Digne-les-Bains, la préfecture des Alpes-de-Haute-Provence, pourrait bientôt voir s’ériger un nouveau temple du jeu et du divertissement.

En effet, la municipalité a lancé une procédure pour l’attribution d’une délégation de service public pour la conception, la construction et l’exploitation d’un casino dans le cadre du développement d’un futur village thermal.

Le projet, qui devrait voir le jour sur une parcelle communale de 7 000 m² située entre le Refuge des sources et le SPA de Haute-Provence, envisage la construction d’un établissement respectueux de l’environnement, avec une prédominance du bois dans son architecture. Le futur casino proposera deux salles de jeux traditionnelles, entre 30 et 35 machines à sous, des tables de blackjack et de roulettes, ainsi que des bornes de vidéo roulette, sur lesquelles les joueurs misent via une interface avant qu’un croupier ne fasse tourner une vraie roulette dont le résultat s’applique ensuite à toutes les bornes un peu sur le modèle des jeux de live casino des casinos en ligne sur internet. Il accueillera également un piano bar et une ou deux salles de séminaire, répartis sur une surface de 2 000 m².

La ville, classée station thermale de tourisme depuis 2014, voit dans ce projet une opportunité d’enrichir son offre de loisirs et de services, tout en générant des revenus fiscaux non négligeables. En effet, les casinos sont des sources de taxes pour l’État et les collectivités locales. La municipalité a également souligné que le casino ne comprendrait pas de salle de spectacle, la ville n’en ayant pas le besoin, mais que le délégataire contribuerait à la politique culturelle locale.

Un projet qui a eu du mal à se concrétiser

Le dossier du casino de Digne-les-Bains, après avoir traversé des périodes d’incertitude et de controverses juridiques, semble désormais avancer sur des bases solides. La ville, qui a surmonté les obstacles liés à des litiges antérieurs, a mis en place une stratégie claire pour la réalisation de ce projet. La délibération municipale a ouvert la voie à une consultation publique et à la recherche d’un délégataire pour la construction et la gestion du casino, avec une attention particulière portée à l’intégration du projet dans le tissu économique et social local. L’administration communale a pris soin de structurer le cahier des charges afin de refléter les aspirations de la ville et de ses habitants,

tout en respectant les contraintes réglementaires spécifiques aux établissements de jeux. Le choix du délégataire se fera sur la base de critères rigoureux, privilégiant un partenaire capable de valoriser les atouts de Digne-les-Bains en tant que station thermale et de contribuer à son essor touristique.

Les travaux, prévus pour démarrer à l’été 2025, marquent une étape déterminante dans la concrétisation du projet. La ville envisage de devenir propriétaire des murs du casino, assurant ainsi un contrôle à long terme sur cette nouvelle infrastructure. Le contrat de délégation de service public prévoit également que le futur gestionnaire s’engage dans la durée, avec une perspective de renouvellement ou de reprise à l’issue du contrat initial.

L’investissement, estimé entre 1,8 et 2 millions d’euros, témoigne de l’ambition de la municipalité de créer un pôle d’attraction majeur, capable de générer des retombées économiques significatives par le biais de taxes de jeux et d’activités annexes. En outre, le projet est conçu pour s’harmoniser avec le paysage local et les infrastructures existantes, en veillant à ce que le casino apporte une valeur ajoutée sans altérer l’identité ou l’équilibre de la ville thermale. Cette initiative n’est pas nouvelle pour Digne-les-Bains. Un ancien casino, situé en face des thermes, avait fermé ses portes dans les années 60, et depuis lors, l’idée d’un nouvel établissement a été régulièrement évoquée. Les commerçants locaux et les habitants semblent partagés mais reconnaissent l’attrait et le potentiel d’un tel projet pour dynamiser la ville et son économie.

En France, la législation a longtemps restreint l’ouverture des casinos aux stations balnéaires, thermales et climatiques, ainsi qu’aux villes touristiques de plus de 500,000 habitants ayant un théâtre municipal et une saison symphonique. Cette réglementation, héritée des lois du XIXe siècle, visait à contrôler l’activité des jeux d’argent tout en soutenant le développement économique des zones touristiques. Les villes d’eaux, avec leurs établissements de cure et de repos, sont devenues des centres de loisirs privilégiés par l’aristocratie et la bourgeoisie, qui y fréquentaient les casinos pour le divertissement et la sociabilité. Ces établissements étaient considérés comme des compléments naturels aux activités thermales, créant une ambiance de détente et de plaisir pour les curistes après les soins de santé. La restriction de l’ouverture des casinos aux villes thermales a donc été une politique délibérée pour canaliser les jeux d’argent dans des environnements contrôlés, tout en profitant de l’afflux de visiteurs à la recherche de bien-être. Ainsi, le projet de Digne-les-Bains s’inscrit dans une longue tradition française qui associe le thermalisme à l’activité ludique et festive des casinos, une tradition qui continue de façonner l’identité et l’économie des villes d’eaux françaises.