les conducteurs font en permanence des micro-corrections de leur trajectoire. Avec l’usage d’un distracteur, chaque écart a une amplitude plus importante, allant parfois jusqu’au changement de file, notamment lorsque les conducteurs lâchent le volant pour utiliser l’écran tactile.

Autre observation inquiétante, l’usage de distracteurs supprime tous les contrôles de sécurité (rétroviseurs et tableau de bord). Les conducteurs se limitent alors à des va-et-vient entre l’écran et la route.

Enfin, en cas d’urgence, l’usage d’un distracteur augmente le temps de réaction des conducteurs de 60 %. Il passe de 1,25 seconde en moyenne en situation de conduite sans distracteur à 2 secondes avec distracteur.

Conséquence : la présence d’un distracteur augmente les risques d’accident.

Une rupture de la « fluence » cognitive

Au volant, les distracteurs déconcentrent les conducteurs de leur tâche principale de conduite et altèrent ainsi leur performance.

« Conduire nécessite des ressources attentionnelles divisées entre de multiples tâches. L’usage simultané d’un distracteur, comme la lecture d’un SMS ou une discussion au téléphone, va demander au cerveau de mettre en place des stratégies pour résoudre un événement qu’il n’avait pas prévu, car extérieur à l’activité de conduite. L’attention est alors détournée et cela engendre inexorablement des temps de réaction allongés et des accidents. On parle de rupture de la fluence cognitive », conclut Adrien Ballet, ergonome cognitiviste en charge de la supervision de cette étude chez Calyxis.

Une campagne de prévention estivale

Pour sensibiliser les Français sur la route des vacances, l’association Assurance Prévention lance une grande campagne de prévention intitulée « Et si nous transmettions la bonne attitude ? ». Elle se compose de spots de prévention sur les distracteurs au volant, la somnolence, la vitesse, le téléphone, la ceinture et le casque à vélo. Elle est diffusée tout l’été en télévision, radio et sur Internet.