MARSEILLE : Art et Sport, Fabien DANESI Commissaire génér…
Partager :
MARSEILLE : Art et Sport, Fabien DANESI Commissaire général de l’exposition
13 expositions dans 13 villes de France.
Si le sport est considéré comme une activité éminemment populaire, l’art contemporain est parfois trop souvent perçu comme élitiste. Cette opposition est cependant superficielle, car l’art et le sport partagent un même ressort qui est celui de la passion. L’un et l’autre sont tous deux des intensificateurs d’émotion. Ils sont marqués par une même diversité de pratiques et offrent de multiples formes d’expression.
Ainsi, Art et Sport est une manifestation qui vise à la rencontre entre ces deux mondes en proposant une exposition plurielle sur l’ensemble du territoire français. Il s’agit d’investir dans chaque région de France et en outre-mer une infrastructure ou un événement sportif pour aller à la rencontre d’un public souvent éloigné des musées et des centres d’art. En s’appuyant sur les collections des 22 Fonds Régionaux d’Art Contemporain de France – qui fêtent cette année leurs 40 ans d’existence -, Art et Sport souhaite participer à la démocratisation de la création actuelle en offrant des expériences esthétiques variées dans un contexte inhabituel.
Stade de football, piscine, boulodrome, skate-park, etc. sont autant de lieux qui deviendront, le temps d’une exposition, un nouveau terrain de jeu.
« Lorsque la directrice de la programmation artistique et de la production du GrandPalaisRmn, Agnès Wolff, m’a proposé de réfléchir à un projet associant art et sport, j’ai considéré que de nombreuses expositions allaient prendre à bras-le-corps cette thématique en cette année de Jeux Olympiques et Paralympiques. J’ai donc voulu opérer un léger décalage : je ne souhaitais pas que le sport apparaisse comme un simple sujet, mais je préférais l’envisager avant tout comme une pratique. Une exposition est trop souvent ramenée à un concept. Or, l’art contemporain n’est pas exclusivement une affaire d’idées : c’est avant tout une expérience, une situation matérielle et sensible liée à un contexte. Il m’a donc semblé pertinent de proposer pour chaque exposition une orientation qui soit déterminée par le lieu d’accueil. Le foisonnement des problématiques peut alors être considéré comme un véritable manifeste : Art et Sport est en ce sens une ode à la diversité.
Cette manifestation se veut l’expression – non exhaustive bien sûr – de la richesse de la création actuelle. Le choix des expositions montre les différentes possibilités en matière de commissariat : expositions monographiques, expositions collectives à partir d’un sujet universel (arbres, animaux, océans) exposition qui traite d’un médium (le néon) ou qui part d’une approche formelle (la polychromie), exposition qui se veut plus basée sur une scénographie (Objet respirant non identifié), etc. Mon ambition est aussi que la raison qui a amené à l’association des œuvres apparaisse évidente au spectateur. Autrement dit, je voudrais que l’on puisse appréhender ce qui se joue en un coup d’œil. C’est une façon de prendre le spectateur par la main et d’aller à l’encontre du cliché d’un art contemporain abscons et ardu. Initialement, c’était aussi une façon d’évoquer la question de la collection. Le point commun est la façon la plus classique de rassembler des œuvres. La logique accumulative vient préciser de création en création la ou les lignes directrices d’une collection. L’enjeu de ce projet est d’ailleurs de mieux faire connaître les collections des Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC) qui émaillent l’ensemble du territoire national. Ces 22 établissements sont parmi les réseaux de diffusion en région de l’art actuel les plus fondamentaux en matière d’accès à la culture.
Ils restent parfois trop peu connus – alors que le travail accompli en quarante ans est à saluer. De manière souvent discrète, et selon une politique de proximité, les FRAC œuvrent à la démocratisation de l’art d’aujourd’hui et participent d’une volonté de réduire les écarts entre les milieux urbain et rural. Consulter les près de 32 000 œuvres qui constituent ces collections m’a permis de comprendre que nous avions là un formidable patrimoine et qu’il est nécessaire de le valoriser. Ce sont ces collections qui font ici le lien entre les expositions : elles constituent le vivier abondant dans lequel je suis allé chercher les œuvres.
Elles ont permis de proposer des expositions assez significatives selon moi, des procédures et techniques employées par les artistes contemporains – même si nous avons dû délaisser dessins et peintures en raison de leur fragilité et des conditions de monstration qui ne sont pas celles d’un espace de type muséal. À ce titre, la sélection finale est une sorte d’équilibre entre les contraintes matérielles des lieux d’accueil et le désir de montrer une multiplicité de styles et de sensibilités. Je fais partie de ces curateurs qui ne défendent pas une famille d’artistes sur un mode auteuriste : je suis plutôt un grand éclectique qui va chercher des créations en fonction de la proposition initiale et qui cherche à associer des intensités distinctes. Il est clair qu’une bonne exposition n’est pas pour moi un alignement de chefs-d’œuvre.
Au contraire : il faut des puissances de déflagration très différentes pour pouvoir créer un parcours esthétique. En bref, j’espère que Art et Sport apparaitra justement comme un feu d’artifices. Je l’ai conçu comme un grand spectacle qui permettra de considérer que le caractère ludique de l’art n’est pas à opposer au sérieux de la réflexion. Penser doit être une fête, et quoi de mieux pour concrétiser ce principe que de faire appel à l’art qui sollicite tous nos sens, et non uniquement notre raison. » Fabien Danesi, Commissaire général de l’exposition.