NICE : Cérémonie à la mémoire de Salvatore Bono, sous-lie…
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NICE : Cérémonie à la mémoire de Salvatore Bono, sous-lieutenant de l’armée italienne
Cérémonie à la mémoire de Salvatore Bono, sous-lieutenant de l’armée italienne pendant la Seconde Guerre mondiale et après partisan.
Grâce aux amis historiques Enzo Barnabà et Jean-Louis Panicacci et à la ténacité de l’Anpi Côte d’Azur « Isotta Gaeta et Angelo Grassi » et surtout à l’importance que la Ville de Nice a pour la Mémoire que Salvatore Bono a enfin été reconnue dans la plaque placée sur le quai 1 de la Gare Thiers à Nice. La mémoire est importante et c’est pourquoi je vous demande à tous, Italiens et Français, de venir ce dimanche témoigner qu’il est toujours possible de faire quelque chose. La mémoire orale est, comme nous le savons, volatile. Aujourd’hui, à part les historiens, presque personne à Nice ne se souvient de Salvatore Bono.
Qui était-il ? Qu’a-t-il fait ?
Il semblerait que personne ne sache que la résistance armée italienne a commencé – d’un point de vue strictement chronologique – le soir du 8 septembre 1943 à la gare centrale de Nice. On sait que les premiers affrontements entre Italiens et Allemands ont eu lieu précisément en France : en pleine nuit du 8 au 9, de terribles échanges d’armes à feu ont eu lieu à Grenoble qui ont fait de nombreuses victimes ; presque au même moment, les affrontements du port de Bastia déclenchent la guerre de libération de la Corse (pour laquelle, disons en passant, le sacrifice des vies italiennes sera plus grand que celui des Français). Dans la péninsule italienne, outre les combats de Monterotondo qui ont lieu le 9 à l’aube, la Résistance débute le 10 septembre dans la Porta San Paolo romaine où les premiers partisans comme Sandro Pertini rejoignent l’armée.
Déjà en août, depuis son observatoire privilégié, Bono avait senti que les choses n’allaient pas. Avec les départements de la IVe Armée italienne qui abandonnèrent le territoire français, les unités allemandes furent autorisées à passer en direction de Vintimille, qui entra en Italie et y resta. Vers 21 heures, il rencontre le sous-lieutenant Guido Di Tanna et lui fait part de ses inquiétudes. « Quelque chose de grave va se produire ce soir », affirme-t-il tout en déplorant le manque de sens des responsabilités du Commandement Carré.
Le camarade a commenté : « Il est admirable de voir à quel point le très jeune officier avait le sens exact des choses et la capacité de se comporter en conséquence ».
Quelques heures plus tard, en effet, un commando d’une soixantaine d’Allemands venus, à pied le long des voies, du Var, jouant sur l’effet de surprise, a tenté de s’emparer de la gare. Les Italiens, commandés par le capitaine Breveglieri, comprenant soldats et carabiniers, ne dépassent pas une dizaine. Les Allemands ordonnent la reddition des armes, le capitaine tente de parler au commandant ; au bout de cinq minutes, il interrompt la discussion agitée et inutile et donne à ses hommes l’ordre « Baïonnette dans la chambre ! ».
Il est temps pour Bono d’agir, réalisant ce qu’il a en tête depuis longtemps.
Donnons-lui la parole : « Comme l’éclair, le tir de mon fusil brise le gel. J’ai tué l’officier ennemi et son caporal et blessé deux soldats. Les Allemands ripostent et tuent Breveglieri. Je décharge les cartouches restantes de mon pistolet sur les ennemis. C’est l’enfer, chacun se cache là où il peut et tire. Moi, avec quatre soldats, je me réfugie dans un placard. Les quatre carabiniers, malgré les tirs sur les ennemis, s’enfuient vers un tunnel. La station tombe dans le silence et l’obscurité. Un major allemand, pistolet dégainé, vient explorer le placard. Je l’attrape par le cou pendant qu’un de mes hommes le désarme. Les ennemis restés dehors lancent une grenade qui fait exploser celle que je tenais à la main avec la sécurité débrayée prête à être lancée. J’ai clairement conscience que c’est ma fin. La douleur générale est telle que je ne perçois pas ce qui vient des blessures. Je m’évanouis en pensant à ma mère. »
Salvatore a perdu son bras droit, son œil gauche et une partie de sa mâchoire. Il est transporté à l’hôpital Saint-Roch. Le lendemain matin, un officier allemand de haut rang vient rendre visite à ses blessés. Dans une pièce voisine, il y a Bono.
L’observant, il s’exclame : « Cet officier a sauvé l’honneur de l’armée italienne ».
D’une armée en déroute, pourrait-on ajouter. En juillet 1944, après avoir quitté l’hôpital, il s’installe en Italie pour échapper aux représailles de la Gestapo. En décembre, on le retrouve à Stresa où il collabore avec la brigade partisane Stefanoni. En 1947, alors qu’il se trouvait en Sicile avec sa famille, il apprit qu’il avait reçu, chose très rare pour une personne vivante, la médaille d’or de la vaillance militaire.
« Je n’ai fait mon devoir qu’en payant le prix qu’il fallait payer », aimait-il dire.
Il est décédé le 28 mai 1999 à l’âge de 79 ans, dans sa Sicile natale, après avoir travaillé 30 ans jusqu’à sa retraite à l’Institut. Consulat à Nice pendant de nombreuses années et tout au long des années, il s’est rendu à la gare en souvenir de ce qui s’est passé.
Dimanche 8 septembre à 10h30
Gare Thiers Nice Quai 1
SOURCES :
– Enzo Barnabà 1943. « La résistance armée italienne a commencé à Nice. Salvatore Bono, une figure à redécouvrir ». 6 septembre 2022 Autres Italiani.net.
– Baldassarre Ingrassia, « Salvatore Bono », Litografia Buffa, Mazara del Vallo, 2005.
– Jean-Louis Panicacci, « L’Occupation italienne. Sud-Est de la France, juin 1940-septembre 1945 », Presses Universitaires de Rennes, Rennes 2010.