MARSEILLE : Retour sur la 3e édition du forum Respec…
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MARSEILLE : Retour sur la 3e édition du forum Respect pour les femmes
Témoignages, ateliers et masterclass ont, une fois de plus, fait salle comble avec près de 1 000 participantes et participants.
Dans le hall de l’Hôtel de Région, de nombreuses participantes examinent le programme de leur après-midi. Côté conférences, le président Renaud Muselier ouvre l’événement, accompagné de Salima Saa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Après un point sur l’action régionale – qui déploie, depuis 2021, un plan de lutte dotée d’un budget annuel de 2,7 millions d’euros –, place aux témoignages.
Parmi eux, celui de Loëtitia Mas, directrice de projet et fondatrice de l’association Une Voix Pour Elles, qui organise des déménagements d’urgence pour permettre aux femmes victimes de violences de quitter leur domicile. Également sur scène, Annie Astier-Converset, adjointe au maire de Briançon, raconte son combat pour mettre des logements à disposition des femmes sur son territoire. Enfin, Thu Kamkasomphou, championne paralympique de tennis de table au palmarès impressionnant, partage son expérience.
Briser le cycle de la violence
Dans les différents espaces du forum, des intervenantes issues d’organisations comme Solidarité Femmes 13, le CIDFF, SOS Femmes ou encore la CAF accueillent les premières participantes. De nombreux thèmes sont abordés tout au long de l’après-midi : repérer et stopper une relation toxique, connaître ses droits, sortir de l’emprise psychologique, réagir au harcèlement, s’affirmer au travail ou encore s’initier au self défense.
Chaque atelier devient un espace d’échange où les participantes partagent leur histoire, souvent marquée par la violence, et le long chemin qu’elles ont parcouru pour s’en libérer. Carine Crépin, psychologue à Solidarité Femmes 13, évoque la question délicate de la reconnaissance des victimes :
« La reconnaissance juridique est bien sûr une étape importante. Mais lorsque celle-ci n’aboutit pas, lorsqu’une plainte est classée sans suite, cela ne signifie pas que la violence n’a pas existé. Les victimes doivent alors retrouver leur place en tant que sujet. C’est dans ce sens que nous accompagnons les femmes qui font appel à Solidarité Femmes 13. »
Ces ateliers permettent également de réfléchir aux violences sous toutes leurs formes – physique, psychologique, socio-économique, sexuelle ou administrative – et à leur impact sur la construction et l’équilibre des enfants. Mettre un terme au cycle de la violence, c’est aussi reconnaître que les agresseurs ont souvent eux-mêmes été victimes durant leur enfance.
SeduQ : quand le jeu s’invite au débat
Sur une note plus légère, le forum propose trois jeux explorant les thèmes de l’emprise, de la séduction et du sexisme. Parmi eux, SeduQ, animé par Marie Tremblay, spécialiste en ludopédagogie et éducation à la sexualité. Ce jeu de rôle invite les participants à incarner une jeune femme cherchant à séduire un camarade de classe tout en respectant les limites imposées par les cartes « Stop ». Parmi les joueuses, Maëlys, Mathilde et Emmy font partie des rares jeunes femmes à étudier au lycée professionnel Cisson de Toulon, spécialiste des métiers de l’automobile et de l’électricité. « C’est un jeu intéressant, mais pas toujours réaliste, car les garçons en général ne réagissent pas aussi bien que celui du jeu face à un refus », estime Emmy. « C’est une bonne manière de parler de sexualité, ajoute Mathilde. On n’en parle jamais au lycée, mais plutôt avec nos sœurs, avec nos mères, à l’extérieur c’est encore tabou ». « Je trouve que ce jeu peut permettre d’apprendre à connaitre une personne pour voir ses réactions et ses limites, ça peut être pas mal pour faire connaissance », conclut Maëlys.
Les lycéens au rendez-vous
La nouveauté de cette 3e édition réside dans un programme dédié aux lycéens, avec six classes invitées au forum. Ateliers immersifs, jeux contre le harcèlement scolaire – comme celui primé l’an dernier au concours régional – et sensibilisation aux dangers du revenge porn, du chantage sexuel ou des deepfake pornographiques ont rythmé leur après-midi.
Les intervenants, issus de plusieurs associations, ont redoublé d’ingéniosité pour engager ces jeunes, aux prémices de leur vie sentimentale et sexuelle. Car pour faire évoluer les mentalités et stopper les violences, la sensibilisation doit commencer dès le plus jeune âge.
Focus sur l’action régionale
La Région a mis en place dès 2021 un plan de lutte contre les violences faites aux femmes, adossé à l’égalité femmes-hommes, avec un financement annuel de 2,7 millions d’€ pour protéger, sécuriser, et mettre en place des actions de prévention.
Des actions concrètes, un impact immédiat
- 971 femmes protégées grâce aux Téléphones Grave Danger distribués pour alerter en cas de danger imminent et 162 bracelets anti-rapprochement,
- 1000 boutons d’alerte connectés Monshérif déployés pour renforcer la sécurité au quotidien,
- Plus de 22 000 femmes soutenues chaque année par les Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles et les Plannings Familiaux,
- 11 maisons régionales des femmes qui ont soutenues 3 000 femmes offrant un accueil, un accompagnement et un soutien.
- Un partenariat renforcé avec la justice pour protéger 38 000 victimes, dont 13 000 victimes de violences intrafamiliales et 3000 victimes d’infractions sexuelles, avec l’accompagnement d’associations agréées par le ministère de la Justice,
- 178 agents de la garde régionale des lycées formés pour identifier ls victimes de violences intrafamiliales
- En 2023-2024, près de 13300 lycéens ont participé à des ateliers de sensibilisation sur le harcèlement, notamment le cyberharcèlement ainsi qu’à la culture de l’égalité filles-garçons,
- Un concours régional depuis 2022, « Pour en finir avec le harcèlement » récompensant les lycées pour leurs créations artistiques (vidéos, affiches et autres supports) de sensibilisation.
SOURCE : Région Sud.