PARIS : Asterès analyse le déficit commercial français
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PARIS : Asterès analyse le déficit commercial français
Dans la présente note, Asterès analyse le déficit commercial français, qui n’est que le reflet de la baisse de la production manufacturière.
La faiblesse de l’industrie française est la cause profonde du déficit commercial croissant.
Les chiffres du solde commercial pour 2023, qui seront connus sous peu, indiqueront un déficit commercial important, quoique plus faible qu’en 2022 du fait de la baisse du prix du pétrole et du gaz. Mais se focaliser sur l’énergie est trompeur. En effet, d’autres pays européens, également importateurs d’hydrocarbures, parviennent à dégager un excédent commercial régulier. C’est dans la baisse de la production manufacturière française que se trouve la source du déficit commercial, qui n’est pas un problème en tant que tel (la balance des paiements n’est que faiblement déficitaire), mais l’incarnation des difficultés de l’industrie française.
L’énergie : Un bouc émissaire facile pour expliquer le déficit commercial
Le déficit commercial français se détériore structurellement. Depuis une vingtaine d’années la France enregistre un déficit commercial (échange de biens uniquement) qui va croissant alors que, au début des années 2000, le solde était légèrement excédentaire. Une explication possible à cette tendance serait la hausse du prix du pétrole, que la France est condamnée à importer. Le prix du baril est passé de moins de 20 dollars en 2000 à 80 dollars actuellement, avec des pics à plus de 110 dollars en 2008, 2011-2012 et 2022. En conséquence, les importations d’hydrocarbures ont atteint 115 milliards d’euros en 2022, soit 15 % des importations totales.
En 2023, la baisse attendue du déficit commercial s’explique largement par la baisse du prix du pétrole et du gaz, qui renforce l’idée d’une balance commerciale fortement tributaire du prix des hydrocarbures.
De nombreux pays comparables à la France et dépendant des importations d’énergie enregistrent un excédent commercial chronique. L’Allemagne est régulièrement citée comme le pays qui parvient à dégager un excédent commercial élevé (peut-être même trop élevé, mais c’est là un autre débat). Elle n’est cependant pas la seule : la Belgique, les Pays-Bas ou même l’Italie dégagent un excédent commercial. La zone euro dans son ensemble est elle aussi structurellement en excédent commercial, hormis pendant les périodes de flambée du prix des hydrocarbures.
Remonter à la source du déficit commercial : La faiblesse de l’industrie
Le déficit commercial français n’est pas un problème, il est le révélateur d’un problème plus profond, à savoir la faiblesse de la production industrielle. La production
manufacturière française est plus de 10 % inférieure à son pic de début 2008, et inférieure d’environ 3 % à son niveau d’avant la crise sanitaire. Dans le même temps, la demande des ménages en biens a régulièrement augmenté (à l’exception d’une baisse récente), tout comme l’investissement des entreprises (qui représente l’achat de biens, de logiciels et la construction de bâtiments). Ainsi, alors que la production manufacturière française est tendanciellement décroissante, la demande de biens est, à l’inverse, tendanciellement croissante. L’industrie française ne peut donc pas sensiblement accroître ses exportations (tout produit exporté a forcément été produit) et répondre en même temps à une demande intérieure croissante. Il en résulte mécaniquement un creusement du déficit commercial, qui n’est que le reflet des difficultés de l’industrie.