PARIS : Danone, le problème comme solution
Le numéro un français de l’alimentaire promeut les solutions en accès libre pour favoriser l’adoption de l’agriculture régénératrice.
Divers programmes concernent ses grandes matières premières. Sa récente diversification dans les protéines végétales va suivre. Entretien avec Maëline Baudet, responsable agriculture régénératrice de Danone France.
Comment le concept d’agriculture régénératrice est-il arrivé chez Danone ?
Maëline Baudet : Depuis de nombreuses années, Danone favorise un approvisionnement local, au plus proche des agriculteurs, en premier lieu pour ses produits laitiers issus d’une matière première fraîche et périssable. En moyenne, les exploitations sont situées à soixante kilomètres des usines, avec une pérennité de nos approvisionnements. Certains de nos partenaires éleveurs nous livrent depuis trois ou quatre générations.
Il y a eu une prise de conscience précoce chez Danone que l’agriculture de l’après-guerre devait modifier ses pratiques pour répondre au changement climatique, à la diminution des ressources, notamment en eau, ou à la perte de biodiversité. Une entreprise agroalimentaire ne peut que se soucier de son approvisionnement, et si l’agriculture est la première affectée par ces défis, elle peut y apporter une solution. En 2018, nous avons formalisé l’engagement de Danone pour une transition vers l’agriculture régénératrice, dans une approche holistique : l’homme – tout part des agriculteurs –, l’animal – notamment son bien-être –, les sols – améliorer les pratiques agronomiques, renforcer le stockage du carbone et réduire les émissions.
Comme il n’y avait pas encore de définition claire et partagée au niveau international de l’agriculture régénératrice, Danone s’est entouré d’experts, pour donner à sa démarche un cadre de référentiels scientifiquement robustes. Par exemple avec CIWF et l’Irta, en Espagne, pour le bien-être animal, ou avec WWF ou Pour une agriculture du vivant pour l’agronomie. Parallèlement, Danone a mis en place des plans de financement pour accompagner ses programmes et les accélérer grâce au fonds d’intérêt général Danone Ecosystème.
Quels sont vos principaux programmes ?
M. B. : En France, dans le lait, notre programme « Les deux pieds sur terre » a été lancé en 2018, avec l’ambition de réduire de 15 % les émissions carbone du lait collecté dans les exploitations, de régénérer les sols, d’accompagner la montée en compétences des agriculteurs et de communiquer positivement sur l’élevage.
Tous nos programmes sont construits suivant plusieurs niveaux permettant aux agriculteurs, quels que soient la maturité et le contexte, de trouver une réponse correspondant à leur situation. Nous partons toujours d’un diagnostic avec des outils locaux – Cap’2ER pour le lait, qui permet d’évaluer à la fois l’empreinte carbone et les pratiques agronomiques –, pour ensuite mettre en place un plan d’action individuel, avec un technicien pris en charge par Danone, ainsi qu’un plan de financement et de formation, collective ou individuelle (1 500 jours financés en France depuis 2018). Pour les agriculteurs pionniers –groupes pilotes – qui vont le plus loin dans la transition en testant des pratiques avancées mais sécurisées, Danone assume le risque. Durant l’année, ces pratiques font l’objet de journées d’échanges visant à les étendre à la zone.
Adapter l’élevage au réchauffement climatique
Pour le bien-être animal nous avons créé un Mooc, largement diffusé dans la filière, ainsi qu’un guide. Nous avons travaillé sur le logement des veaux par paire ou sur l’adaptation au réchauffement climatique. Les fortes chaleurs doivent être prises en compte, car la zone de confort des vaches se situe à treize degrés, elles peuvent l’être avec de la ventilation, des ombrières, une distribution de l’alimentation et un abreuvement adaptés… Cela nécessite aussi une adaptation du calendrier de pâturage. La dynamique de pousse de l’herbe a changé, plus précoce au printemps, permettant aux vaches de sortir plus tôt mais les incitant à moins sortir au milieu de l’été, et à rester à l’ombre, avant de ressortir en arrière-saison lors d’une seconde pousse d’herbe.
SOURCE : ILEC – La Voix des marques.