MARSEILLE : Art et Sport, monographie Yuyan Wang
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MARSEILLE : Art et Sport, monographie Yuyan Wang
13 expositions dans 13 villes de France.
Si le sport est considéré comme une activité éminemment populaire, l’art contemporain est parfois trop souvent perçu comme élitiste. Cette opposition est cependant superficielle, car l’art et le sport partagent un même ressort qui est celui de la passion. L’un et l’autre sont tous deux des intensificateurs d’émotion. Ils sont marqués par une même diversité de pratiques et offrent de multiples formes d’expression.
Ainsi, Art et Sport est une manifestation qui vise à la rencontre entre ces deux mondes en proposant une exposition plurielle sur l’ensemble du territoire français. Il s’agit d’investir dans chaque région de France et en outre-mer une infrastructure ou un événement sportif pour aller à la rencontre d’un public souvent éloigné des musées et des centres d’art. En s’appuyant sur les collections des 22 Fonds Régionaux d’Art Contemporain de France – qui fêtent cette année leurs 40 ans d’existence -, Art et Sport souhaite participer à la démocratisation de la création actuelle en offrant des expériences esthétiques variées dans un contexte inhabituel.
Du 26 juillet au 11 août
« Je garde un souvenir vivace de mes débuts avec le jeu vidéo Age of Empires, où l’acte d’explorer la carte impliquait de révéler progressivement son territoire caché. Dans cette réalité numérique d’un empire, notre perception du monde s’intensifie en le rendant visible. À l’écran, un fragment de terre émerge de l’obscurité numérique infinie, s’illuminant peu à peu, pièce par pièce, grâce à la luminescence de mon avatar. Je me rappelle encore l’excitation intense que provoquait l’attente, l’anticipation de voir émerger quelque chose de ce voile numérique sombre. Cette expérience me semble métaphoriquement similaire à notre manière actuelle de naviguer sur Internet, où nous faisons face à une obscurité infinie s’étendant au-delà de notre compréhension. Elle soulève la question du rôle des images à l’ère de la production algorithmique. Dans ce contexte, les images transcendent la simple représentation et même la perception visuelle humaine, puisque la majorité des données visuelles sont créées par et pour des algorithmes qui les analysent et les utilisent. Comment définir le travail des images dans un tel univers où elles sont bien plus que de simples représentations visuelles ? » -Yuyan Wang
En 2018, la Chine prévoyait d’envoyer trois lunes artificielles en orbite au-dessus de plusieurs grandes villes dans la perspective que la lumière continue puisse remplacer l’éclairage urbain. Ces lunes n’ont jamais été envoyées. Aucune autre information n’a été communiquée sur le sujet. Mais ce projet kafkaïen a suscité chez l’artiste Yuyan Wang le désir de commencer un film sur la nature de la lumière. Sur sa vitesse dans une société constamment en construction. Et, surtout, sur son opposé, l’obscurité, ici menacée. Car ces lunes futuristes – ou l’idée de visibilité perpétuelle – contiennent toutes les mutations sociales, culturelles, industrielles et scientifiques que la Chine a connues pendant plus de vingt ans, et avec elle, nos sociétés hyperconnectées, basées sur l’économie de l’attention.
Look on the bright side propose ainsi une réflexion poétique et politique sur la lumière LED des écrans qui nous hypnotisent de plus en plus. Basé sur des séquences vidéo récupérées sur internet et sur sa propre documentation, cette œuvre dévoile notre communauté mondialisée basée sur une redouble efficacité – une communauté active, disponible, toujours en éveil, où les zones mystérieuses sont remplacées par une luminosité homogène. Sous l’autorité de lumières éternelles, elle s’enracine dans le mythe capitaliste – l’immatérialité des nouvelles technologies – et tente de retracer la « lumière » jusqu’à ses origines terrestres. Ainsi, Look on the bright side montre dans un tourbillon d’images anonymes l’extractivisme qui demeure au cœur de nos dispositifs de surveillance et de divertissement pour mieux relier la lumière électronique à la minéralité dont elle jaillit. En enquêtant sur un mode abstrait dans les usines qui construisent tous nos appareils, Yuyan Wang scrute le réel avec acuité et sensibilité afin de dévoiler la part pleinement mentale de ces prothèses qui façonnent nos comportements. Sans jugement moral, Yuyan Wang rend compte de la submersion des images dans laquelle nous baignons tous aujourd’hui et offre un miroir ambivalent, tant il mêle la fascination et la déconstruction.