Skip to main content

PARIS : Asterès analyse les effets de l’indexation…

Partager :

PARIS : Asterès analyse les effets de l’indexation des salaires belges sur l’inflation

Si la majorité des salaires sont indexés sur l’inflation en Belgique, leur progression ne semble pas forcément plus dynamique que dans les pays voisins.

Depuis 20 ans, les salaires réels belges ont progressé plutôt moins rapidement que ceux des pays comparables. Au cours des deux dernières années, marquées par une forte inflation, la dynamique des salaires réels n’a pas été sensiblement différente en Belgique et en France. En effet, même si la plupart des salaires ne sont pas légalement indexés sur l’inflation en France, ils tendent néanmoins à suivre la dynamique des prix.

Tendances de long terme : Une progression plutôt limitée des salaires belges

 L’indexation des salaires belges sur l’inflation ne semble pas générer une progression plus dynamique des salaires réels que dans les autres pays. Depuis 2000, les salaires réels belges ont progressé en moyenne moins rapidement que dans les autres pays de l’OCDE1 . L’indexation des salaires belges sur l’inflation ne semble donc pas conduire à une progression structurellement plus forte des salaires réels.

Choc inflationniste : Une dynamique des prix et des salaires comparables en France et en Belgique

L’indexation des salaires sur l’inflation en Belgique ne semble pas avoir conduit à une progression plus rapide des salaires réels au cours des deux dernières années, marquées par un rebond de l’inflation. En France comme en Belgique, les salaires réels ont baissé au début du choc inflationniste : dans ces deux pays, la progression des salaires2 n’a pas suivi la hausse des prix. Puis, à partir de la fin 2022 en Belgique et de la mi-2023 en France, la tendance s’est inversée, avec une hausse des salaires qui a rattrapé celle des prix. La dynamique de l’inflation a été plus marquée en Belgique : une hausse plus importante qu’en France en 2021-2022 puis une baisse plus forte en 2023. Cet écart peut s’expliquer par le « bouclier tarifaire » sur le gaz et l’électricité adopté en France, qui a lissé le choc inflationniste. La dynamique globalement similaire des salaires dans les deux pays, en apparence contre-intuitive du fait de l’indexation des salaires sur les prix en Belgique, a plusieurs explications : – Tous les salaires ne sont pas indexés sur l’inflation en Belgique, et le SMIC l’est en France. L’indexation des salaires aux prix n’est pas obligatoire en Belgique même si, dans les faits, elle est appliquée par la majorité des entreprises3 .

En France, le SMIC est indexé sur l’inflation, la situation entre les deux pays est donc moins différente qu’il n’y paraît. – L’indexation des salaires belges n’est pas basée sur l’ensemble de l’indice des prix. Les salaires belges sont indexés sur l’indice santé qui correspond à l’indice des prix auquel sont retirés l’alcool, le tabac et les carburants4 . Comme le prix du pétrole a bondi en 2022, le fait que les carburants ne soient pas compris dans l’indice santé a limité la hausse des salaires indexés. En revanche, en France, le SMIC est indexé sur l’inflation supportée par les 20 % des ménages les plus modestes ce qui, dans un contexte de choc inflationniste tiré par la hausse du prix de l’énergie, conduit à une indexation du SMIC légèrement supérieure à l’inflation moyenne 5 . – L’indexation des salaires belges n’est pas immédiate.

En Belgique, l’indexation des salaires sur l’inflation est effectuée sur une base annuelle, ou pluri-annuelle (principalement dans le secteur non-marchand6 ). Lorsque l’inflation bondit soudainement, comme cela a été le cas en 2021-2022, l’indexation des salaires belges aux prix n’est donc pas instantanée. – Les salaires français s’adaptent à l’inflation. En France les salaires (autres que le SMIC) tendent à suivre la dynamique des prix. Les salariés sont en effet plus enclins à réclamer des hausses de rémunération lorsque l’inflation augmente afin de conserver leur pouvoir d’achat (des hausses de salaires qui, comme en Belgique, sont obtenues avec un décalage de plusieurs mois sur la hausse des prix). Même si elle n’est pas officialisée, il y a donc bien en France une forme « d’indexation » des salaires sur l’inflation.