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LA LONDE LES MAURES : « Le 17 août 1944, l’audace e…

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LA LONDE LES MAURES : « Le 17 août 1944, l’audace et la bravoure l’ont emporté »

En ce 80ème anniversaire du Débarquement de Provence, François de Canson, maire de La Londe-les-Maures, s’est adressé aux présidents d’associations patriotiques et porte-drapeaux, pour leur exprimer publiquement tout le respect, toute l’estime et toute sa reconnaissance et celle de la Ville.

L’intervention de François de Canson, maire de La Londe-les-Maures et vice-président de la Région Sud :

Vous êtes inlassablement fidèles aux fonctions qui sont les vôtres, portant haut les couleurs nationales, rehaussant avec dignité et prestance, les nombreuses cérémonies commémoratives qui rythment la vie républicaine, civique et patriotique de notre Ville.
Merci donc à l’Amicale des Anciens Combattants, à l’association des Anciens Marins, à l’association de la Médaille Militaire, à l’association des Combattants Volontaires, au Souvenir Français, et au représentant des Ordres Nationaux.
Par votre présence, vous témoignez des traces de notre histoire qui rappellent les combats valeureux de nos anciens, vous conservez la mémoire des trop nombreuses vies sacrifiées pour défendre la France, préserver son entité et rétablir notre liberté.
Parmi les héros d’aujourd’hui auxquels je voulais également rendre hommage, il y a nos forces de sécurité et de secours, nos policiers, nos gendarmes, nos CCFF, la protection civile, la SNSM, qui ne ménagent pas leur peine durant cet été, là aussi pour protéger, sur tous fronts, votre quotidien et permettre une vie tranquille.
Et enfin, je veux penser ici à nos soldats, nos armées – terriens, marins, sous-mariniers, et aviateurs – ils continuent de se mobiliser sur tous les théâtres, pour notre protection.

Le 17 août 1944, fut à La Londe un jour d’exception.

Il y a 80 ans, jour pour jour, La Londe redevenait La Londe.
Au printemps 1940, la nuit était tombée sur notre ville, comme d’ailleurs partout en France.
Cinquante mois de colère, de larmes et parfois de honte.
Cinquante mois de souffrance, d’humiliation, de privation.
Cinquante mois d’impatience, d’insupportable attente.
Depuis le 6 juin 1944, le cours de la guerre a changé.
Aidés par nos alliés, nous reprenions peu à peu le chemin de la liberté.
Deux étapes décisives, dans l’histoire de la Libération, sont franchies avec deux débarquements.
Celui du printemps, au Nord-Ouest, opéré en majorité par des troupes alliées.
Celui de l’été, au Sud-Est, opéré pour la plus grande part par des contingents français.
Le Général de Gaulle avait infléchi la stratégie alliée.
La France reprenait droit de cité en assumant sa propre reconquête.

La France combattante asseyait sa légitimité.

Grâce à un homme et grâce à une armée.
D’une opération longtemps repoussée, longtemps jugée secondaire, le général de LATTRE de TASSIGNY sut faire une grande victoire.
Après la Corse à l’automne 1943, après les côtes de Normandie en juin 1944, c’est le Sud, enfin, qui, le 15 août, retrouve la liberté.
La voie s’ouvre, et, avec elle, l’avenir, désormais plus sûr.
Le 15 août 1944, arrive sur le sol de la métropole, l’Armée Française : aux armées alliées débarquées sur la côte normande, aux forces de la Résistance intérieure depuis longtemps levées, à la 2ème DB qui entre dans la légende, venaient s’ajouter les glorieuses troupes du Général de Lattre de Tassigny.
Dans le rassemblement progressif de cette armée se jouait celui du pays tout entier.
De troupes éparses, le Général fit un corps d’armée unifié.
Survivants de Norvège, fusiliers marins de Londres, forces venues des « cinq parties du monde », tous aussi épris de liberté, ils s’étaient rassemblés autour de ce chef prestigieux.
Venus de métropole et de tout l’Empire : Africains des pays de l’Afrique Équatoriale Française et de l’Afrique Occidentale Française, Malgaches, Algériens, Tunisiens et Marocains, Antillais, Indochinois et Pondichériens, Polynésiens, Calédoniens et Canaques du valeureux Bataillon du Pacifique.
Tous voulaient être de la vague libératrice.
Le Corps Expéditionnaire d’Italie en faisait aussi partie : Spahis de la 3ème Division d’Infanterie Algérienne, tirailleurs des 2ème et 4ème Divisions d’infanterie Marocaine, Tabors, soldats de la 1ère Division Française Libre.
Il a été rejoint par les 1ère et 5ème Divisions Blindées formées en Afrique du Nord et des éléments de réserve générale.
Tous ces volontaires allaient rejeter définitivement l’envahisseur nazi loin de nos frontières beaucoup plus rapidement que prévu dans les plans alliés les plus optimistes.

La future 1ère Armée française était levée.

L’hiver suivant, plus de 100 000 FFI se joindraient à elle. C’était l’armée de la France réunie.
C’était une armée de héros. Ils avaient fait les campagnes d’Erythrée et de Libye, de Tunisie et d’Italie.
C’étaient les vétérans de la 1ère Division Française Libre du Général BROSSET, qui remonteraient sur Lyon, sur Belfort et Colmar.
Ils franchiraient le Rhin, pour gagner le Danube et libérer l’Europe.
A leurs côtés, la 3ème Division d’Infanterie Algérienne du Général de MONSABERT, les marsouins de la 9e Division d’Infanterie Coloniale du général MAGNAN, qui avaient pris l’île d’Elbe.
A leurs côtés, encore, marchaient les Commandos du Lieutenant-Colonel BOUVET qui avaient libéré la Corse, et le Groupe Naval d’Assaut du capitaine de Frégate SERIOT… Et bien d’autres, tous aussi courageux.
Le 15 août, à l’aube, les Commandos d’Afrique et des Rangers américains prennent pied en Provence.
Ils seront bientôt 400 000, constituant au large de Saint-Raphaël et du Lavandou, la plus importante armada qu’ait jamais portée la Méditerranée… Et pour couvrir les deux mille bâtiments, deux mille avions prêts à l’envol.
Quel dut être le sentiment de ces marins, de ces soldats, de ces pilotes qui approchèrent nos côtes !

« Sur tous les navires, écrit le général de LATTRE de TASSIGNY, éclate la Marseillaise la plus poignante qu’on ait jamais entendue ».

Des Français revoyaient – enfin – les côtes de la mère patrie.


Ils venaient de Tarente et de Brindisi, d’Ajaccio et de Bastia, d’Oran et d’Alger.
La 7e armée américaine du général PATCH accostait, avec les trois divisions d’infanterie du 6e Corps d’Armée américain et la 1ère Division aéroportée anglo-américaine.
Vint alors la vague française.
Ils débarquèrent, le 16 août, à la Croix-Valmer, à Sylvabelle et à la Foux. Ils foncèrent vers l’Ouest.
A l’assaut frontal initialement prévu, le général de LATTRE de TASSIGNY donnait une plus vaste envergure.
Un large mouvement d’enveloppement par le Nord et le triomphe serait complet…
La ligne de résistance allemande fut enfoncée. Les alliés progressèrent vite et loin. Ils ne savaient pas encore tout leur succès.
Face aux 25 000 Allemands qui occupent le camp retranché de Toulon, 16 000 Français, 30 chars et 80 canons de la 3ème Division d’Infanterie Algérienne et du bataillon de choc, commandés par le général de MONSABERT.
L’audace et la bravoure l’ont emporté.
Tout s’est joué en quelques heures d’une nuit sans lune, où quelques dizaines de Commandos d’Afrique ont brillamment accompli la mission suicide qui leur était assignée.
C’est pourquoi notre Histoire restera à jamais liée à l’épopée de cette unité d’élite : la première à fouler le sol de notre Provence, la première à la délivrer de l’occupant.
Oui, ce sont bien ces hommes-là, d’une trempe incroyable, pétris de la rage de vaincre autant que de l’amour de leur patrie qui ont redonné son honneur à la France.
Tout, de leur héroïsme jusqu’à leurs exploits, inspire le respect.
Des hommes entraînés aux marches forcées, aux techniques d’infiltration, de close-combat, de tirs de précision, de progression en terrain miné, de combat antichar, et de neutralisation des sentinelles.
Avec une prédilection pour le poignard de combat M3 des commandos britanniques, effilé comme un rasoir. Qui tue silencieusement.
Ces hommes d’exception qui avaient choisi l’unité combattante la plus exposée, celle des missions réputées irréalisables, étaient promis aux sentiers de la gloire.
Et jamais, dans le cours de cet immense brasier planétaire, une si grande opération militaire n’avait dépendu d’une troupe aussi réduite, aussi indisciplinée, aussi indomptable… y compris de ses chefs.

A La Londe, alors que la population en grande majorité s’est réfugiée dans les campagnes, alors qu’à l’occupation italienne succède l’occupation allemande dont le commandement s’installera à La Pascalette, alors qu’aux réquisitions d’habitations s’additionnent celles de denrées alimentaires, alors que les interdictions de circuler et le couvre-feu ne font que s’ajouter aux vexations, les londaises et les londais sentent, enfin, en ce mois d’août 1944, le vent de la liberté souffler.
La radio annonce le débarquement mais les mouvements de troupes allemandes vers l’Ouest ne feront que confirmer l’impression d’une libération imminente.
Il est 16h, lorsque les soldats américains, débarqués depuis l’avant-veille sur les plages de La Croix-Valmer, de Cavalaire et du Lavandou, pénètrent sur le territoire de la commune.
L’avant garde de la 3ème Division d’Infanterie US entre en contact avec quelques résistants londais.
Ils informent l’officier américain mais également les troupes de la 1ère Division Française Libre du général Brosset de la présence des allemands sur le domaine de Saint-Honoré et de la Pabourette.
Après une bataille qui dure près de deux heures, La Londe est en passe de retrouver sa liberté.
L’ennemi, encerclé, est mis hors d’état de nuire.
Au petit matin du 18 août, alors que les Unités Allemandes se sont repliées sur les blockhaus de Mauvanne, le passage des scouts-cars de reconnaissance du premier bataillon des Fusillés Marins et des Commandos d’Afrique emmenés par le Capitaine Ducournau, marquent la Libération définitive de La Londe et sonne la fin de l’occupation allemande.
En cette journée de commémoration, je voudrais que chacun se souvienne de Joseph SPADA, jeune londais, engagé dans le bataillon des commandos d’Afrique et qui sera tué lors de l’assaut du fort Salberg dans le territoire de Belfort.
Je voudrais que chacun se souvienne de François de Leusse, libérateur du château de Brégançon, qui s’est également illustré héroïquement lors de la campagne d’Alsace, et qui fut le maire de notre Commune durant 24 ans.
Souvenons-nous aussi de ces quinze jeunes londais qui se sont engagés dans les troupes de la Libération pour poursuivre le combat jusque dans l’Est de la France.
Souvenons-nous encore de Louis Bussonne, exécuté de plusieurs balles dans la tête par le chef des Feld-gendarmes de la Kommandantur, après avoir neutralisé le système de mise à feu du pont du Pansard.
Je veux rappeler aussi le courage exemplaire des Londais qui n’ont pas manqué, en ce mois d’août 1944, leur rendez-vous avec l’Histoire.
Enfin, n’omettons pas, dans notre hommage, toutes celles et ceux qui, dans leurs différences, dans leurs diversités, ont confondu et lié leur destin à celui de la France.
Aux anciens combattants présents aujourd’hui, j’exprime le témoignage de ma gratitude infinie.
Beaucoup de vos frères d’armes sont tombés au champ d’honneur, ici même, en Provence.

Leur souvenir ne vous a jamais quitté et je sais qu’il vous accompagne aujourd’hui.

Ils avaient le sens de l’honneur.
Ils étaient dignes.
Ils étaient courageux.
Ils étaient généreux.
Ils étaient fraternels.
Nous nous recueillons dans la mémoire de chacun d’entre eux avec une profonde émotion et un immense respect.
Cette journée incarne la France dans ce qu’elle a de meilleur.
Cette journée incarne la Résistance française et le sursaut des Français, chaque fois que la Patrie a été menacée, pour que vivent la République et la Démocratie, pour que vivent la liberté, l’égalité et la fraternité.

« Face aux grands périls, le salut n’est que dans la grandeur », disait Malraux.

Aujourd’hui, la tâche qui nous incombe est certes immense. Mais nous devons avoir la force de l’accomplir pour transmettre aux générations futures cet idéal de civilisation que nos aînés ont été capables de nous léguer.
Nous devons apprendre à nos enfants à ne pas être prisonniers du passé.
Nous devons leur apprendre à être fiers de leur pays, à être fiers de la France, de ce que les générations qui les ont précédés ont accompli de grand, ont accompli de noble, ont accompli de beau.
Alors oui, quand guette l’anesthésie et l’amnésie, quand s’endorment les consciences, c’est cet élan intact qui nous entraîne sans crainte.
Voilà pourquoi nous sommes ici ce jour. Nous savons que la liberté est un combat de chaque matin.
Alors, pour tous ceux qui, partout en ce monde, vivent dans l’espérance de la liberté, de l’égalité, de la fraternité, le 17 août est un jour sans fin. Le 17 août est une aube sans cesse recommencée.
En ce jour si particulier pour notre Commune, que dire de mieux, que dire de plus ?

Sinon ces mots magnifiques :

Vive les Commandos d’Afrique !

Vive la Paix !

Vive La Londe !

Vive la France !

Photos Philippe OLIVIER et Olivier LALANNE (PRESSE AGENCE – LA GAZETTE DU VAR).