Des sons partout sourdent, sonnent, résonnent ; si récurrents qu’ils viennent à entêter, tels une basse continue de la parole.

Des syllabes ininsignifiantes sous-entendent l’action ou l’état, l’intention ou le phénomène, la concrétion ou l’abstraction, l’unité ou le nombre, l’affirmation ou le déni, l’appréciation ou le dénigrement, la familiarité ou la retenue, l’idéologie ou la résignation, la posture, l’ironie ou le cynisme.

Des en-têtes, des en-queues, irriguent les discours, affluent et refluent tour à tour, l’air du temps, inondent à l’occasion, la société. Alors nous plongeons, nous sondons, pour comprendre, ces modes qu’ils charrient présentement et dont ils témoignent.

Ce sont des affixes dont les mots se constituent : les -able, les -isme, les -tion ou -sion ou toute autre variante, les -esse, les -eur et -euse, les -aire, les -tude, les -ment, les -ant et -ante, les phile ou -philie, et cætera ; les in-, les dé-, les bi-, les di-, les co- ou -con ou toute autre variante, les déca- ; les anté-, les ex-, les hydro-, les para-, et cætera, et cætera… Ce sont des appendices avec lesquels les mots s’altèrent, se travestissent, se renient. Des mots à rebours, innervés, innombrables, composés, recomposés, à composer — composables. Avec eux, se circonscriront d’autres champs, des voies s’ouvriront, avec nous, jouant d’une pâte nouvelle.

Ici, depuis un an, la revue Affixe intervient : elle invite, pour un temps, pour quelques pages, à participer à ce tournoiement, ce détournement en retournement, à faire face au lexique actuel, à l’observer et le questionner et l’enquiquiner. Il s’agit d’une revue affixe par affixe, une invitation à composer, essayer, rapporter, raconter, digresser, penser, en liberté, à leur écoute.

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La revue Affixe lance donc son deuxième appel à textes, affranchi de toute contrainte de format, autour du préfixe dé-.

À titre de rappel, le préfixe dé- est double. Derrière cette même syllabe se découvrent deux morphèmes. Ceux-ci descendent de deux préfixes latins distincts, respectivement dis- et de-. Le premier, le plus courant, s’adjoint aux mots pour en exprimer la privation, la négation, le contraire. Le second exprime le renforcement d’une action, l’augmentant, l’intensifiant.

Si bien que les textes reçus seront sélectionnés par un comité de lectrices et lecteurs qui, outre les qualités littéraires des propositions, prêtera attention à la perspective offerte sur le langage et son emploi, la singularité d’interprétation, l’acuité d’un propos.

date butoir : le dimanche 3 septembre à 23h59

envoi .docx ou similaire à contact@revue-affixe.fr

À propos d’Affixe

Affixe est une revue de création littéraire. Elle emprunte son nom aux éléments lexicaux qui s’ajoutent aux mots ou radicaux pour en modifier le sens ou la fonction : les préfixes, suffixes et infixes.

À chacun de ses numéros, les autrices et auteurs écrivent et décrivent leur propre interprétation d’un même affixe. La somme de leurs textes suggère une définition tant décantée que multi-facette de celui-ci.

Son premier numéro est dédié au suffixe -ment, formateur du plus grand nombre d’adverbes, aussi bien que de substantifs divers. Il est en vente en ligne et dans de nombreuses librairies.

Affixe a récemment reçu des recensions élogieuses dans Ent’revues, le site des revues culturelles et le magazine en ligne TouteLaCulture, la revue ZoneCritique et les sites d’actualité littéraire LivresHebdo et Actuallité.